Giro 2024 - Tim Merlier remporte la 3e étape, Tadej Pogacar reste en rose

Après un week-end d'ouverture explosif qui a vu la prise de pouvoir attendue de Tadej Pogacar (UAE Emirates), encore passé à l'attaque lors de la 3e étape (!), le Giro offrait ce lundi une première opportunité aux sprinteurs de s'exprimer sur les 166 kilomètres de plaine au départ de Novara. Les grosses cuisses ont bien eu le dernier mot ... mais au bout d'un scénario absolument loufoque puisqu'ils ont d'abord piégé le peloton en se glissant dans une échappée ! Si ce groupe improbable de 24 hommes a fini par être repris, c'est bien un sprinteur qui s'est imposé à Fossano, Tim Merlier (Soudal-Quick Step) ayant devancé d'une demi-roue Jonathan Milan (Lidl-Trek).

Parlons d'abord du final époilant, et de cette troisième attaque en trois jours de Pogacar. Le Slovène s'est glissé dans la roue de Mikkel Honoré (EF Education-Easy-Post), à 3km de l'arrivée, qui fut le seul à tenter sa chance dans une bosse non-répertoriée (1,8km à 4,2%). Geraint Thomas (INEOS Grenadiers) a fait la jonction, et les deux premiers du général ont uni leurs forces pour tenter de résister au retour du peloton, alors que Honoré rendit les armes, concassé sur le plat par le rythme des deux hommes forts du Giro.

Le Britannique, aussi, semblait au bord de l'apoplexie, si bien que seul Pogacar assurait le rythme dans le dernier kilomètre. Le Slovène a lancé le sprint de loin. Mais les sprinteurs ont fini par avaler les deux cadors à 200 mètres de la ligne, Merlier déboulant le premier pour signer sa 2e victoire d'étape sur le Giro, trois ans après la première, qui s'était d'ailleurs terminée… à Novara, théâtre du départ ce lundi.

La première partie de l'étape fut d'un calme absolu. On n'y a vu aucune tentative d'échappée. Et même l'attaquounette de Lilian Calmejane (Intermarché-Wanty), suivi de Davide Ballerini (Astana), n'en était pas vraiment une. L'Albigeois voulait simplement anticiper la côte de Lu (4e catégorie), l'unique difficulté du jour, située au km 59, pour s'offrir un petit biscuit, soit trois points au classement de la montagne. Repus, les deux hommes se sont relevés après la bosse, l'un après l'autre.

L'ennui était aussi considérable que justifié après les deux premières bastons, samedi et dimanche, qui ont ouvert magistralement ce Tour d'Italie. Et ce sont les acteurs qui avaient le moins intérêt à en sortir qui ont fini par sonner le clairon. Le premier sprint intermédiaire, à 87 km de l'arrivée, a vu un groupe de 24 hommes se détacher légèrement. Rien d'anormal ici. Sauf que le porteur du maillot cyclamen, Filippo Fiorelli (VF Group-Bardiani CSF-Faizanè), a voulu poursuivre l'effort. Et que l'Italien a réussi la prouesse de convaincre les autres de le suivre dans sa folie.

C'est ainsi qu'une tripotée de grands sprinteurs - Ewan, Groves, Kooij, Milan, Van Poppel, Merlier, Andresen, Girmay … - ainsi que les Français Laporte, Thomas et Petit, ont animé cette échappée improbable qui, forcément, a semé un vent de panique dans le peloton. Non-représentées à l'avant, les formations Movistar, Polti Kometa et Bahrain-Victorious ont collaboré alors que l'écart a culminé à 1'40". Et sous l'effet du vent, le peloton s'est morcelé en trois, piégeant notamment Cian Uijtdebroeks et Esteban Chaves. Mais tout a fini par rentrer dans l'ordre, le peloton se reformant d'abord avant que l'échappée ne soit revue, à 43 km du but.

Au dernier sprint intermédiaire, à 22 km du but, Pogacar (2e derrière Ben Swift) s'est vu offrir deux secondes de bonifications par le peloton, tandis que Geraint Thomas (3e) n'a pas non plus forcé son talent pour en grappiller une, la preuve d'une certaine résignation dans les rangs des cadors. Au général, le Slovène possède désormais 46'" d'avance sur le Britannique et 47" sur Daniel Felipe Martinez. Mardi, un petit capo se situe juste avant l'arrivée de la 4e étape. De quoi inspirer à nouveau, on peut l'imaginer, le glouton à la mèche rebelle.