Thor avait raison

Frustré par la neutralisation de l'arrivée à Spa lundi, Thor Hushovd s'était promis de prendre sa revanche à Arenberg. Bien vu. L'Enfer des pavés, ce fut pour ses rivaux. L'étape, c'était pour lui. Le vert aussi. Et il n'est pas décidé à laisser filer le maillot si facilement.

2010 Tour de France Thor Hushovd

Crédit: AFP

Le peloton était prévenu: Dans la mythologie scandinave, il ne faut jamais déclencher la colère du dieu Thor, sous peine de provoquer une tempête qui rappellerait sa puissance. Vingt-quatre heures après avoir critiqué le choix des favoris de neutraliser l'arrivée de l'étape à Spa, Thor Hushovd a fait parler la foudre à Arenberg. "S'il y a un dieu du vélo, il m'a entendu et il m'a peut-être aidé aujourd'hui", s'amusait-il à l'arrivée."Ce matin, j'étais parti en me disant que j'allais à la guerre", explique le Norvégien. Se faire mal, se battre et terrasser l'ennemi: voilà une mission à la portée de l'ogre de Cervélo. Et encore plus quand il s'est senti frustré la veille par Cancellara et consorts, lésé d'une victoire qu'il pensait pouvoir rafler.
Pour atténuer sa peine, Hushovd a pu compter sur une équipe à son service. Jamais le Scandinave n'a réussi à accrocher Paris-Roubaix, autrement qu'en catégorie espoirs (1998). Ses équipiers Cervelo lui ont offert une mini-réplique lors de cette 3e étape. "Je suis super content de gagner cette étape, un 'mini Roubaix', s'enthousiasme-t-il. L'équipe a été parfaite, je veux vraiment lui rendre hommage. Mes équipiers étaient très motivés et m'ont beaucoup aidé pour être dans la meilleure situation possible."
Ce succès, son huitième sur les routes du Tour de France, a sans doute une saveur bien plus particulière que les précédents. "Quand je suis tombé au printemps, c'était difficile de revenir en forme. J'ai beaucoup souffert au tour de Suisse, explique l'ancien coureur du Crédit Agricole après sa fracture de la clavicule. Ici, j'ai retrouvé le rythme.Gagner aujourd'hui sur les pavés, ça signifie beaucoup pour moi." Après Sylvain Chavanel à Spa, un autre grand blessé du début de saison signe son retour.
Une étape cochée depuis longtemps
L'étape d'Arenberg était cochée depuis très longtemps sur l'agenda de Cervélo."C'est une grande victoire. C'est l'étape que nous voulions absolument remporter, admet Jean-Paul van Poppel. Chaque coureur savait ce qu'il avait à faire et il l'a fait impeccablement. Et le vainqueur du jour de confirmer: "J'avais marqué cette étape depuis longtemps et c'est super que ça ait marché. Je suis ravi. J'avais besoin de rester à l'avant du peloton pour éviter les problèmes. C'est ce que j'ai fait et j'ai gagné. Je suis très fier."
Pour en arriver là, la formation helvetico-canadienne a parfaitement joué sa partition. Venue avec une équipe dont la majorité des coureurs s'était déjà testé sur Paris-Roubaix, elle a d'abord laissé la Quick Step du maillot jaune faire le travail derrière l'échappée. Quand la Saxo Bank est passée à l'offensive dans les 80 derniers kilomètres, elle a remonté son champion et pris des relais. Histoire d'annoncer rapidement la couleur aux Cancellara et autres spécialistes des pavés. "Notre gars avait le gros moteur aujourd'hui - pas celui dans le vélo, mais dans ses jambes!", plaisante Andreas Klier. C'est une grande victoire pour Thor et pour l'équipe. Nous avions été malchanceux hier (lundi). Aujourd'hui compense toute cette déception." Un sentiment partagé par un autre coéquipier: "La victoire est toujours bonne. Quand vous ou l'un de vos coéquipiers gagne, vous oubliez tout ce qui s'est passé la veille ou le mois précédent", confie Ignatas Konovalovas.
Toute sa rage de Spa, Hushovd a su la transformer en énergie pour partir en reconquête. "C'était super de gagner avec le maillot de champion de Norvège, mais je suis heureux car j'ai aussi maintenant le maillot vert." Un double objectif en partie rempli mardi pour le natif d'Arendal et une logique enfin respectée selon Van Poppel. "Ce n'était qu'une question de temps, souligne le directeur sportif de Cervelo. Car Thor a été le meilleur coureur des quatre premiers jours." Et le Scandinave n'est pas décidé à s'arrêter en si bon chemin "Je veux en ramener un troisième à la maison", prévient-il. Contrecarrer ses plans déclenchera sans doute une nouvelle colère. Ce n'est jamais bon signe !
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