Evans a tout perdu

Cadel Evans n'en a plus sous le coude. Et pour cause, celui-ci présente un trait de fracture. Personne ne le savait au départ de la 9e étape où l'Australien arborait fièrement son maillot jaune glané dimanche malgré une chute au départ. Même ses coéquipiers n'avaient pas été mis dans la confidence de ce que les radios, passées en toute discrétion lors de la journée de repos lundi à Morzine-Avoriaz, avaient révélé. "On a essayé un poker menteur mais ça n'a pas marché", reconnaissait le directeur sportif de BMC John Lelangue. Evans lui-même, au départ de l'étape, confiait à Eurosport que la Madeleine n'était pas "si dure que cela".

Ces cachoteries n'ont malgré tout pas résisté aux pentes du col hors-catégorie. A 40 km de l'arrivée, alors qu'il en manquait dix pour le sommet de la difficulté majeure du jour, Cadel Evans a cédé. Très vite, il a perdu 30 secondes puis des minutes entières. Son visage livide semblait trahir une énorme fringale. En fait, "une douleur trop forte" comme il le révèlera plus tard à l'arrivée, en larmes. Au sommet de la Madeleine, c'est avec dix minutes de retard sur les hommes de tête et près de huit sur le duo Contador-Schleck que le maillot jaune est passé. Sur la ligne à Saint-Jean-de-Maurienne, un peu plus de huit minutes.

Désormais relégué à 7'47" au classement général, l'Australien, que tout le monde voyait une troisième fois sur le podium - au pire - cette année, a perdu toutes ses chances. "Evidemment que c'est fini, expliquait-il abattu à l'arrivée. Tout allait si bien, je suis désolé de laisser tomber pour la victoire. L'équipe a été fantastique et c'est à moi de finir le travail. Malheureusement, je n'ai pas pu le faire. Quand on porte le maillot jaune dans le Tour, qu'on soit bon ou non, il faut être là mais je n'étais pas à mon niveau. Je souffre chaque jour sur le vélo, je le fais avec plaisir. Mais là, c'était trop".

Un épisode qui n'est pas sans rappeler 2008 quand l'Australien, maillot jaune, avait chuté dans les Pyrénées. A croire que les deux ne sont pas faits pour s'entendre. La suite cette année, elle, se conjugue en pointillé. "On va évaluer comment ça se passe quand il tire sur le guidon, on verra au jour le jour. Le médecin décidera", annonce John Lelangue qui ajoute que son coureur sera "forcément démotivé". Les chances de voir l'Australien rallier Paris sont donc minces. Et s'il ne veut pas compromettre le reste de sa saison, et notamment la défense de son titre de champion du monde chez lui, fin septembre, Cadel Evans ferait bien, comme au poker, de se coucher.