Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

En signant aux Warriors, Kevin Durant a fait son choix : il sera le joueur le plus détesté de la NBA

Alain Mattei

Mis à jour 05/07/2016 à 14:24 GMT+2

NBA - En décidant de rejoindre les Golden State Warriors, Kevin Durant a provoqué une énorme secousse dans le monde du basket américain. Sur le plan personnel, il a fait voler en éclats sa cote de popularité. Décryptage de tous les aspects d'une signature historique.

Kevin Durant

Crédit: AFP

La nature a horreur du vide. Même en NBA. Il y a quelques jours, LeBron James a retrouvé le respect du monde du basket en arrachant le titre avec ses Cavaliers. Cette victoire folle a, en partie, fait oublier son départ pour Miami en 2010. Le trône du méchant s’est retrouvé libre. Tout le monde était heureux.
Lundi, Kevin Durant a fait mieux que James avec The Decision. Ou pire. Ce qui est sûr, c’est qu’en choisissant de signer avec les Warriors, il a immédiatement récupéré le titre de joueur le plus détesté de la ligue. Le feuilleton NBA s’est retrouvé un "bad guy".

Toujours plus facile

En 2010, James s’était fait beaucoup d’ennemis en quittant sa franchise et sa ville natale pour unir ses forces à celles de Dwyane Wade et Chris Bosh à Miami. Mais derrière l’annonce, il y avait tout de même du travail. Le collectif était à construire. Le coach n’était pas indiscutable. Joel Anthony et Carlos Arroyo étaient les deux autres titulaires pour le premier match de la saison. Le Heat était sorti au premier tour des playoffs quelques semaines plus tôt. Il y avait un énorme potentiel, mais rien n’était assuré. Ce sont aussi la mise en scène et les pronostics optimistes de James ("not one, not two...") qui avaient mis le feu aux poudres.
La situation de Durant est totalement différente. Les Warriors ont gagné 73 rencontres en 2015-16, Stephen Curry est double MVP en titre, Klay Thompson et Draymond Green sont également dans le Top 15 de la ligue, et ils disposent du coach de l’année en titre. Le pire ? Le 30 mai, le Thunder de Durant menait de six points à la mi-temps du septième match de la finale de conférence Ouest face à Golden State. OKC était aux portes d’un énorme exploit. L’annonce de lundi sonne comme une capitulation.
Sur le papier, oui, Kevin Durant a fait le choix de la facilité. Encore plus que James. Au passage, son tweet de l’été 2010, lui revient en pleine figure.
Alors maintenant tout le monde veut jouer pour le Heat et les Lakers ? Soyons plutôt compétitifs et essayons de battre ces gars !

Méchant malgré lui

La nouvelle star des Warriors n’a pas envie d’endosser le rôle du méchant. Il suffit de lire la lettre qui annonce sa décision pour s’en rendre compte. Sur les cinq paragraphes, quatre servent à expliquer à quel point la décision a été difficile ou à remercier Oklahoma City.
Cela me fait du mal de savoir que je vais décevoir beaucoup de gens avec ce choix, mais je pense que je fait ce qui est le mieux pour moi à ce moment de ma vie et de ma carrière.
À aucun moment Durant ne parle du futur, des perspectives folles pour son avenir en Californie. Il semble avant tout s’excuser. Il sait ce qui l’attend. Malgré toutes les précautions du monde, il ne pourra pas l’éviter.
Au fil des années, Durant est devenu de plus en plus méfiant avec la presse. Toujours souriant à ses débuts, il était parfois très sec ces deux dernières saisons, étant aussi devenu l'objet de critiques plus nombreuses et d'une remise en question de son statut de franchise player, alors que Russell Westbrook - et ses statistiques de jeu vidéo - donnait parfois l'impression d'être le vrai patron à bord.
Peut-être qu’il encaissera sans broncher les sifflets et les critiques qui vont pleuvoir sur lui. Sinon, il peut passer un coup de fil à LeBron James pour quelques conseils. En 2010, le King avait semblé mal à l’aise dans le costume du méchant. Au bout d’une saison tendue, il avait réussi à retrouver le sourire, et cela lui avait plutôt réussi (quatre finales NBA et deux titres).

La NBA en échec, les joueurs fâchés

Difficile d’en sortir, mais l’histoire de Durant est liée à celle de James en 2010. Après la formation du Big Three de Miami, la NBA avait tenté de limiter la formation de “super équipes” avec la nouvelle convention collective adoptée en 2011. Raté. L’explosion des droits TV a fait voler ce rêve de parité en morceaux. Avec une masse salariale plus large que jamais, mais aussi et surtout une reconstruction parfaitement gérée lors de la draft, les dirigeants des Warriors ont réussi à mettre sur pied l’équipe la plus terrifiante du XXIe siècle.
En réalité, il est difficile de dire si la direction de la NBA est vraiment triste de cette nouvelle. Les Warriors vont probablement générer des audiences énormes avec cette équipe folle. En tout cas, certains joueurs sont fâchés. Sur Twitter, les réactions ont été très claires. Evan Fournier a réussi à faire passer le message avec beaucoup d’humour.
Le Nuggets Jusuf Nurkic a été plus direct.
Quelqu’un te bat ! Et tu le rejoins… ? Les superstars ne font pas ça.
Inutile de dire que tous les nostalgiques du basket old school sont debout sur une table en train de hurler, quitte à oublier que les Celtics ou Lakers des années 80 comptaient plusieurs Hall of Famers dans leurs rangs.

Les bagues avant tout

Kevin Durant a-t-il vraiment eu tort de filer à Golden State ? Sur le plan moral, l’histoire n’est pas très chevaleresque. Sur le plan sportif, difficile de faire mieux. Comme James à Miami, Durant a choisi ce qu’il pouvait trouver de plus compétitif, car il veut gagner des titres. Si sa décision a choqué, il y aussi le potentiel pour quelque chose d’incroyable. Ces Warriors ont été construits en toute légalité, ils ont joué leur carte à fond. Maintenant, ils peuvent construire une dynastie.
Que dira-t-on de Durant s’il remporte cinq titres en Californie ? Six titres ? S’il porte l’équipe pendant quelques séries décisives ? Sera-t-il toujours celui qui a pris la mauvaise décision ? Sera-t-il finalement un grand du basket ?
L’annonce de lundi n’était que le début de l’histoire. Il va falloir attendre quelques années pour juger. Pour le moment, Durant devient le méchant. Il va devoir s’y faire. Mais la suite reste à écrire. Il est toujours possible de changer le cours de l'histoire, surtout avec quelques bagues. LeBron James, parce qu’on en revient toujours à lui, l’a montré il y a quelques semaines.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité