Laurent Jalabert, drôle de défense

Laurent Jalabert, qui a été rattrapé par la patrouille lundi, a une manière étonnante de se défendre. Il l’avait inaugurée devant le Sénat lors de son audition.

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Crédit: Eurosport

Alain Néri, membre de la commission d’enquête sénatoriale sur la lutte contre le dopage, a jugé que Laurent Jalabert, accusé d’avoir pris de l’EPO lors du Tour de France 1998, avait "parjuré" lors de son audition le 15 mai dernier. "Il avait l'occasion de dire la vérité devant la commission. Je regrette qu'il ne l'ait pas dit", a confié le sénateur mardi sur Europe 1.
Lorsque Laurent Jalabert a répondu aux questions de Jean-François Humbert, président de la commission d’enquête, et de ses acolytes, l’ancien numéro 1 mondial a certes juré, main droite levée, de dire toute de la vérité et rien que la vérité. Pour autant, parce que le parjure n’existe pas dans le droit français, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France ne peut être accusé d’un tel délit.
En revanche, cette affaire Jalabert, ainsi que l’intervention du sénateur Néri, nous a poussés à ressortir des archives l’intervention de Laurent Jalabert devant la Commission d'enquête sur la lutte contre le dopage. A l’image de sa ligne de défense depuis lundi soir, l’ancien coureur semble dans le déni permanent.  Durant une petite heure, sa prestation du 15 mai dernier avait bien plus ressemblé à un jeu de "ni oui, ni non" durant lequel le Français avait passé son temps à se défausser et minimiser ses plus grands exploits, comme pour éloigner la suspicion. Morceaux choisis.
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Wird nicht als Experte arbeiten: Laurent Jalabert

Crédit: SID

Son rapport au dopage
"On a été soigné. Parfois, il a fallu faire face à des situations où il fallait traiter des problèmes alors qu’on était en compétition et cela demandait de requérir à un produit interdit à condition d’avoir une autorisation médicale. (…) A aucun moment, je n’ai cherché à rencontrer des médecins, à rencontrer qui que ce soit pour essayer d’améliorer mes performances ou participer à la course à l’armement. Je n’ai jamais dépensé un euro, ou plutôt un franc à l’époque, pour voir des médecins acheter des produits interdits. Ce n’était pas dans ma culture ni dans mon envie mais il est vrai que j’étais dans des équipes… Nous étions soignés, de quelle manière ? Aujourd’hui, est-ce que je peux dire que c’était de façon illégale ? Je n’en ai pas la certitude. Pas plus que j’ai la certitude que c’était de façon vraiment légale."
"Chez la Once, après les étapes, le médecin passait. Il nous faisait un soin, une récupération  et on n’avait pas vraiment la connaissance de ce dont il s’agissait. Est-ce que j’ai été trompé ou pas ? Je ne crois pas. Vous me direz que les contrôles sont faciles à déjouer mais j’ai passé de nombreux contrôlés, à aucun moment, je n’ai été tendu, stressé ou inquiet. (…) Je ne me suis jamais soustrait à un contrôle."
"On était soigné, je n’ai jamais dit le contraire. Est-ce qu’on était dopé ? Je crois que non."
"Le docteur que nous avions chez Once, son surnom c’était le docteur Citroën, en référence justement à la façon dont il nous présentait l’aspect médical. C’était connu dans le peloton les potions du docteur Ferrari."
"Il y a une relation de confiance qui s’installe. Les questions, je ne les posais pas. Quand le Tour de 1998 a connu tous ces dénouements, on a été perquisitionné comme d’autres. (…) J’ai passé trois ou quatre heures avec un commissaire qui voulait me faire avouer que j’étais un tricheur. Il n’en est rien ressorti de tout ça. Je ne peux pas avouer et dire avec fermeté que je n’ai rien pris d’illicite. Il y a eu des moments où je savais que des corticoïdes m’ont été administrés avec une autorisation thérapeutique."
Ses accomplissements
"Depuis tout jeune, j’ai fait partie des meilleurs de ma catégorie (…). J’étais un athlète plein de qualités, j’étais un puncheur. (…) J’ai eu une progression régulière et sur le Tour de France, je n’ai fait qu’une seule fois un Top 10. J’ai terminé une fois quatrième et, si vous en avez le souvenir, c’était au terme d’une échappée, comme ça arrive rarement, de 200 kilomètres. Comme quand on gagne au loto."
"Après le Tour 95, je me suis mis à rêver de gagner le Tour de France. Dès la première étape de montagne dans le Tour 96, j’ai pris un éclat. A aucun moment, je n’ai souhaité participer à la course à l’armement. (…) Ça ne m’intéressait pas."
"J’ai gagné le Tour d’Espagne, c’est vrai. C’est une épreuve de trois semaines mais ce n’est pas pareil que le Tour de France. (…) Ce Tour d’Espagne-là, je l’ai gagné parce que nous avions une équipe forte. Il s’est présenté une situation un peu comme à Mende en 1995. Je me suis retrouvé leader très tôt dans la course et la course a été verrouillée. J’ai eu les pires difficultés lors de la dernière semaine. Mais ça ne s’est pas vu parce que le cyclisme, c’est aussi ça : il faut cacher ses faiblesses. Le second, c’était Olano. Le troisième, Mauri. Bjarne Riis avait même abandonné. Ce n’était pas le Tour de France. Pas le même engagement physique. On était en septembre. (…) Il y a des périodes de l’année où j’ai mieux performé qu’à d’autres." 
L'après-Festina
"Après l’affaire Festina, un certain nombre de réglementations ont changé. Les injections ont été interdites en France. J’ai refusé des injections quand on m’en a proposées."
"Je fais partie de ceux qui ont voulu changer en essayant de faire évoluer le sport dans la bonne direction et ça ne m’a pas empêché d’avoir des résultats probants dans mes deux derniers Tours de France. Ça a presque été les meilleurs."
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