Garcia régale Xacobeo

Au moment où David Garcia a levé un poing rageur sur la ligne de Ponferrada, lundi, c'est toute l'équipe Xacobeo-Galicia qui a obtenu la récompense de ses efforts. Invitée par les organisateurs de la Vuelta pour la seconde année consécutive, la formation continentale a souvent fait apprécier son maillot flambant neuf sur les routes espagnoles depuis le départ, notamment dans les échappées. Mais pour toute récompense comptable, elle n'avait jusque-là que la 4e place d'Ezequiel Mosquera au général. Il était normal qu'elle finisse par trouver l'ouverture dans une étape.

Dimanche, Alvaro Pino, son directeur sportif, avait poussé un grand coup de gueule après Astana à laquelle il reprochait son manque de "fair-play". "Je ne demande pas qu'ils nous laissent gagner, mais simplement un peu de collaboration parce que c'est aussi dans leur intérêt, clamait-il, ayant peu goûté l'attitude de Contador et Leipheimer. Les deux leaders au général avaient profité du travail de sape de Mosquera dans le San Isidro pour distancer la concurrence avant de déposer ce dernier pour aller signer le doublé à Fuentes de Invierno. "J'en prends note. Et je n'oublierai pas. Nous, les petites équipes, on ne peut pas gagner, mais on peut faire très mal." A Ponferrada, le Galicien doit savourer comme jamais la victoire de David Garcia.

Ce succès, le natif de Marin l'a construit intelligemment. Il a eu la bonne idée de sauter dans la longue échappée du jour, partie peu après le KM50. Parmi les 17 fuyards, deux Français, Sébastien Minard (Cofidis) et Olivier Bonnaire (Bouygues Telecom), et le représentant de l'équipe galicienne. David Garcia était d'ailleurs le plus dangereux au général, mais relégué à plus de 26 minutes de Contador (26e). Autant dire que les échappés avaient rapidement carte blanche pour passer la journée aux avant-postes. L'écart atteignait aisément les 17 minutes. De quoi effrayer quelque peu la Cofidis de David Moncoutié, 9e du classement, qui se décidait sur le tard à travailler en tête d'un peloton rendu amorphe par le retour de la chaleur (plus de 30°C toute la journée) et la fatigue des derniers jours.

Malgré trois difficultés franchies de première, deuxième et troisième catégorie, c'est finalement la côte de Lombillo (KM 193), non répertoriée au classement de la montagne, qui décantait la course, avec ses pentes à 14%. De 17, les hommes de tête se retrouvaient à quatre (Nuyens, Garcia, Garate et Arroyo). Le coureur de Xacobeo plaçait une attaque à 3km du but. Plus personne ne le reverrait. Une belle revanche pour le Galicien de 31 ans, déjà échappé l'an dernier dans la Vuelta, mais qui avait dû s'incliner derrière Jason McCartney. Cette fois, il s'offre son 2e succès professionnel, le second cette année après sa victoire dans le Tour de Turquie en avril dernier.

C'est aussi une belle récompense pour le sponsor Xacobeo, arrivé au chevet de l'équipe en août à la place de Karpin. La société anonyme avait prévu de financer la bande d'Alvaro Pino jusqu'à la fin de l'année avant de prolonger la saison prochaine. Ses dirigeants doivent se frotter les mains ce soir, eux qui ont notamment fixé pour objectif que les coureurs soient des références pour les jeunes cyclistes et des ambassadeurs du sport galicien dans le monde.

Du côté des favoris, cette dernière balade de moyenne montagne n'a mis personne à l'épreuve. Les ténors n'avaient apparemment nullement envie d'en découdre après deux journées éprouvantes dans les Asturies. Le seul fait marquant de la journée aura été la chute d'Alberto Contador, arrivé à Ponferrada avec un gros pansement sur le genou gauche. "Ça me fait mal, mais c'est une histoire de 'carrosserie'. Le pire, ce sera cette nuit, à cause de l'épaule", explique-t-il à l'arrivée. Le maillot or a pu terminer l'étape, sa tunique légèrement déchirée par endroit. Reste à savoir ce que cela donnera à froid. Le leader d'Astana pourrait notamment souffrir, mardi, en début de 16e étape lors de l'ascension de l'alto del Acebo (1re cat. - KM 15,8).