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La guerre des nerfs

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 18/07/2010 à 20:33 GMT+2

Andy Schleck et Alberto Contador n'ont pas voulu se livrer la bagarre attendue dimanche dans la première étape pyrénéenne. Parce qu'ils sont très proches l'un de l'autre, ils tentent de se pousser à la faute. Jusqu'ici, personne n'a cédé. Le premier qui craquera aura perdu le Tour.

2010 Tour de France Contador Andy Schleck

Crédit: AFP

Le premier round pyrénéen a fait pschitt. Un coup pour rien. Andy Schleck garde la main et le maillot jaune. Alberto Contador reste à 31 secondes et chacun des deux grands favoris du Tour a affiché sa satisfaction à Ax 3 Domaines. Tout le monde est content, même si le spectacle n'a pas forcément été à la hauteur des attentes. Ces deux-là ont décidé de se marquer de près, quitte à jouer avec leurs nerfs et avec les nôtres. Conscients d'être très proches l'un de l'autre, ils misent autant sur le facteur psychologique que sur l'aspect physique pour faire craquer l'autre.
Dimanche soir, Schleck et Contador étaient tous deux convaincus d'avoir réalisé une bonne opération. Andy, d'abord. Sur le fond comme sur la forme. Parce qu'il s'est tenu à son fameux plan, évidemment. "L'idée, aujourd'hui, c'était de rester avec Alberto", explique-t-il. Le Luxembourgeois estime d'ailleurs qu'il est le principal bénéficiaire de cette "passe d'armes". "Alberto souhaitait me lâcher, reprend-il, mais il n'a pas pu le faire. Ca me donne beaucoup de confiance en moi pour la suite. Je suppose qu'il ne doit pas être heureux parce qu'il espérait prendre le maillot jaune, ou au moins un peu de temps. Je ne sais pas ce qu’il pense, mais à mon avis il n’est pas enchanté par la façon dont l’étape s’est déroulée. Il a perdu du temps sur Sanchez et Menchov, et il n’a pas pu en gagner sur moi." Et vice-versa, serait-on tenté de répondre au maillot jaune...
Contador: "Avec Andy, on se contrôle"
Mais au-delà des aspects comptables, Schleck était surtout satisfait de ne pas avoir cédé dans le bras de fer psychologique qu'a voulu lui imposer son rival. "Il y a eu comme une guerre psychologique entre nous, note le leader de Saxo Bank. Dans l'avant-dernière ascension (Port de Pailhères), son équipe roulait, il était à côté de moi avec Vinokourov. Ils voulaient que je fasse quelque chose. Son équipe voulait me donner l'impression qu'il était mal. Mais dans le passé j'ai déjà commis l'erreur de me mettre devant lui: il partait de derrière et me lâchait. J'ai appris de mes erreurs." Dans le clan Schleck, on se frotte donc les mains. "Andy avait l'air fort et il a fait exactement ce que nous espérions de lui", sourit Bjarne Riis.
Alors, Contador est-il vraiment aussi contrarié que le prétend Schleck? Pas vraiment. Dans le coin d'en face, la banane est également de sortie. C'est vrai, le tenant du titre n'a pas pu sortir son challenger de sa roue, malgré deux tentatives dans le Plateau de Bonascre. Il a rapidement compris que toute tentative serait vaine. Il a donc remis à plus tard la grande bagarre, en accord semble-t-il avec son rival. "Avec Andy, on se contrôle l'un l'autre. On était plus ou moins au même niveau, on s'est mis d'accord. La dernière montée n'était pas assez dure pour faire des différences." Mais Contador semble penser que le temps joue pour lui, avec la perspective du contre-la-montre entre Bordeaux et Pauillac, la veille de l'arrivée. Sur 52 kilomètres quasiment rectilignes, il se verrait bien gober les 31 secondes qui le séparent de Schleck. Alors, attaquer pour attaquer... "Il faut arriver à trouver une solution pour passer devant, sachant qu'il existe une ultime option, c'est d'attendre le contre-la-montre, rappelle le manager d'Astana, Yvon Sanquer. Avec 30 secondes de retard, Alberto n'est pas forcément dans une mauvaise position avant ce chrono."
A l'attaque lundi?
Tout le monde est donc content. Tout le monde est persuadé d'avoir raison. Mais il y en a forcément un des deux qui se trompe, un des deux qui se voit trop beau, trop fort. Si le statu quo devait perdurer jusqu'à la sortie des Pyrénées, il parait tout de même raisonnable de penser que Contador aura l'avantage, même si Schleck aura le maillot jaune depuis dix jours. Ce sera le paradoxe de la situation. D'ailleurs, en dépit de sa confiance, Andy sait pertinemment qu'il ne pourra éternellement rester aussi attentiste que dimanche. "Si je veux gagner le Tour, il faut que je prenne des risques", admet-il. Alors, quand? Va-t-il jouer son va-tout dans le Tourmalet jeudi? Ce serait très périlleux. "De gros challenges nous attendent dans la dernière semaine. Pour nous, il faudra savoir lancer l'attaque au bon moment", lâche simplement Riis, mystérieux. Peut-être faut-il lire entre les mots d'Andy Schleck et comprendre que l'offensive est pour lundi dans le Port de Balès, quand il dit: "J'attaquerai le moment venu et je suis sûr que l'étape de demain (NDLR: lundi) sera différente".
Espérons-le. Pour nous comme pour eux, car à ce rythme-là ils vont finir par jouer avec le feu. Dimanche, leur "collaboration", comme dit Contador, les a amenés à laisser filer Samuel Sanchez et Denis Menchov, respectivement 3e et 4e du général. Ils n'ont perdu que 14 secondes qui ne changent pas fondamentalement le rapport de forces au classement. Mais par leur attitude, ils ouvrent la porte. Même si, pour l'instant, c'est vrai, il n'y a pas de danger immédiat. "Pour le moment, juge le maillot jaune, Menchov et Sanchez ne sont pas un danger, j'ai encore un peu de temps pour jouer. C'est sûr que j'aimerais mieux avoir Armstrong devant moi dans un col que Menchov, parce qu'Armstrong est à 20 minutes. Mais aujourd'hui, ce n'était pas un danger."
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2010 Tour de France Contador Schleck

Crédit: AFP

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