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Andy, jaune premier
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Publié 13/07/2010 à 19:28 GMT+2
En endossant pour la première fois de sa carrière le maillot jaune mardi à St-Jean-de-Maurienne, Andy Schleck a transformé un rêve d'enfant en réalité. Mais cette prise de pouvoir à mi-Tour n'est pas une fin en soi. Juste une étape dans le plan que le Luxembourgeois s'est juré de suivre à la lettre.
2010 Tour de France Andy Schleck Jaune
Crédit: AFP
"Le jour viendra où je prendrai le maillot jaune." Andy Schleck avait raison. Et il n'aura pas eu à attendre bien longtemps. Dimanche, il lui avait manqué 20 secondes pour s'installer en tête du classement général, mais il n'avait pas nourri le moindre regret. Une étape plus tard, le leader, c'est bien lui. A 25 ans, il a donc fini par troquer le blanc, qui lui colle à la peau depuis 2008, pour le jaune. Pour la première fois de sa carrière, le voilà avec la prestigieuse tunique sur les épaules. Quelque chose nous dit que ce ne sera pas la dernière.
Forcément, pour un champion dont les rêves d'enfance ont été nourris par le Tour de France, un premier maillot jaune, c'est tout sauf anodin. Il en a rêvé. Puis le rêve a tourné à l'objectif. "L’autre jour, raconte-t-il, j’ai vu le Maillot Jaune et je me suis dit 'je le veux'. C’est un rêve qui devient réalité, même si tout le monde s’attendait à ce que je le prenne. C’est tout de même quelque chose d’énorme, et je savoure ce que nous avons fait aujourd’hui. La dernière fois que j'ai porté un maillot jaune, c'était au Tour de Lorraine juniors, ça remonte à quelques années..." Sa prise de pouvoir, c'est effectivement celle d'un avènement annoncé. Pas de surprise ici. La seule question est de savoir s'il portera encore le "tricot" jaune comme il le dit, sur les Champs-Elysées, le 25 juillet.
Un nouveau rapport de forces
Mardi, le jeune Luxembourgeois a en tout cas confirmé qu'il était bien le seul à pouvoir priver Alberto Contador d'un troisième sacre. "Sans être arrogant, je pense qu'Alberto et moi, nous sommes un peu au-dessus, juge-t-il. Les autres n'étaient pas trop forts aujourd'hui." C'est ce qu'il y a de formidable avec le cadet des Schleck. Il déborde de confiance et de naturel. Il n'a pas honte de dire ce qu'il n'a pas honte de penser. Quand il annonce qu'il est "dans la forme de sa vie", vous pouvez le croire. Quand il dit que Contador et lui sont un cran au-dessus de tout le monde, il énonce simplement une vérité. Et pour l'instant, dans ce duel au sommet, il mène la danse. 41 secondes, ce n'est pas grand chose. Il n'empêche. Le rapport de forces n'a plus rien à voir avec ce qu'il était il y a un an. Schleck était alors le dauphin de Contador, et tout le monde savait pertinemment que rien ne pourrait inverser cette tendance. Ce n'est plus le cas. "Par rapport à l'an dernier, la différence tient à ce qu'il ne me prend pas de temps", souligne-t-il.
Mais s'il veut aller au bout de son rêve et devenir le premier vainqueur luxembourgeois depuis Charly Gaul en 1958, Schleck sait pertinemment que faire jeu égal avec Contador en montage risque fort de ne pas suffire. L'ultime contre-la-montre, la veille de l'arrivée, ne lui sera pas favorable. Alors il promet de ne pas jouer les épiciers. Ce Tour, il fera tout pour le gagner. "Je dois prendre des risques dans les Pyrénées si je veux gagner le Tour. Quitte à le perdre, admet le leader de Saxo Bank. Parce que si j'arrive dans le dernier chrono, avec 41 secondes d'avance sur lui, ça va être compliqué. Je ne dis pas que ce serait impossible, mais j'aimerai mieux avoir davantage de marge."
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Andy Schleck Alberto Contador Tour 2010 9. Etappe
Crédit: dpa
"Tout se passe comme prévu"
C'est pour cette raison que mardi, sur les pentes surchauffées de la Madeleine, il a tenté à quatre reprises de lâcher Contador. Quatre tentatives vaines. Un jeu à haut risque, d'après l'intéressé. "J'étais peut-être un peu trop sûr de moi, car sur ma dernière accélération, je me suis vraiment mis dans le rouge, avoue-t-il. Je me suis presque lâché moi-même. S'il m'avait contré à ce moment là, ça aurait pu être compliqué pour moi." Mais le Madrilène n'a pas contré. Par choix? Schleck n'y croit pas: "A mon avis il n'avait pas les jambes pour me contrer. Sinon, il l'aurait fait. C'est un coureur offensif Alberto." Un avis partagé par Bjarne Riis. "Alberto n'avait pas les moyens de distancer Andy, estime le manager danois. Leur intérêt, c'était de collaborer. Ce ne sera pas toujours le cas..." Sous-entendu, l'heure de la grande explication finale viendra en son temps. Comme le maillot jaune.
Toujours ce fameux "plan" dont Schleck et Riis parlent depuis des jours. Un plan millimétré, qui explique qu'il n'ait pas attaqué plus tôt dimanche à Avoriaz, alors qu'il se sentait si bien. Certains lui reprochent d'avoir laissé filer une occasion mais, pour l'instant, il faut bien admettre que sa situation est avantageuse. Elle lui donne le sourire. "Jusqu'ici, tout se passe un peu comme prévu. J'ai gagné une étape, et j'ai le maillot jaune. C'est parfait. Surtout, je n’ai plus qu’un seul gars à surveiller." Mais ce gars, ce n'est pas n'importe qui. La dernière partie du plan, qui consiste à le mettre hors d'état de nuire, sera aussi la plus difficile à mettre en œuvre.
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2010 Tour de France Andy Schleck Contador
Crédit: Reuters
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