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Lamy-Chappuis vous répond

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 29/03/2012 à 15:12 GMT+2

Jason Lamy-Chappuis a répondu à vos questions après sa visite dans nos locaux, dimanche. Le vainqueur de la Coupe du monde de combiné nordique vous rassure sur une chose : les succès ne l'ont pas grisé. Et les lacunes de cette saison en saut seront corrigées par du rab à l'entraînement !

NORDIC COMBINED 2011 Jason Lamy-Chappuis

Crédit: AFP

allezlesverts2004@yahoo.fr : Est ce que, comme Martin, tu es tenté par une participation à une Coupe du monde dans une de tes spécialités (Saut ou ski de fond)?
Je serais plus tenté par le saut, j'ai plus le niveau. C'est plus facile de passer du combiné au saut que du combiné au ski de fond. Le saut ou le vol à ski, ça me plairait bien. Mais plus à moyen terme que pour la saison prochaine. Ce sera uniquement si ça ne gêne pas ma préparation pour le combiné.
mede33: A votre avis, pour un skieur de fond, est-il plus facile de se mettre au biathlon ou au combiné nordique ?
Au biathlon. Le saut s'apprend jeune. J'ai commencé à sept ans. Au-delà de treize, quatorze ans, une peur ou un blocage peuvent s'installer, peur qu'il n'y a pas quand on est un peu plus jeune. L'acquisition des bases techniques du saut se fait assez tôt. Le tir, je ne dis pas que c'est plus facile, mais qu'on peut progresser plus tard. Je pense que si on n'a pas certaines bases dans les petites catégories, on a du mal à se lancer sur le tremplin supérieur. J'ai rarement vu des sauteurs commencer tard. J'en discutais récemment avec Sophie Boilley. Elle a commencé le ski de fond en troisième.
Le Maudit : A quel âge as-tu commencé le combiné ? Et pourquoi ce sport et pas un autre ? J'aimerais vraiment en savoir plus sur ton parcours.
A la base je faisais du ski alpin, mes parents étant moniteurs. Et un jour, j'étais en CE1, un copain du ski club me dit : tu aimerais essayer le saut à ski ? Moi : 'C'est quoi le saut à ski?'. Moi qui aimais bien faire des petits sauts sur les pistes d'alpin, ça m'a tout de suite plu. Je pense qu'il faut habiter à côté d'un tremplin pour s'y mettre. Les ski clubs font ça assez bien : permettre aux enfants d'essayer toutes les disciplines. J'ai tout de suite accroché à ce mélange de peur et d'envie qu'on a en haut du tremplin. Quant au passage au combiné, on avait souvent soit un cross l'été soit des courses de ski de fond. J'en faisais, en coupe du Jura, et ça marchait bien. Je n'ai pas voulu lâcher l'un ou l'autre. Passer professionnel, c'était autre chose. Devenir champion du monde n'était pas un objectif en soi. C'était un jeu, je me rendis compte que ça marchait bien, je me suis mis à m'entraîner davantage. Le déclic est venu en 2002-2003, avec le Festival olympique de la jeunesse européenne en Slovénie, je ne m'étais jamais trop frotté à des étrangers. Contre des Norvégiens, Finlandais, et d'autres, je gagne en individuel et on fait une médaille par équipes. C'est là que je me rends compte que je peux aller en Coupe du monde et faire une carrière.
neftys06 : Comment vivez vous, Martin Fourcade et toi, le fait que vos deux sports soient vraiment très peu médiatisés en France alors que vous méritez bien plus de reconnaissance?
Je pense que ça évolue. Depuis le titre olympique, ça va mieux. Le top serait qu'une chaîne de service public par exemple retransmette les compétitions au même titre que les matches de foot oui de rugby, mais je n'ai pas de frustration particulière, sinon pour mes copains. Par exemple Sébastien Lacroix a fait quatrième à Chaux-Neuve, en Coupe du monde, la meilleure performance de sa vie, et les gens parlent de ma 25e place. C'est ça qui est frustrant avec les "petits sports", c'est ce qu'il faut être champion du monde ou champion olympique pour avoir de la reconnaissance. Tu n'as rien si tu es quinzième mondial. Il y a quelques années, Seb Lacroix n'était même pas au smic. Sinon, au quotidien, ce que j'adore, c'est les yeux des enfants qui pétillent quand on leur donne une photo dédicacée. On est assez fier quand on nous félicite. J'habite un village de 1500 habitants, donc c'est clair que ça dure parfois plus longtemps que prévu pour aller chercher le pain. En pleine saison, on est parfois obligé de dire 'je suis pressé, je dois y aller'. Mais ça se gère.
chris0773 : Cette année, on a vu que tu avais augmenté ton niveau en fond, grâce à une préparation plus spécifique à l’intersaison selon ce qui a été dit durant cet hiver, mais inévitablement, un peu au détriment du saut. Alors, quel type de préparation allez-vous privilégier cette année ?
Je pense qu'on est sur la bonne voie pour la partie ski de fond. Je gagne 45 secondes par rapport à la saison dernière, ce n'est pas négligeable et je dois rester dans cette voie. C'est un peu au détriment du saut. On a vu quelques points faibles qui sont ressortis, dans mes sensations, la visualisation, qu'on avait plus laissé de côté pour le ski de fond. Je vais faire des exercices pour retrouver les sensations au tremplin. Concrètement, ça veut dire plus de temps à l'entraînement, car je n'ai pas envie de rebaisser l'entraînement en ski de fond. Chaque année, on a l'impression d'un crescendo sur les deux disciplines, mais plus on avance dans la carrière et plus on peut encaisser les heures d'entraînement.
Plus personnellement, vas-tu chercher à retrouver tes bonnes sensations sur le tremplin, un peu perdues en fin de saison, ou était-ce simplement de la fatigue ?
C'était la fatigue physique à la base. Du coup, j'ai eu moins de sensations, du coup moins de timing, du coup une position en l'air un peu moins bonne. C'est un engrenage. Mentalement je gambergeais plus , je voyais Watabe de plus en plus fort, et ça m'a mis dans une spirale négative. Je me suis repris à la dernière compétition : 'Arrête de trop penser, tu t'enfonces tout seul, fais comme d'habitude, tu sais sauter, tu sais skier...". Et là, j'ai senti que ça revenait. Une bonne leçon.
Maki75 : Est-ce que quand on a tout pratiquement tout gagné, n'est-il pas difficile de conserver un degré de motivation élevé ?
Le moteur mental fait beaucoup dans la qualité de l'entraînement. Il faut trouver ses propres motivations, se recentrer : de quoi ai-je envie dans la vie ? Me faire plaisir ? Viser tel objectif sportif ? Moi c'est le titre olympique qui me stimule, l'ambiance des JO, ce mélange de peur et de motivation qu'il y a dans les grands événements. Et je ne veux pas de routine à l'entraînement, je veux de nouveaux exercices, chercher dans certains domaines, quitte à privilégier l'aspect ludique. C'est ça qui nous rend fort dans les grands moments : on peut gagner ou perdre, mais on garde à l'esprit que c'est un jeu.
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