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La révolution Sagan

Eurosport
ParEurosport

Publié 13/03/2010 à 09:48 GMT+1

Vainqueur de deux étapes, passé tout près d'une troisième, Peter Sagan (Liquigas) ne fait pas semblant sur Paris-Nice cette semaine. A 20 ans, le jeune Slovaque impressionne tout le monde sur la Course au Soleil. Il s'annonce comme un futur grand champion.

2010 Paris-Nice Peter Sagan (Liquigas)

Crédit: AFP

Ce n'est plus une révélation. C'est une révolution. Né il y a tout juste 20 ans, au début des années 90, Peter Sagan est en train de souffler sur Paris-Nice comme une véritable tornade. Il roule, il sprinte, il grimpe, il attaque. Ce garçon sait tout faire. Et en plus, il gagne. 5e du prologue, deuxième de l'étape de Limoges, vainqueur à Aurillac mercredi et à nouveau triomphateur deux jours plus tard à Aix-en-Provence. Interloqué, suiveurs et collègues assistent, mi-médusés, mi-admiratifs, à la naissance d'un talent incontestable.
Il fallait presque se pincer vendredi pour réaliser qu'Alejandro Valverde, qui n'est tout de même pas le premier venu dans le peloton, parlait bien d'un gamin de 20 ans qui était à peine un adolescent quand le Murcien décrochait ses premiers succès chez les pros. "Cette arrivée me convenait plutôt bien mais, avec Sagan devant, il n'y a pas eu grand-chose à faire, confie la star de la Caisse d'Epargne. Personne ne pensait qu'il résisterait seul jusqu'au bout. Et pourtant nous n'avons pas été capables d'aller le rechercher." Rien à faire, donc. Incroyable mais vrai. En solitaire, Sagan a résisté au groupe des ténors, celui de Contador, de Valverde, et tous les autres.
Milan-Sanremo attendra
Mais d'où sort ce jeune Slovaque dont Amaël Moinard, meilleur grimpeur de ce Paris-Nice, dit qu'il est "un génie du cyclisme pour accomplir des trucs pareils à 20 ans"? De nulle part? Pas tout à fait. Vice-champion du monde juniors de cyclo-cross à 18 ans, champion du monde juniors de VTT au même âge, il a ensuite fait ses classes sur route l'année dernière au sein de la petite équipe slovaque, Dukla Trencin Merida. Cette année, en signant chez Liquigas, il a changé de dimension. Il pense avoir tiré le gros lot, mais en réalité, c'est son équipe qui a décroché le jackpot. Dès le mois de janvier, lors du Tour Down Under, Sagan a tapé dans l'œil de beaucoup. D'abord en se mettant en évidence aux côtés de sa majesté Lance Armstrong en personne lors du Cancer Council Classic, le critérium organisé avant le début de l'épreuve dans le centre d'Adélaïde. Puis, lors de l'étape reine du TDU, on le vit encore frotter dans une échappée royale en compagnie de Cadel Evans et… Alejandro Valverde, qui parle donc en connaissance de cause.
Physiquement hors normes (chez Liquigas, ses nouveaux coéquipiers lui ont vite trouvé un surnom, Rambo…), Peter Sagan impressionne certes par la précocité de son talent, mais peut-être plus encore par sa lecture de la course, dont il possède déjà un sens déjà aigu. Il a ce feeling qui ne s'apprend pas. "Il est l'un des coureurs avec qui il va falloir compter dans le futur", prévient Valverde. Dans le futur, sans aucun doute. Mais manifestement, il compte aussi marquer le présent. Et lui, s'attendait-il à casser la baraque aussi vite? Sans doute pas. Ses amis le disent "sur un nuage". Sa famille suit ses exploits sur Eurosport. "Après ma victoire d'étape mercredi, raconte-t-il, trois équipes de télévision sont allés à la maison pour interviewer mes parents. Maintenant, la Slovaquie vit avec le cyclisme !" Une nouvelle preuve de l'internationalisation du cyclisme. Si la Slovaquie n'a pas la quantité, à l'instar du Luxembourg (Sagan et les frères Velits sont les trois seuls coureurs représentant leur pays parmi les équipes Pro Tour), elle a la qualité.
Lui continue d'ouvrir grand ses yeux et le décalage entre la force brute du champion dénué de complexe et le côté mal assuré du jeune homme fait tout le charme de Peter Sagan sur ce Paris-Nice. "Tous les coureurs du Pro Tour sont impressionnants, surtout Contador et Armstrong, dit-il. Il y a 10 ans, j'étais un tout petit garçon quand je regardais Armstrong gagner le Tour de France à la télé. J'adorais Jan Ullrich aussi, il me plaisait bien. Et aujourd'hui, me voilà sur Paris-Nice, au milieu de ces grands coureurs", confie-t-il, presque incrédule. Mais ce sont surtout ses adversaires qui n'en reviennent pas de le voir si vite leur marcher dessus. Certains aimeraient le voir s'aligner sur Milan-Sanremo, et le voir triompher Via Roma à 20 piges, comme Eddy Merckx en 1966. Ça le démange, lui aussi. Mais le staff de Liquigas ne veut pas brûler sa pépite. "Je suis jeune, j'ai à apprendre. Je ne connais pas encore mes capacités. J'aimerais bien faire Milan-Sanremo mais je ne fais pas ce que je veux, je fais ce que me dit l'équipe. J'ai le temps..." Pas la peine de brûler les étapes. A défaut, il les gagne.
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