Cavendish en colère

Le Cav' n'est pas content et il ne se prive pas de le faire savoir. A peine avoir la ligne d'arrivée de la 3e étape du Tour d'Italie franchie, Mark Cavendish n'a pas tardé à faire part de ses états d'âme sur Twitter. "Ouch ! Tomber à 75 à l'heure, ce n'est pas terrible ! La manoeuvre de Roberto Ferrari n'est pas belle non plus. Il devrait avoir honte de mettre à terre les maillots rose, rouge et de champion du monde", a-t-il écrit en toute sobriété. Ces maillots, ce sont les siens (rouge du classement à points et arc-en-ciel de champion du monde) et celui de Taylor Phinney, leader du Tour d'Italie, touché à la cheville.

Le sprinteur de Sky n'a que peu goûté le déboitage de l'Italien à quelques hectomètres de l'arrivée. Comment le coureur Androni avait-il osé mettre le roi de la discipline à terre? Placé sur la gauche derrière Tyler Farrar, Ferrari a soudainement viré de bord pour passer à droite, heurtant la roue avant d'un Cavendish lancé dans son sprint final. Le natif de l'Ile de Man s'est retrouvé à terre tandis que, tels des dominos, les coureurs qui suivaient en faisaient de même. "Apparemment, Roberto Ferrari a dit aux journalistes qu'il ne pouvait pas voir ce qui se passait derrière lui et qu'il n'y avait pas fait attention", s'insurge l'homme aux 31 succès sur le Giro.

Et l'on ne touche pas au Cav' comme ça ! Dès l'arrivée, Gianni Savio, le manager d'Androni, est allé présenter ses excuses au coureur, estimant que Ferrari avait eu un comportement "incorrect, mais non intentionnel". Pas vraiment le même son de cloche du côté du fautif: "J'ai pris la roue de Farrar et je ne savais pas qui j'avais derrière. J'ai simplement cherché l'ouverture pour disputer mon sprint," s'est justifié l'Italien. J'étais à l'avant et j'ai suivi ma trajectoire. Dans un sprint, je regarde devant, je ne m'occupe pas de ceux qui sont derrière." La quinzaine de coureurs à terre après son coup de guidon appréciera. Mais, même s'il ne comprend pas ce qu'on lui reproche, Ferrari a néanmoins tenu à la jouer profil bas: "J'ai juste pensé que j'avais déchaussé, je ne savais pas que j'avais provoqué la chute. Je n'avais pas idée de qui se trouvait derrière moi. " Un crime de lèse-majesté pour le principal intéressé.

Vexé sans doute de n'avoir pas pu disputer la victoire à Matthew Goss, Juan Jose Haedo et Tyler Farrar, le natif de l'Ile de Man, comme souvent, n'a pas mâché ses mots: "Est-ce que l'équipe de Roberto Ferrari ou l'UCI vont prendre la décision qui s'impose? D'autres coureurs, dont moi, ont été renvoyés chez eux pour moins que ça..." Une référence sans doute à l'exclusion de son poisson-pilote du Tour de France 2010, Mark Renshaw, sanctionné pour un coup de tête donné à Julian Dean dans l'emballage final de Bourg-lès-Valence.

Si elle reste spectaculaire, la chute de Cavendish a, heureusement, été sans lourde conséquence. Un cuissard et un maillot déchirés, quelques bleus sur le côté gauche sans doute et la chance qu'Arnaud Démare, qui se trouvait au sprint derrière lui, ait su contrôler sa course. "Il m'a dit qu'il avait failli toucher ses cheveux", explique Martial Gayant après le numéro d'équilibriste du jeune Français de la FDJ. "Heureusement, Cavendish n'a pas glissé sur la chaussée, sinon Arnaud lui roulait dessus".