Van Avermaet, ça promet

Faute d'un véritable patron, la Vuelta se cherchait également un nouveau talent à révéler. Ce sera peut-être Greg Van Avermaet. Le coureur de Silence-Lotto a signé, à Sabinanigo, le plus beau succès de sa jeune carrière. Le grand espoir belge a réglé au sprint Davide Rebellin (Gerolsteiner) et Juan Antonio Flecha (Rabobank). A 23 ans, et pour sa seconde saison professionnelle, il totalise déjà 8 victoires, dont quatre cette saison, toute remportée au sprint.

Et pourtant, Van Avermaet est avant tout un excellent rouleur. Il avait frappé un grand coup en s'imposant dès sa première course, lors de la 5e étape du Tour du Qatar. Après avoir pris la 8e place du Tour des Flandres, il s'était mêlé à la bagarre lors de la première arrivée en ligne de la Vuelta, devancé au sprint par Alejandro Valverde (4e). Depuis le départ de Grenade, il a répondu présent dans toutes les arrivées massives. Il était logique que la chance finisse par tourner en sa faveur.

Après deux jours en montagne, la 9e étape devait sourire aux baroudeurs, lundi entre Vielha et Sabinanigo (200km). Pour favoriser les fuyards, les quatre difficultés étaient placées dans les deux premiers tiers de la course avec une ascension débutée dès la ligne de départ. Mais il aura fallu attendre le passage des deux premières sommets du jour, classés en 2e catégorie (le Tunel de Vielha et L'Espina) pour voir la véritable échappée du jour prendre forme. Sous l'impulsion de David Moncoutié (Cofidis), vainqueur dimanche au Pla de Beret, Patrice Halgand (Crédit Agricole), Van Avermaet et Damiano Cunego (Lampre), 12 hommes parvenaient à distancer enfin un peloton au repos.

Parmi eux, seuls Euskaltel (Alan Perez et Egoi Martinez) et le Crédit Agricole (Patrice Halgand et Christophe Kern) comptaient plusieurs représentants. Le travail pas vraiment appuyé d'Astana à l'avant du peloton permettait à l'échappée de compter jusqu'à 7'50" d'avance. Suffisant pour faire les affaires de Martinez. Toujours placé rarement gagnant, le Basque est le grand bénéficiaire de la journée. Astana visiblement disposé à céder le maillot or, il échoit dans la besace d'Euskaltel et sur le dos d'Egoi Martinez. L'homme avait été le grand perdant de l'étape du Tour de France vers Prato Nevoso, fatale à Oscar Pereiro. Le plus fort d'un groupe était parti sans le moindre espoir à travers les Alpes italiennes, il avait cédé la victoire à Simon Gerrans.

Cette fois-ci, épaulé par Perez, il a roulé pour creuser l'écart sur le peloton. Relégué à 6'31" de Leipheimer au matin, il compte à présent 11 secondes d'avance sur l'Américain, 32" sur Contador et 1'00" sur Valverde. La montagne ne faisant son véritable retour que samedi, Martinez, le 7e coureur en or depuis le départ, pourrait être le premier de l'édition 2008 à conserver sa tunique plusieurs jours de suite. L'autre grand gagnant du jour est David Moncoutié. Sur la sellette en juillet et mis en demeure par la Cofidis de bien figurer s'il voulait rester, le natif de Provins semble avoir compris le message. Pour la 3e journée consécutive, il a pris la clé des champs. En tentant de filer en solitaire sous la flamme rouge, il aurait pu réaliser le doublé. Mais il devra finalement se contenter du seul maillot de meilleur grimpeur, après avoir passé la journée à empocher des points au sommet. Moncoutié compte à présent 27 points d'avance sur Alessandro Ballan. Il devient également le meilleur Français du général, 14e juste devant Sylvain Chavanel. Son coéquipier est arrivé au coeur d'un peloton où les favoris n'ont pas bougé.