Les 9 chances de médaille françaises à Moscou

De l'évidence Lavillenie au pari Djimou en passant par Tamgho ou Vicaut, voici les chances de médaille françaises aux Mondiaux de Moscou. Notre partenaire VO2max.fr en a analysées dix. Dix qui peuvent, si tout sourit, hisser les Bleus à leur niveau rêvé des Mondiaux de 2003 au Stade de France.

Depuis 2003 à Saint-Denis (huit médailles) puis 2005 (sept médailles à Helsinki), le bilan français aux Championnats du monde d'athlétisme se situe à un niveau résolument inférieur, entre deux et quatre podiums (deux médailles d'argent en 2007, deux de bronze en 2009). Le drapeau bleu-blanc-rouge se dressera-t-il sur le stade Loujniki de Moscou ? La barre des quatre médailles en 2009, qui avaient vu éclore la jeune génération des Christophe Lemaitre ou Renaud Lavillenie, va-t-elle être dépassée ? Avec notre partenaire VO2 Max, nous disons dix fois oui.

Depuis 2005 et le titre de Ladji Doucouré sur 110 mètres haies, aucun Tricolore n'est monté sur la plus haute marche du podium. S'il en est un qui peut rompre cette série, c'est bien Renaud Lavillenie. Ultra dominateur cette saison au saut à la perche, le Clermontois domine les bilans mondiaux avec une marque à 6,02 mètres, qui constitue la meilleure performance française réalisée en plein air. Surtout, le perchiste désormais coaché par Philippe d'Encausse est très régulier à des hauteurs proches des six mètres, avec six concours à 5,92 m et au-delà. L'or mondial est le seul titre qui manque à un palmarès déjà impressionnant. Le trio allemand Raphael Holzdeppe (5,91m cette saison), Björn Otto (5,90) et Malte Mohr (5,86) maintient la pression, surtout le deuxième avec son record personnel à 6,01 établi en septembre dernier.

Comment battre Ezekiel Kemboi et ses démarrages foudroyants ? Le steepleur kényan au palmarès inégalé (double champion olympique, double champion du monde, trois fois vice-champion du monde), s'avance comme le favori du 3 000m steeple. Mahiedine Mekhissi, très régulier au très haut niveau depuis son apparition surprise sur le podium olympique à Pékin en 2008, lui disputera le titre planétaire, le seul métal qui manque à son palmarès. Après un 2 000m costaud fin juin (4'6''85, RP) puis un record personnel amélioré sur 1 500 mètres avec un dernier 500 en solo (3'33''12), il avait manqué de fraîcheur… mais quand même battu le record d'Europe du steeple au meeting Areva le 6 juillet (8'00''09). Plus affûté, le Français sera plus qu'un très sérieux adversaire pour les Kényans, que ce soient Ezekiel Kemboi, Conseslus Kipruto, invaincu cette saison et redoutable concurrent, ou Paul Kipsiele Koech.

Yohann Diniz, double champion d'Europe et vice-champion du monde 2007, constitue lui aussi une très bonne chance de médaille, voire de titre sur 50 kilomètres marche. Son chrono de 3h41'07 lors de la Coupe d'Europe de la spécialité en mai en fait le meilleur marcheur mondial cette saison. Mais gare au Russe Sergey Kirdyapkin, double champion du monde 2005 et 2009 et champion olympique à Londres, que l'on n'a pas vu cette saison ou à l'Australien Jared Tallent, alors que les cartons liés à une marche irrégulière peuvent à tout moment modifier la physionomie de course.

Tout le microcosme lui prédisait une course sous les 10'' cette saison. Il a fallu quelques meetings pour casser une barrière que Jimmy Vicaut a allègrement franchie aux France Elite (deux fois 9''95) puis à Monaco (9''99). Dans un sprint mondial décimé par les blessures (le tenant du titre Yohan Blake) et les affaires de dopage (notamment le principal concurrent d'Usain Bolt, Tyson Gay), Jimmy Vicaut a une très belle carte à jouer sur 100 mètres, avec le cinquième temps des engagés. Encore junior et finaliste mondial à seulement 19 ans en 2009 (6e), l'élève de Guy Ontanon pourrait bien s'immiscer sur le podium d'un 100 mètres promis à Usain Bolt. Nesta Carter (9''87), Justin Gatlin (9''89), à son meilleur niveau après quatre ans de suspension pour dopage et l'Anglais James Dasaolu (9''91, mais confirmera-t-il en grand championnat ?) seront les principaux adversaires à suivre pour Jimmy Vicaut.

Christophe Lemaitre est (pour l'instant) en retrait cette saison. Médaillé de bronze mondial en 2011 à Daegu – record de France à la clé - il n'a justement pas recouru sur ces chronos là depuis. Il paraît trop juste sur 100 mètres, mais sur le demi-tour de piste, pourquoi pas ? N'oublions pas son finish tonitruant à Rabat sur 100 m (9''98 trop ventés) et attention à ne pas enterrer trop vite l'Aixois. Cela dit, même en enlevant Tyson Gay, il lui faudra courir sur les bases de son record de France pour espérer un podium.

Au triple saut, Teddy Tamgho a montré, sortie après sortie, qu'il était de nouveau à son plus haut niveau après une longue blessure. Ses 17,47 mètres le placent au troisième rang mondial derrière le Cubain Pedro Pichardo (17,69) et l'Américain Christian Taylor (17,66), champion du monde en titre et champion olympique à Londres. Mais Teddy Tamgho a mordu plusieurs sauts aux alentours des 18 mètres au mois de juillet. Blessé et absent aux JO l'an passé, il sera à coup sûr transcendé par l'évènement et visera le titre.

Pierre-Ambroise Bosse, "PAB" pour ceux qui l'ont déjà découvert, peut-il le faire ? Pas grand monde ne l'attendait à un tel niveau cette année sur 800 mètres. Et surtout une telle régularité. 1'44''77 à Doha en guise de rentrée, puis 1'43''91 à Rome, suivi d'1'44''89 à Hengelo deux jours plus tard afin de simuler l'enchaînement des courses aux Mondiaux. Petit accroc aux Europe par équipes à Gateshead (4e en 1'47''56) puis le Guyanais a remis les gaz : champion d'Europe espoir à Tampere avant de nouveau améliorer son record personnel à Monaco (1'43''76). Cinquième performer mondial, on le prendra forcément à songer à un podium. Attention néanmoins à l'écueil des demi-finales, très difficiles à négocier, puisque les deux premiers des trois demies iront en finale plus les deux meilleurs temps. Toujours est-il qu'avec la blessure de David Rudisha, tout semble ouvert sur la distance entre Mohammed Aman, Ayanleh Souleiman qui double avec le 1 500m, les Américains Duane Solomon, Nicky Symmonds et Brandon Johnson, l'Espagnol Kevin Lopez ou encore le très bon finisseur polonais Marcin Lewandowski. Bouabdellah Tahri, il compte profiter de son solide foncier pour mieux encaisser les tours que ses adversaires et tout donner ensuite en finale. Même si le Messin croit fort en ses capacités, un podium demeure assez compliqué à aller chercher.

Championne d'Europe cet hiver en salle, Antoinette Nana Djimou aura son mot à dire à l'heptathlon et pourrait monter sur son premier podium planétaire, a fortiori avec le forfait de Jessica Ennis.

Au rayon des bonnes surprises, Yoann Rapinier au triple saut après ses 17,45 m de Charléty, le très talentueux Kevin Mayer au décathlon ou Pascal Martinot-Lagarde sur 110 mètres haies avec 13''12 au meeting de Paris - Saint-Denis, bien que le retour d'une pubalgie et une lombalgie naissante aient perturbé sa fin de préparation, peuvent nourrir quelques ambitions, alors que le relais 4x100 mètres, deuxième à Daegu il y a deux ans, aura un bon coup à jouer. Biron, Lemaitre, Rémy, Vicaut devraient constituer le quatuor masculin français.