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"Il a saisi l'occasion"

Eurosport
ParEurosport

Publié 28/07/2009 à 15:30 GMT+2

A l'issue de l'édition 2009, "un immense succès populaire" selon lui, le directeur du Tour, Christian Prudhomme, a dressé son bilan. Il le juge évidemment positif et défend le parcours, qui a fait l'objet de critiques.

Qu'a apporté Lance Armstrong au Tour 2009 ?
Christian PRUDHOMME : Il a permis un duel. Même s'il était de fait entre Alberto Contador et Andy Schleck, le duel était médiatiquement entre Contador et Armstrong. Et le duel, c'est ce qu'il y a de plus fort dans le monde du sport. Nadal-Federer, Borg-McEnroe, ou dans le cyclisme Anquetil-Poulidor, Hinault-LeMond. En me projetant pour 2010, et bien qu'aucune sélection ne soit faite naturellement, une équipe avec Contador, une autre avec Armstrong, une autre avec les Schleck, ça promet une sacrée bagarre !
En quoi Armstrong a-t-il changé ?
C.P. : Il a été assurément beaucoup plus humain pour les gens, il est revenu avec une envie du Tour de France, et pas seulement de la compétition. Les gens l'ont vu souffrir. Au long des trois semaines, je n'ai vu qu'un seul panneau anti-Armstrong et beaucoup pour lui. Il est certain qu'il a donné une image différente de celle d'un robot déshumanisé. Alors qu'il s'entraînait pour le contre-la-montre d'Annecy, il s'amusait devant des gamins, il leur faisait la grimace, il était disponible, ouvert.
Cela donne des regrets pour le passé...
C.P. : Les occasions avaient été loupées, jusqu'à ses derniers mots sur les Champs-Elysées en 2005 qui étaient finalement le contraire de ce qu'il fallait dire. Il n'y avait pas eu de rencontre. Là, il est revenu et il a pleinement saisi l'occasion.
Le changement concerne-t-il aussi le dopage dans le peloton ?
C.P. : Il ne faut pas s'imaginer que tout a changé, c'est un combat pied à pied qui doit continuer. Il y aura d'autres cas demain, après-demain, c'est dans la logique de choses. Mais la sérénité du Tour m'a plu. Je crois vraiment que quelque chose a changé. Le ciblage, le passeport, font qu'aujourd'hui c'est quand même de plus en plus compliqué pour les tricheurs.
Même si Greg LeMond s'est montré dubitatif sur la performance de Contador à Verbier...
C.P. : On ne peut pas gommer d'un seul coup toute la suspicion sur le cyclisme. J'espère bien qu'elle le sera au fur et à mesure. A la direction du Tour, je n'avais jamais connu personnellement cette sérénité. C'est une sacrée différence.
Pour 2010 ?
C.P. : Le parcours part de Rotterdam. Il sera donc plus classique. Quant au nombre d'équipes, pour moi, vingt est un bon nombre.
Regrettez-vous de ne pas avoir retenu l'équipe de Contador en 2008 ?
C.P. : On a pris les décisions qu'on devait prendre. Contador avait eu cette formule "j'étais au mauvais endroit au mauvais moment". Il a été très élégant à chaque fois. C'est le passé.
Comment le qualifieriez-vous ?
C.P. : Un très grand grimpeur, doté d'une élégance, d'une fluidité dans le mouvement et à l'évidence d'une immense force de caractère. On a vu qu'Armstrong avait une intelligence de course au-dessus du lot. J'aurais vraiment été curieux de savoir ce qui se serait passé si tous deux n'avaient pas été dans la même équipe. Il est évident qu'il y aurait eu du grabuge dans la deuxième étape des Pyrénées, dans celle des Vosges, ou dans l'étape de Perpignan.
On vous sent admiratif pour Armstrong...
C.P. : Par son intelligence tactique sans aucun doute. Il est toujours là où il faut. C'est quelqu'un qui peut mettre le danger sur tous les terrains.
Le côté négatif du Tour ?
C.P. : L'accident mortel sur la route de Besançon, c'est un voile de tristesse sur le Tour. Le Tour est un géant, dont le succès a été encore plus important cette année. Notre seule obsession, c'est la sécurité. Il faut que chacun sur le bord des routes le comprenne vraiment. J'ai vu des gamins courir à côté des coureurs. Mais que font les gens qui en ont la charge ? Pour que le Tour reste une immense fête populaire, il faut que chacun respecte les règles.
Le parcours a fait l'objet de critiques. Que répondez-vous à ceux qui trouvent que la bagarre entre les grands a été longue à démarrer?
C.P. : Le début du Tour a été emballant. Du coup, le temps faible suivant a été perçu comme encore plus faible. L'affaire des oreillettes a encore accentué ce sentiment, alors que la mesure était faite pour aboutir au contraire. J'ai un regret pour l'étape des Vosges. Il y avait tout pour se battre. Je constate que beaucoup sont dans des schémas hyper-réducteurs du genre: "ça va se jouer là sur deux jours et sur un chrono", alors que c'est précisément le contraire que l'on souhaite. Les organisateurs proposent, les coureurs, et leurs manageurs, disposent.
Les Pyrénées ont déçu. Pourquoi avoir placé le Tourmalet si loin de l'arrivée?
C.P. : Il y a 40 ans, Eddy Merckx s'envolait sur le Tourmalet à 140 kilomètres. Des étapes avec le Tourmalet loin de l'arrivée, on en a à peu près tous les deux ans sur le Tour.
Ne faut-il pas davantage d'arrivées au sommet?
C.P. : Nous avons la volonté que la course puisse se jouer dans sept, huit, dix étapes. J'adore les massifs intermédiaires, le Massif central, le Jura, les Vosges, qui sont des terrains d'expression extraordinaires. Mais il faut que chacun joue le jeu. Sinon, en réduisant le nombre d'arrivées au sommet et des chronos, la plage de possibilités est encore plus réduite. En dehors de cela, la trouvaille Romme-Colombière (le final de l'étape du Grand-Bornand) a tout pour devenir un classique. C'est un sacré truc !
Que peut-on attendre pour 2010?
C.P. : Le parcours part de Rotterdam. Il sera donc plus classique. Quant au nombre d'équipes, pour moi, vingt est un bon nombre.
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