Ambitieux mais pas trop

Sylvain Chavanel avait été un des grands animateurs de la dernière édition de Paris-Nice. Auteur d'un gros numéro sur la route de Vichy, où il s'était imposé sous la pluie et dans le vent pour prendre la tête du classement général, il avait finalement terminé à une flatteuse troisième place au final sur la Promenade des Anglais. Cette année, le coureur de l'équipe Quick Step a encore fait de la Course au Soleil son premier gros objectif de la saison.

Avant une campagne de classiques qu'il espère fructueuse (il rêve notamment du Tour des Flandres et Patrick Lefevere lui a promis que, cette fois, il pourrait jouer sa carte personnelle sur le Ronde), Chavanel se sent prêt à jouer à nouveau un rôle important sur la première grande course par étapes du calendrier. "J'ai travaillé très dur pour être en forme. Je me sens bien et je pense que je suis prêt", a confié le Français vendredi avant le départ, qui sera donné dimanche à Montfort-L'amaury, dans les Yvelines.

Pour tirer son épingle du jeu, il compte bien faire du... Chavanel. A savoir ne pas attendre les points les plus chauds de la course, où il sait pertinemment qu'il aura du mal à rivaliser avec les meilleurs. D'autant que cette année le plateau est remarquablement relevé, avec Alberto Contador (Astana), Frank Schleck (Saxo Bank), et les duettistes de la Caisse d'Epargne, Alejandro Valverde et le tenant du titre Luis Leon Sanchez, qui défendra bel et bien sa couronne niçoise contrairement à ce qu'il avait laissé entendre il y a quelques semaines. "Gagner face à un gars comme Contador au sommet à Mende c'est presque impossible pour moi, rappelle Chavanel. Ce n'est pas un manque d'ambition, c'est juste que c'est très improbable. Ce dont j'ai besoin, c'est d'utiliser chaque opportunité qui se présentera à moi. Je dois provoquer la chance et ne pas attendre qu'elle arrive."

Le Poitevin promet donc une fois de plus une course offensive de sa part. "Si j'attends Mende, je ne pourrait pas viser quoi que ce soit au général. Je dois utiliser une des étapes qui précèdent, ou une de celles qui suivent, pour tirer mon épingle du jeu. Pourquoi pas? J'ai bien réussi à le faire l'année dernière. C'est Paris-Nice. Une course qui se joue à coups de secondes. C'est une course piégeuse, où la météo et le vent peuvent jouer un grand rôle." Autant de moyens de niveler les valeurs et de permettre à un coureur dans son style de venir titiller un Contador ou un Valverde, pour peu qu'il sache profiter des circonstances. Exercice dans lequel Chavanel n'a jamais été maladroit...

Malgré tout, on le sent davantage attiré par une victoire d'étape que par le général, trop aléatoire pour ses capacités. D'autant que la météo s'annonce très clémente cette semaine sur le parcours de Paris-Nice. "Je ne rêve pas, dit-il. Je suis toujours très motivé pour Paris-Nice et si je peux faire une place, je ne me gênerai pas. Mais il faut quand même être réaliste, en face, il y a un gars comme Contador. S'il est à son niveau et moi au mien, il n'y a pas photo." Mais la résignation n'est pas son fort. Alors, il serait bien étonnant de ne pas le voir en action tôt ou tard cette semaine. "Tout le monde va se focaliser sur Contador et Valverde. Au moins, je vais pouvoir faire ma course tranquille", conclut-il. Enfin, tranquille, le mot est sans doute mal choisi. Il ne devrait pas le rester longtemps.