Nancy regarde enfin devant

Une page se tourne. Et Nancy s'en frotte les mains. Malgré une régularité exceptionnelle, le SLUC avait une terrible étiquette collée sur le dos : celle de loser. De magnifiques losers comme les avaient surnommé certains journalistes. La faute à un mauvais sort qui s'acharnait. La faute à trois revers de rang à Bercy. Et finalement, le SLUC, l'équipe la plus régulière du championnat de France de ces cinq dernières années, a trouvé le moyen de rompre le signe indien pour s'offrir un premier trophée de champion de France contre Roanne. "On avait une mission depuis le début de la saison: revenir à Bercy et gagner. On l'a fait", a résumé l'ailier du Sluc, Ricardo Greer.

Une délivrance exceptionnelle. Une belle consécration surtout pour un club qui a su évoluer tranquillement et murir malgré les difficultés rencontrées. Conclusion : plus que l'euphorie, c'est un sentiment de soulagement et de douce revanche qui prédominait dans le camp lorrain. "Gagner aujourd'hui nous permet de valider le travail fait depuis quatre ans, explique Jean-Luc Monschau, l'entraineur présent lors des quatre épisodes très ému. On affiche une constance qui est énorme. La force de persévérer, la ténacité font aussi partie des qualités qu'on doit trouver chez un sportif, quelques soient les difficultés qu'on traverse. Mon père m'a appris que c'est dans la déception qu'on doit trouver les forces pour l'avenir. Je n'ai jamais abdiqué."

Et à Christian Fra, président de Nancy qui a toujours soutenu son coach, de confirmer : "Il y a quatre ans, lors de la Semaine des As, on était la petite équipe de Nancy. Il y a encore quelques heures, on nous traitait de magnifiques losers. On a prouvé que ce n'était pas ça." Victor Samnick, un des hommes du match (16 points, 10 rebonds) aux côtés de Jeff Greer, savoure aussi cette petite revanche : "On nous avait qualifiés de perdants, je pense que ça nous a motivés. Gagner pour l'équipe, la famille, la ville, ça nous a transcendés".

Le but ultime enfin atteint, il faudra maintenant réussir à confirmer et à évoluer en se nourrissant d'autres ambitions. Et là, une nouvelle aventure commence encore pour Nancy. Après avoir su repartir de zéro l'été dernier à la suite du troisième échec qui marquait la fin d'un cycle, le camp lorrain va découvrir pour la première fois l'Euroligue, la plus prestigieuse des compétitions continentales, aux côtés du Mans. C'est un rêve qui devient réalité. "Roanne a fait honneur au basket français en Euroligue, ce sera de notre responsabilité de faire aussi bien l'année prochaine" , se réjouit Monschau.

L'entraîneur lorrain va devoir avoir du nez. Comme la saison passée où il avait recruté les frères Greer et Mike Bauer pour pouvoir faire honneur à la France. Mais le président Christian Fra est optimiste : "Vu le spectacle offert à nos partenaires aujourd'hui, on n'aura, je pense, pas trop de mal à les convaincre de faire en sorte que l'équipe soit plus forte la saison prochaine". Une page se tourne...