Amenez-lui Cavendish !

C'est ce qu'on appelle un retour gagnant. Sept années, sans victoire, six années sans la moindre participation et paf, à la première occasion, une victoire. Alessandro Petacchi ou comment mettre dans le mille. L'ancienne terreur du sprint n'est plus tout jeune (36 ans). Il y a plus jeune et plus rapide que lui. Mais il a encore une jolie petite pointe de vitesse. Dimanche, à Bruxelles, il a su tirer profit d'un petit concours de circonstances. Mark Cavendish, Tyler Farrar et Oscar Freire hors du coup après une série de chutes, Petacchi était le meilleur des rescapés.

Peut-être est-il injuste de présenter les choses de la sorte. Lui le croit en tout cas. "J'ai vraiment fait un super sprint et, très franchement, je ne suis pas sûr du tout que Cavendish aurait pu me battre aujourd'hui car j'allais très, très vite", avance le natif de La Spezia. Possible. On ne le saura jamais et, à vrai dire, peu importe. Il a gagné, point barre. Alors, s'il reste calme quand on avance qu'il a bénéficié des circonstances, il s'agace légèrement si vous osez prétendre que sa victoire constitue une petite surprise. "Pour vous peut-être, mais pas pour moi. "Ce n'est pas une victoire inattendue, car je suis venu ici pour sprinter et pour gagner", rappelle-t-il.

D'ailleurs, s'il a évité la cagade finale, ce n'est peut-être pas un hasard. Ale Jet est resté bien en retrait des discussions houleuses. Jouer des coudes, ce n'est pas son truc. "Le danger ne me plaît pas, et les sprints sont assez dangereux commeça pour ne pas en rajouter, raconte la flèche de la Lampre. Je ne suis pas un dégourdi qui engage des duels, ça ne me plaît pas de frôler le guidon d'un adversaire. Je n'ai jamais fait d'incorrections, j'ai perdu beaucoup de fois parce que j'ai été le premier à freiner quand il y avait de la bagarre. A la maison, ma mamma Gaudilla éteint le poste de télé au dernier kilomètre et le rallume ensuite. Elle a peur comme moi". Dimanche, espérons qu'elle a laissé le poste allumé. Elle y aura vu son Alessandro heureux comme elle ne l'a pas vu depuis longtemps.

Persuadé d'être aujourd'hui aussi compétitif qu'à sa grande époque, Petacchi n'a qu'une envie désormais. Remettre ça. Mais sans chute. Il les veut tous. Cavendish, Farrar et les autres. Histoire que personne ne puisse lui dire quoi que ce soit. "Maintenant, j’espère qu’une autre situation se représentera, avec tous les autres sprinters. Je suis persuadé que j'aurais pu gagner même sans toutes ces chutes. J'ai pris un risque en lançant le sprint de très loin, mais c'est un signe de confiance. Ça veut dire que je me sens rapide. C'est très bon signe", poursuit le vétéran italien.

Au-delà du scenario un peu chaotique, cette victoire, il la savoure un peu plus que les autres. Sans doute parce qu'il avait fini par se dire que son quadruplé de 2003 resterait sans lendemain. "Cela fait sept ans que je n’avais pas gagné sur le Tour, et ici c’est toujours très différent des autres victoires, avoue-t-il. Ce matin au départ, j’étais assez nerveux, mais pendant la journée j’ai commencé à revivre comme un coureur du Tour, je me suis détendu. Pour diverses raisons, par choix, à cause de ma suspension ou d'une blessure, je n'avais pas pu revenir ici. C'est fait aujourd'hui. Je veux vraiment dédier cette victoire à ma famille et à Giuseppe Saronni aussi. Chez Lampre, on m'a fait confiance et je ne l'oublie pas." Quoi qu'il arrive maintenant, il n'est pas (re)venu pour rien. Une victoire d'étape et en prime le maillot vert sur les épaules, c'est le carton plein. Pendant que d'autres sont à terre, lui se relève enfin.