Valverde n'abdique pas

Il y a tout juste un an, Alberto Contador avait perdu Paris-Nice le samedi, à la veille de l'arrivée. Maillot jaune sur les épaules, le Castillan avait subi son plus gros échec de ces trois dernières années. Victime d'une fringale, il avait abandonné la tête du classement général au profit d'un autre Espagnol, de la Caisse d'Epargne, Luis Leon Sanchez. Cette fois, Contador a tenu bon. A nouveau sous la menace d'un compatriote, toujours issu de la même équipe, en l'occurrence Alejandro Valverde cette fois, le double vainqueur du Tour de France a parfaitement contrôlé la situation.

Contrairement à 2009, Contador, chassant les fantômes, n'a donc pas tout perdu. Mais a-t-il course gagnée? Pas encore. En deux jours, sa marge sur Valverde s'est presque réduite de moitié. Profitant de sa pointe de vitesse, le murcien avait repris quatre secondes vendredi. Il en a grignoté six de plus samedi à Tourrettes-sur-Loup, en prenant la deuxième place, derrière un autre Espagnol (ils sont décidément in contournables sur ce Paris-Nice), Xavier Tondo Volpini (Cervelo), mais devant Peter Sagan, qui n'en finit plus de se montrer, jour après jour. En sept jours de courses, la révélation slovaque aura terminé cinq fois dans les cinq premiers.

14 secondes, voilà donc ce qui sépare désormais Alberto Contador d'Alejandro Valverde. A la régulière, le leader d'Astana ne semble pas pouvoir être battu. Malgré la faiblesse de son équipe, qui peine à assumer le poids de la course, Contador n'a vraisemblablement besoin de personne. Mais si l'étape sera courte dimanche (119 kilomètres), elle proposera trois cols de première catégorie, dont le traditionnel col d'Eze, dont le sommet sera situé à une quinzaine de kilomètres de l'arrivée à Nice. Beaucoup de montées, beaucoup de descentes, aussi, et donc beaucoup de pièges potentiels. 14 secondes, cela n'autorise pas le moindre petit pépin, le moindre écart, le moindre souci mécanique. Contador y est presque, mais ce presque devra l'obliger à une vigilance de tous les instants jusqu'à la promenade des Anglais.

Par-delà ce combat des chefs, qui n'a d'ailleurs pas véritablement eu lieu samedi malgré le col, de Vence et un final en légère montée, Xavier Tondo a donc su tirer son épingle du jeu. L'Espagnol s'est mêlé à une échappée de 23 coureurs partie à l'avant de la course après environ une quarantaine de kilomètres. Il s'est ensuite isolé en tête dans le col de Vence. Hormis l'Italien Damiano Cunego (Lampre), ses autres compagnons, parmi lesquels le Français Sylvain Chavanel (Quick Step), ont été rejoints dans cette montée par le premier peloton conduit le plus souvent par l'équipe Caisse d'Epargne de Valverde. Basculant seul en tête dans la descente, Tondo n'avait toutefois pas encore la victoire en poche.

Le Catalan de Tarragone a ainsi abordé les sept derniers kilomètres en légère montée, avec une avance réduite à 30 secondes. Ses premiers poursuivants sont ensuite revenus à 15 secondes à peine. Mais il a gardé son avantage jusqu'au bout sur un premier groupe qui n'a pu collaborer pour le reprendre. C'était le petit zest de réussite dont l'homme de tête avait besoin pour aller au bout de son idée. Sur l'intention, il n'a pas volé cette victoire. Agé de 31 ans, Tondo remporte là sa victoire la plus significative. Tondo, lauréat notamment du Tour du Portugal 2007 et de la Subida Naranco 2008, a rejoint cette année la formation suisse Cervélo après avoir couru pour des équipes espagnoles et portugaise. Samedi, c'était un grand jour pour lui, et pas un mauvais pour Contador. Ce dernier n'en demandait pas plus...