Schleck: "Je reviendrai"

Annoncé battu d'entrée, avant même d'enfourcher son vélo de chrono, Andy Schleck a pourtant dû y croire. Un peu. Disons jusqu'à la mi-course. Toujours devancé de huit secondes samedi matin, le champion du Luxembourg du contre-la-montre 2010, a finalement concédé 31 secondes à Alberto Contador à l'arrivée de la 19e étape, entre Bordeaux et Pauillac. Dimanche, au départ du 20e et ultime opus de cette 97e Grande Boucle, c'est avec un retard de 39 secondes qu'il franchira la ligne sur les Champs-Elysées. 39 secondes. Soit le temps concédé à l'arrivée de la 15e étape après son saut de chaîne dans le Port de Balès. N'allons pas plus loin. Le raccourci est trop facile...

"Andy a fait un chrono sensationnel. Il a commencé en douceur avant de trouver son rythme. C’était tout simplement incroyable avec un tel vent. Il a été tout près de prendre le maillot, mais sur les derniers kilomètres, Alberto a été un petit peu plus fort", a estimé son manager Bjarne Riis, juste après l'arrivée. "Il ne fait aucun doute qu’Andy a fait le contre-la-montre de sa vie et je suis extrêmement fier de lui", a rajouté le Danois. Pourtant, quand on regarde le classement de ce chrono girondin, il n'y a pas de quoi s'emballer. 44e à plus de six minutes (6'14") de son coéquipier Fabian Cancellara, Schleck n'a jamais roulé dans les temps des meilleurs.

S'il a, un temps, titillé Alberto Contador, c'est uniquement parce que l'Espagnol n'a pas été à la hauteur de son statut de bon rouleur. Parti à 15h59, très vite (trop ?), le Luxembourgeois s'est donné à fond. Virtuellement, il est même revenu à deux secondes de l'Espagnol au 18e km. Il a sûrement dû faire douter son adversaire. C'est un fait. "J'ai fait les 40 premiers kilomètres très vite, j'ai perdu plus de temps dans les derniers kilomètres. J'ai toujours dit que j'allais me battre jusqu'à la fin. C'est ce que j'ai fait. J'ai toujours dit que j'avais progressé mais pour battre Contador, mais ce n'est pas facile", a expliqué celui qui termine pour la 2e fois de suite à la 2e place du Tour. Vainqueur à Morzine-Avoriaz et au Tourmalet, Andy Schleck a finalement reconnu la supériorité de son rival ibère : "J'ai tout essayé, je ne pouvais pas le battre, mais je suis content, j'ai gagné deux étapes".

Estime-t-il avoir des regrets ? "Peut-être, si je regarde des petits trucs. Mais le Tour dure trois semaines, il faut être bien tous les jours. Dans la montagne, je pense qu'on était au même niveau. Le prologue ? Je l'ai raté à 110 pour cent (NDLR :122e à 1'09" de Cancellara, et à 0'42" de Contador). Dans le Tour, c'est le résultat final qui compte." Maillot jaune pendant six jours, vainqueur pour la troisième fois de rang du classement du meilleur jeune, Andy Schleck a promis de prendre sa revanche : "Je reviendrai l'an prochain pour gagner. Alberto n'est pas imbattable". Le rendez-vous est pris. Et de conclure, comme un avertissement pour l'avenir : "Si Frank avait été là, on aurait eu un jeu différent..."