Contador se remet en selle

L'idée d'un départ avait germé dans son esprit. N'ayant guère goûté de ne pas voir été consulté par le staff de l'équipe Astana à propos du come-back de Lance Armstrong alors qu'il venait d'entrer dans l'histoire en remportant la Vuelta quatre mois après avoir triomphé sur le Giro, Alberto Contador envisageait d'aller voir ailleurs. Dix fois vainqueur en 2008, le vainqueur du Tour de France 2007 estimait avoir fait ses preuves et appréciait assez peu de voir son statut remis en cause par le retour de l'emblématique Texan. L'équipe Caisse d'Epargne, notamment, s'était positionnée et l'on imaginait alors que Contador et Armstrong seraient adversaires sur les routes en 2009.

Rassuré par Johan Bruyneel et Alain Gallopin qui lui ont au passage rappelé son engagement contractuel, le Castillan est finalement resté au sein de la maison Astana. En stage aux Canaries en décembre et, plus récemment, en Californie, il a découvert son illustre coéquipier avec lequel il a poliment partagé quelques sorties d'entraînement. En compétition, en revanche, il n'est pas prévu qu'il soit aligné en compagnie de Lance Armstrong avant le Tour de France. Là où le Texan monte en puissance sur le Tour de Californie dans la perspective du Tour d'Italie, Contador va préparer sa saison sur les routes d'Algarve avant d'enchaîner avec Paris-Nice, où il espère déjà faire un gros coup, le Tour de Castille et Leon, le Tour du Pays Basque et le Dauphiné. Sur la Grande Boucle, comme aime à le rappeler Alain Gallopin, plutôt à l'aise lorsqu'il s'agit de diriger un orchestre où les solistes se multiplient: "le plus fort sera protégé".

Légèrement retardé dans sa préparation par une bénigne opération de la cloison nasale dont la légère obstruction perturbait sa respiration, Contador n'a pas chômé pendant l'hiver. Optimiste, le vainqueur du Tour 2007 juge positivement le travail effectué depuis sa reprise début décembre: "Je crois que je vais encore m'améliorer cette saison parce que j'ai été plus performant pendant les entraînements cette année". A seulement 26 ans, celui qui était passé pro de façon précoce en 2003, dispose en effet encore d'une solide marge de progression. "Je suis surpris de la façon dont mon corps répond", explique-t-il comme pour donner du corps à cette théorie et mettre la pression sur un entourage auquel il souhaite rappeler ses ambitions.

Déçu et frustré de ne pas avoir été invité sur le Tour 2008, Contador rêve de remettre les pendules à l'heure cette saison. S'il s'accommodait sans problème de la présence à ses côtés de Levi Leipheimer et d'Andreas Klöden (avec lui au départ du Tour d'Algarve cette semaine), l'égérie du cyclisme espagnol, même s'il s'en défend aujourd'hui, appréhende avec anxiété sa future cohabitation avec Armstrong. Le renfort de garçons comme Haimar Zubeldia, deux fois 5e du Tour, et Yaroslav Popovych confère encore davantage d'impact dans les courses par étape à la formation de Johan Bruyneel mais la multiplication des cartes maîtresses dans le jeu d'Astana n'est pas de nature à rassurer Contador sur la confiance que son équipe lui accorde. Entièrement tourné vers sa quête d'un deuxième succès hexagonal que "Lance Armstrong, les frères Schleck, Denis Menchov et Cadel Evans, pour n'en citer que quelques uns" , peuvent contrarier, Contador espère être entouré sur le Tour de ses coéquipiers Benjamin Noval et Sergio Paulinho , les seuls totalement acquis à sa cause, en qui il a toute confiance.

En attendant le départ de Monaco le 4 juillet, Contador entend retrouver rapidement ses sensations de 2008. La Course au Soleil qu'il a déjà remportée en 2007 est son premier objectif de la saison. En amont, cette semaine portugaise doit lui permettre de poser les jalons d'une future grosse perf'. Il aura ainsi notamment l'occasion de se tester vendredi sur les pentes de l'Alto do Malhao et samedi lors du long chrono (33,7 km) de Tavira. Damiano Cunego, Sylvain Chavanel et Stijn Devolder, le vainqueur sortant, lui serviront d'étalons. Après un hiver agité, Alberto Contador doit avoir hâte de remettre un dossard. Histoire de rappeler que malgré le retour du "boss", c'est bien lui le favori du prochain Tour de France