Vinokourov aurait acheté sa victoire contre 150.000 euros, l’UCI ouvre une enquête

La planète vélo ne cesse de trembler. Après l'affaire Armstrong, c'est au tour d’Alexandr Vinokourov de faire parler de lui. Pour rappel, en 2010, le Kazakh s'était imposé à Liège en devançant de six secondes son compagnon d'échappée, Alexandr Kolobnev, à qui il aurait proposé 150 000 euros pour le laisser gagner. Mais d'où partent de telles accusations?

Dès le lendemain de la course, l'hebdomadaire suisse l'Illustré avait révélé cet acte de corruption. Le magazine s’était appuyé sur un échange de mails entre les deux cyclistes. Le premier d’entre eux, daté du 26 avril 2010 (le lendemain de la course), est envoyé par Kolobnev à Vino. Il y écrit : "Tu te rappelles bien, j'avais une excellente possibilité... Je ne sais pas si j'ai bien fait.Je ne l'ai pas fait pour le contrat mais par respect pour toi et pour la situation dans laquelle tu te trouvais.Même ma femme n'est pas déçue que je sois arrivé deuxième car c'était pour toi. S'il y avait eu quelqu'un d'autre à ta place, j'aurais couru pour la victoire. J'étais vraiment très en forme. . Maintenant j'attends patiemment. Mes données, transfèreles quelque part et efface l'email, je n'ai toujours pas l'argent." A la fin du message, figurent les coordonnées bancaires du coureur russe.

L'échange ne s'est pas arrêté pas là. Vinokourov répond deux semaines plus tard, le 8 mai, en écrivant: "Salut Kolobok (surnom de Kolobnev), excuse-moi si je ne t'ai pas répondu rapidement. Ne te préoccupe pas, tu as bien fait... Pour l'accord, ne t'inquiète pas, je ferai ce qu'il faut. Tu vas attendre un peu. Bon repos, Vin" (surnom de Vinokourov). Ce sont les éléments suivants qui vont apporter à l'affaire toute sa crédibilité. Selon les mouvements bancaires transmis par le procureur de Neuchâtel au Parquet de Padoue, un chèque de 100 000 euros (le 12 juillet 2010) et un autre de 50 000 euros (le 28 décembre) ont transité d'un compte de Vinokourov au Crédit foncier de Monaco (où il réside) vers celui de la BSI de Locarno appartenant à Kolobnev.

Mais l'Italie ne pouvait  pas intervenir sur l'affaire car la fraude a été commise entre la Belgique et la Suisse. La justice transalpine a donc contacté l'UCI et la justice belge pour qu'elles s'emparent de ces nouveaux faits. L'UCI, qui avait déjà été prévenue l'été dernier, mais qui, faute de preuves n'avait pu s'intéresser à cette affaire, est revenue sur sa décision. Face aux nouveaux éléments, l'institution internationale a décidé d'ouvrir une enquête.