Le calvaire d'Armstrong

Lance Armstrong a vécu dimanche la pire journée de sa carrière sur le Tour de France. Après avoir chuté à deux reprises, l'Américain a bu la tasse dans les deux ascensions majeures de cette 8e étape. Il a terminé à plus de 11 minutes d'Andy Schleck. Il accepte la réalité avec une certaine fatalité.

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C'est une image que l'on n'avait encore jamais vu dans le Tour de France depuis que Lance Armstrong en était devenu le personnage central en 1999. Le Texan avait connu quelques rares moments pénibles au cours de son règne (Joux-Plane en 2000, Ax en 2003), puis une défaite l'an dernier pour son retour sur la Grande Boucle, lorsqu'il avait dû s'incliner devant Contador et A.Schleck. Mais jamais il n'avait vécu une telle déchéance. Une journée maudite où rien ne va, où tout vous abandonne, où vous n'êtes plus qu'une ombre, presque anonyme au milieu des autres. Ce 11 juillet 2010 restera comme la fin d'une époque, celle où Lance Armstrong comptait parmi les prétendants au maillot jaune.
Le septuple vainqueur du Tour de France a terminé dimanche à la 61e place de l'étape, à 11'45" du vainqueur, Andy Schleck.  Qui aurait pu prévoir une telle catastrophe? Dans le clan RadioShack, dimanche soir, on accusait le coup. Mais l'explication était toujours la même: les chutes. "Il est tombé deux fois aujourd'hui, rappelle Alain Gallopin. La deuxième est arrivée au pire moment, à quelques kilomètres du col de la Ramaz. On a été obligé de décimer l'équipe pour le faire revenir. On l'a ramené au pied du col, mais c'était difficile après pour lui." Pour Johan Bruyneel, manager de la formation américaine, Armstrong ne pouvait plus lutter. "Ce sont les chutes qui ont ruiné ses chances. Il n'a pas été battu sur sa valeur physique, mais par la malchance. Contre ça, on ne peut rien faire. Comme si tout devait aller de travers. La crevaison des pavés, la chute aujourd'hui, l'effort pour revenir qui a fait très mal, c'était trop." Pour le Belge, qui a été de tous les triomphes du Boss, la pilule est dure à avaler.
"Je vais essayer de prendre du plaisir"
Quand il a lâché prise, avant même le milieu de l'ascension de la Ramaz, Armstrong, maillot abîmé et dossard déchiré, a compris qu'il allait passer une sale après-midi. "Dans La Ramaz, poursuit Bruyneel, il a vu que ce n'était pas possible. Il a dit qu'il lui était impossible de développer la puissance maximale." Pourtant, au sommet, il ne pointait qu'à une minute du groupe Contador. Il était mal embarqué, mais on était encore loin du naufrage d'Avoriaz. Meurtri dans son corps, Armstrong a ensuite cédé dans la tête. Bruyneel en convient: "Une fois que Lance a vu qu'il était derrière, qu'il ne pouvait pas revenir, il a baissé les bras." On a alors découvert un L.A. méconnu sur le Tour. Un petit sourire blasé par moments, et une forme de nonchalance devant la fatalité.
Très entouré à l'arrivée, l'Américain a accepté sans broncher la sentence. "Mon Tour est fini", a-t-il d'abord lâché, avant de préciser sa pensée pour éviter une mauvaise interprétation de ses propos. "Ça ne veut pas dire que je vais abandonner. Je reste. Je vais en profiter, je vais essayer de prendredu plaisir, de soutenir l'équipe, je ne me plains pas. C'était une mauvaise journée, c'est sûr. Au début pourtant, ça allait, je me sentais fort. Et puis, il y a eu un rond-point avant la montée (la Ramaz). Je suis tombé, j'ai tapé assez fort et c'est difficile de se remettre après une chute pareille. Tout le monde était déjà en train".
Dans le peloton, beaucoup semblaient gênés à l'idée d'évoquer la claque reçue par l'ancien maitre du Tour. Andy Schleck fera part de sa tristesse. Cadel Evans se dit désolé, comme Ivan Basso. Christian Prudhomme, lui, fait part de sa surprise. "Je ne m'attendais pas du tout à le voir finir aussi loin. Mais deux chutes dans une étape aussi difficile, c'est beaucoup pour un seul homme. On sait aussi qu'il a souvent eu du mal sous de fortes chaleurs. Beaucoup  de coureurs sont très fatigués. Pour le général, il n'a plus de rôle à jouer. Mais il ira peut-être chercher une victoire d'étape." A bientôt 39 ans, Armstrong va devoir panser ses bleus au corps et à l'âme. Il va passer une drôle de journée de repos...
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