Piepoli la tient !

Sur les hauteurs de la station de Cerler, la Vuelta a vu Denis Menchov (Rabobank) prendre les commandes. Le Russe n'a pas eu à forcer son talent pour se débarrasser de ses derniers rivaux. Seul ce diable de Leonardo Piepoli (Saunier Duval) avait pu le suivre jusqu'au sommet, se voyant offrir sur un plateau le succès d'étape. Chacun était alors satisfait, remplissant ou étant sur le point de remplir ses objectifs : Menchov est bien parti dans sa quête d'une seconde Vuelta, tandis que Piepoli a gagné une étape, et pas n'importe laquelle ! On peut d'ailleurs penser que l'appétit de l'Italien natif de La Chaux-de-Fonds ne sera pas rassasié, vu le menu proposé dès lundi, avec une nouvelle étape de montagne : Arcalis après Cerler, le programme est corsé, et la hiérarchie, du jour au lendemain, n'a pas beaucoup de chances de bouger. Menchov et Piepoli à nouveau au-dessus des autres lors de la 10e étape ?

Un autre duo terminait à seulement 17 secondes des deux hommes forts du jour. Sa composition était pour le moins insolite : Carlos Sastre (4e, CSC) était accompagné d'Ezequiel Mosquera (3e, Karpin). Le dernier nommé, 31 ans, ne s'est révélé au cyclisme du haut-niveau qu'à son arrivée l'an passé dans l'équipe Comunidad Valenciana. Le trentenaire poursuivat sa progression de manière étonnante en tenant le choc face à un coureur de la classe de Carlos Sastre en haute montagne. Le leader de la CSC trouvait néanmoins un allié de circonstance qui lui permettait de limiter les dégâts. Et de faire mieux que Cadel Evans qui ne terminait que 11e, relégué à plus d'une minute.

Au classement général, Menchov compte 2'27'' d'avance sur l'Australien (3e) et 3'02'' sur l'Espagnol (4e). Intercalé en deuxième position, l'ancien porteur du maillot de oro, Vladimir Efimkin, se débrouille avec brio en ne pointant qu'à 2'01'' de son compatriote. Pas mal pour un coureur de son standing, mais l'avance de Menchov est déjà importante alors nous sommes qu'à la mi-course. Les organisateurs de la Vuelta ont placé à ce moment charnière de la compétition un tryptique capital pour la suite des opérations : Samedi, chrono, dimanche et lundi, haute montagne. Dans le contre-la-montre, Stijn Devolder (Discovery Channel) avait pris les commandes en endossant le maillot de leader, se plaçant en candidat à la victoire finale. Ce fût bref. Le lendemain, le Belge montre qu'il n'a pas le niveau sur les gros cols, avec une 42e place à 4'58'' du vainqueur du jour, Leonardo Piepoli.

Résultat des courses, le flahute perd sa tunique, et certainement la Vuelta. Peut-on également dire qu'en se vêtant d'or, Denis Menchov prend en même temps une option sur la victoire finale ? Il est préférable d'attendre le verdict de la deuxième étape des Pyrénées, mardi soir. Mais le vainqueur de l'édition 2005 doit y croire fort. Au contraire, les espoirs d'Oscar Pereiro (Caisse d'Epargne) sont réduits à néant. Le probable vainqueur du Tour de France 2006 était malade depuis jeudi soir. Déjà en difficulté dans le chrono, le Galicien était lâché dès les premières rampes de l'étape de ce dimanche, avant d'abandonner la compétition qui devait constituer le point d'orgue de sa saison. Au soir de la 9e étape, parmi les grosses écuries, seule la Rabobank peut se satisfaire de la performance de son leader. La formation Néerlandaise, privée d'un éventuel succès sur le Tour de France avec Rasmussen, serait-elle en train de se rattraper ?