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Plutôt que de râler, Froome peut préparer le plus bel exploit de sa carrière

Benoît Vittek

Publié 23/04/2015 à 15:36 GMT+2

Monté au créneau pour critiquer le parcours du Tour de France 2015, où il sera privé de vraies opportunités de faire la différence en contre-la-montre, Chris Froome doit s'emparer de cette occasion d'écrire sa légende dans l'adversité.

Plutôt que de râler, Froome peut préparer le plus bel exploit de sa carrière

Crédit: Eurosport

Les absents ont toujours tort, paraît-il, et c'était particulièrement le cas de Chris Froome mercredi. Le vainqueur du Tour de France 2013 ne faisait pas partie du joli contingent de coureurs venus savourer la présentation de la 102e édition de la Grande Boucle à Paris. Il n'a pas croisé l'élégant Vincenzo Nibali ni les Français Thibaut Pinot et Jean-Christophe Péraud, venus habiter parfaitement le nouveau statut qui est le leur depuis juillet dernier.

Mais depuis Weymouth, station balnéaire du sud de l'Angleterre où l'équipe Sky est rassemblée ces derniers jours, le très poli et policé Froomey a balancé un petit coup de pied dans la joyeuse fourmilière du Tour : "Votre parcours ne me plaît pas, j'envisage donc de faire l'impasse sur cette course en 2015."

Le Britannique ne l'a évidemment pas dit en ces termes. Ses propos étaient relayés par son employeur, le Team Sky, dont les financeurs sont assurément soucieux d'entretenir de bonnes relations avec ASO, puissants organisateurs du Tour de France mais aussi de nombreuses autres courses majeures du calendrier (Vuelta, Dauphiné, Roubaix, Liège-Bastogne-Liège…). Chris Froome lui-même est un fin diplomate. Il sait donc faire passer ses messages. En l'occurrence, les équipes de Christian Prudhomme sont fermement invitées à rectifier le tir pour l'édition 2016.

Pour autant, est-il vraiment envisageable de voir Chris Froome manquer à l'appel en juillet prochain ? Le Britannique aime la Vuelta, le prochain Giro peut lui correspondre parfaitement avec son chrono de soixantes bornes ; voilà deux certitudes. Pour autant, ses proches, ses supporters et surtout son sponsor veulent tous le voir présent sur le Tour de France, le rendez-vous de l'année. D'autant plus que le leader de la Sky a une revanche à prendre après un échec fracassant (au moins pour son poignet) il y a trois mois. Voilà deux autres certitudes, à laquelle j'ajoute cette troisième : les plus grands champions s'adaptent aux difficultés qui leur sont jetées sous les roues.

À la descente du podium des Champs-Élysées, en 2013, Froome mêlait déjà tous ces éléments : "Personnellement, je pense que le Tour doit être le sommet de notre calendrier. C'est la victoire la plus recherchée, le maillot le plus désiré. Ma décision dépendra du parcours mais j'aimerais revenir pour gagner chaque année." Aujourd'hui, Froome râle sur le parcours. Et pendant que Froome râle, son rival intime Bradley Wiggins ne cesse de se réinventer pour s'imposer en légende de son sport, sur goudron, sur la piste, et peut-être bientôt sur les pavés.

Bien sûr, il est possible de briller loin des routes du Tour de France. Brillant en début de saison, auteur d'un retour extraordinaire pour remporter la Vuelta, Alberto Contador est peut-être le champion cycliste de 2014. Avec un doublé Giro-Vuelta en 2015, Froome rejoindrait son rival et compagnon espagnol dans le club très fermé des champions à avoir remporté les trois Grands Tours et dans celui des doubles vainqueurs sur une seule année. Ce serait grand. Ce n'est pas là que Froome est attendu, et certainement pas parce qu'il aurait fui un Tour correspondant moins à son profil.

Après cette communication malvenue, Chris Froome peut encore se rattraper sur la route. Avant un Tour de France 1980 avec deux étapes pavées, Bernard Hinault menaçait en coulisses de faire grève. Il avait finalement conclu un pacte avec ses rivaux pour neutraliser ces difficultés. Et puis, Jan Raas a accéléré, et le Blaireau a donné la leçon à tous ses rivaux.

Allez Chris ! Même si son parcours ne te plaît pas, le Tour t'offre la meilleure scène pour briller. Pas de chrono ? Pas grave, tu étais le meilleur grimpeur en 2012 et en 2013. Comme Christian Prudhomme le dit : "Le Tour, il est swag." C'est surtout la plus grande course du monde, celle sur laquelle les champions doivent écrire leur légende. Allez, viens !

Benoît VITTEK
Twitter : @bvittek
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