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Le retour d'un vétéran

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 07/07/2010 à 23:34 GMT+2

A 36 ans, Alessandro Petacchi est l'un des derniers représentants de l'espèce des sprinters longs. Dans la tradition des puissants funambules, le Spezian, qui semblait marquer le pas ces dernières saisons, s'est imposé à Reims, trois jours après s'être adjugé le premier sprint massif du Tour.

CYCLING 2010 Tour de France Alessandro Petacchi Podium

Crédit: Reuters

Giuseppe Saronni a eu le nez creux. En proposant à l'intersaison un contrat à Alessandro Petacchi, libéré par le retrait de la formation LPR, le manager général de l'équipe Lampre a réalisé une excellente affaire. A l'époque, les sceptiques étaient pourtant nombreux. Face à la domination de Mark Cavendish, quasiment intouchable l'an dernier dans le sillage d'un train à son entière dévotion, et face à l'émergence de Tyler Farrar, le Spezian n'apparaissait pas comme une valeur d'avenir ou même une alternative crédible pour le présent. Son triste abandon sur le Giro, dans un anonymat peu en phase avec son riche palmarès, n'avait fait que renforcer ce sentiment largement partagé par les observateurs et même les tifosi qui s'étaient subitement pris de passion pour le prometteur Sacha Modolo.
Considéré par beaucoup comme l'un des derniers dinosaures des sprints à l'ancienne, le Ligurien avait pourtant réussi à surprendre Mark Cavendish lors de l'étape de Trieste sur le Tour d'Italie 2009 mais ce succès acquis tant avec la tête qu'avec les jambes était passé quasiment inaperçu. Dimanche, la succession de chutes qui avait laissé sur le flanc nombre de ses rivaux avait donné du grain à moudre à ses détracteurs. Pour eux, Petacchi n'avait eu qu'à profiter des circonstances de course pour aller chercher un bouquet au rabais. Mercredi, son éclatante démonstration Boulevard Pasteur à Reims a confirmé son retour au premier plan, si tant est qu'il l'ait un jour quitté. "Je ne suis pas comme un petit vieux, comme certains l'ont dit", tonnait-il revanchard au terme d'un déboulé qui rappelait l'autorité qu'il avait affiché sur le Giro 2005 où il s'était adjugé 9 victoires.
"J'ai préféré anticiper"
A l'image de son succès de l'an dernier à Trieste, Petacchi a su déstabiliser un Cavendish, dont la nervosité et le manque de confiance transparaît davantage chaque jour, en lançant le sprint de très loin. Aux 300 mètres, l'Italien s'était isolé sur la gauche de la chaussée. Tandis qu'il se montrait en mesure de conserver sa vitesse de pointe jusqu'à la ligne, son rival britannique, pourtant bien emmené par le fidèle Mark Renshaw, ne parvenait pas à le remonter. Las, dépité et sans doute vexé de n'être plus que l'ombre de lui même, la terreur de l'an dernier s'est ensuite relevée laissant ainsi le champ libre à un nouveau succès du vétéran transalpin.
Fort d'une puissance lui permettant de garder sa vitesse plus longtemps que ses rivaux, le coureur italien compense un déficit d'explosivité par rapport à la dernière génération des ténors de la dernière ligne droite en lançant précocement son emballage. "Je n'avais rien à perdre, je ne voulais pas laisser partir Cavendish, j'ai préféré anticiper", expliquait ainsi le vainqueur du jour sitôt la ligne franchie. Là où Farrar s'échinait l'an dernier à prendre la roue de la bombe de l'Île de Man sans jamais parvenir à le remonter, Petacchi a bien compris que pour battre le Britannique, il fallait le déstabiliser.
Sept ans après son impressionnant quadruplé sur les routes de la Grande Boucle, l'homme aux 150 bouquets s'affirme donc comme le sprinteur le plus réaliste et le plus opportuniste de ce Tour de France 2010. S'il n'est pas forcément le plus véloce, il est le seul à avoir jusqu'ici été capable de lever les bras au terme d'un sprint massif. "Je suis vraiment content, deux étapes sur le Tour, c'est important à ce moment de ma carrière", appréciait-il à l'arrivée tout en évitant soigneusement d'évoquer des objectifs plus ambitieux pour la suite de l'épreuve. Dauphin de Thor Hushovd au classement par points, le Spezian pourrait pourtant rêver du maillot vert à voix haute. Conscient de ses limites en montagne, il se refuse pour le moment à en évoquer l'hypothèse. Il se souvient qu'en quatre participations sur le Tour il n'a vu les Champs-Elysées qu'à une reprise (2001). A 36 ans, conscient que, malgré une vista retrouvée, sa fin de carrière approche, Petacchi préfère vivre au jour le jour. Pour le moment, ça lui réussit.
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CYCLING 2010 Tour de France Alessandro Petacchi

Crédit: AFP

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