Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Madiot: "Le temps nous donne raison"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 25/10/2012 à 11:22 GMT+2

Marc Madiot ne mâche jamais ses mots. Encore moins quand il parle de dopage. Déterminé mais vigilant, le patron de la formation FDJ croit en l'avenir. Celui de son équipe et de son sport. Entretien décapant.

Eurosport

Crédit: Eurosport

Comment avez-vous vécu les derniers soubresauts qui ont touché le cyclisme récemment?
M.M. : (Il sourit). Bien. Bien. Moi, je regarde. J'attends. Il y a encore quelques épisodes à venir. Il faut aller au bout de ces épisodes là. A tout prix.
Vous parlez des affaires Padoue et Puerto?
M.M. : Oui, oui, oui. Et je vous garantis qu'il faut absolument aller au bout. Un moment donné, peut-être que le cyclisme n'est pas allé au bout de tout. C'est pour cette raison qu'il faut absolument, cette fois, faire la lumière sur ces affaires de Padoue et Puerto.
Sauf que la justice ne va pas aussi vite que Marc Madiot...
M.M. : La justice d'accord. Mais on peut peut-être commencer à démêler la pelote à Padoue, non? Savoir ce qu'il y a dans le truc. Or à Padoue, ce n'est pas le passé que l'on va traiter, comme avec Armstrong. Il y a pas mal de gars encore dans le circuit. On ne parle pas de gars à la retraite. Alors, allons au bout de cette histoire-là. Sinon, je suis persuadé que, dans deux ou trois ans, ça repartira de plus belle.
Comment le cyclisme peut-il retrouver de la crédibilité?
M.M. : Il faut que ce soit transparent, que ce soit clair et net. Que les gens acceptent les règles qui sont en place. Si déjà on fait ça...
Qui a le pouvoir de changer les choses?
M.M. : Mais nous, les équipes, déjà. On a commencé à le faire avec le MPCC. A Londres, en 2007, nous n'étions pas très nombreux. Certains nous ont quittés en route. Comme Rabobank, qui quitte définitivement la route. Mais d'autres nous rejoignent, comme le Lotto belge. C'est plutôt bon signe. Ça ne va pas forcément très vite, ça pourrait aller plus rapidement, mais je crois en l'avenir. On y arrivera. On doit être une douzaine d'équipes aujourd'hui.
Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible), auquel Christian Prudhomme a rendu hommage mercredi, peut-il être garant de l'avenir de ce nouveau cyclisme?
M.M. : Tout le monde doit être garant de l'avenir. Pas seulement le MPCC, même si on va y participer modestement. L'UCI a un rôle à jouer. ASO a aussi un rôle majeur à jouer. Vous les médias, vous avez aussi un rôle important à jouer.
Vous parliez d'ASO. Quel rôle peuvent-jouez les organisateurs? Aujourd'hui, il y a le World Tour, des équipes sont automatiquement sélectionnées pour les grandes courses... 
M.M. : Le World Tour, c'est une chose. Après, je pense que les organisateurs des grandes courses ont les moyens de dire: "Nous, il y a des choses qui ne nous plaisent pas, nous allons mettre les pieds dans le plat." Ils peuvent choisir qui ils invitent.
Qui doit avoir la responsabilité de la lutte antidopage? L'UCI? Les agences?
M.M. : Les deux.
Mais lorsque l'AFLD avait seule la responsabilité des contrôles sur le Tour en 2008, on a le sentiment que beaucoup plus d'affaires sont sorties...
M.M. : Je ne sais pas, c'est peut-être une coïncidence aussi. Les deux doivent jouer leur rôle. Je ne pense pas que l'UCI ait intérêt à ce que le dopage se propage dans le cyclisme. Il faut arrêter de tout noircir au niveau de l'UCI.
Mais ce système n'a pas vraiment fonctionné jusqu'ici. L'UCI peut-elle être juge et partie? Certains souhaitent que les contrôles et les sanctions éventuelles soient du ressort d'un organisme indépendant.
M.M. : On va encore rajouter une usine à gaz à ce qui existe déjà? Si tout le monde pense que c'est la solution, O.K., pas de problème, on fera ça. Mais je ne suis pas convaincu. Essayons déjà de faire mieux ce que nous faisons aujourd'hui. Ce serait simplement déplacer le problème à mon avis.
Voyez-vous encore l'ombre d'Hein Verbuggen sur le cyclisme d'aujourd'hui?
M.M. : Il faut arrêter aussi avec Verbruggen. Il était président de l'UCI, mais ce n'est pas lui qui a dit à Armstrong et aux autres de se doper. Evitons les raccourcis au bout d'un moment.
Que faut-il faire des coureurs qui ont été contrôlés positifs. Certaines équipes refusent d'engager des coureurs qui ont été suspendus. Quelle est votre position?
M.M. : Tout dépend comment et pourquoi un coureur a été condamné. Puis je suis aussi très attentif, quelque soit la nature de la suspension, au discours que tient le coureur quand il revient. Vraiment. Un type comme Millar, par exemple, aujourd'hui, s'il me disait 'j'ai envie de venir chez toi', je lui dirais 'oui, tu peux venir'. Je ne dirais pas ça à tout le monde. L'aveu, c'est une chose. Je ne parle pas que de ça. Je parle du discours global tenu par le coureur.
Et que vous inspirent les propos de certains grands anciens, qui défendent Armstrong, ou même de coureurs actuels comme Contador ou Valverde?
M.M. : Je pense qu'il y a un pays qui n'a pas encore tout compris en matière de dopage. Il faut être clair.
Lequel?
M.M. : Vous le connaissez aussi bien que moi.
Et Laurent Jalabert? Peut-il rester sélectionneur après les propos qu'il a tenus sur Armstrong?
M.M. : Ce n'est pas moi qui décide du devenir de monsieur Jalabert.
Mais vos coureurs, qui sont en sélection, qu'en pensent-ils?
M.M. : Posez-leur la question. Ce n'est pas moi qui désigne le sélectionneur.
En matière de dopage, certains évoquent l'idée d'une amnistie générale...
M.M. : Attendez, attendez. Avant de parler d'amnistie, il faut déjà aller au bout des dossiers. Il y a deux dossiers en cours: Padoue et Puerto. On fait Puerto, on fait Padoue et on voit après.
Mais en admettant que...
M.M. : (Il coupe) Il n'y a pas de en admettant ou je ne sais pas quoi. Vous avez compris ce que je vous ai dit? On va au bout des dossiers. Après, on cause. Voilà.
Parlez-vous souvent de tout ça avec vos coureurs?
M.M. : Ca arrive. Ca dépend des moments. Mais oui, ça arrive.
Globalement, comment jugez-vous la situation actuelle?
M.M. : Nous, notre route, on la trace. On fait ce qu'on a à faire et progressivement, le temps nous donne raison. Regardez. Très simplement, il y a quelques années, j'étais avec mes deux voitures de directeur sportif, derrière le gruppetto. Je ne savais même pas si j'allais rentrer dans les délais le soir et si je pourrais repartir le lendemain matin. On est bien d'accord? Aujourd'hui, je suis avec des jeunes coureurs, qui ont du talent, dont Pinot, Bouhanni ou Démare. Le temps me donne raison. Progressivement, on revient sur le devant de la scène.
Vous redécouvrez l'ambition en somme...
M.M. : Pinot fera partie des outsiders du Tour de France 2013. Depuis que j'ai une équipe, ça ne m'était jamais arrivé ! Alors vous voyez, il y a quand même des sources d'espérance. Il y a de quoi s'exprimer, se rapprocher du top niveau. Pinot, cinq ou six ans en arrière, il n'aurait jamais été dans les 10 premiers du Tour. Il n'aurait peut-être même pas été au départ du Tour. En 2012, il fait du 10e et il gagne une étape. C'est quand même intéressant. Alors il faut arrêter de se polariser uniquement sur ce qui a pu se passer à travers l'affaire Armstrong.
Vous est-t-il arrivé de céder au découragement?
M.M. : Mais moi, je suis un teigneux. Je ne lâche jamais le morceau.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité