Nibali gagne au panache, Quintana secoue Froome

Le Tour a enfin donné sa pleine mesure vendredi dans les Alpes. Finies les échappées victorieuses, les cadors ont pris les choses en main. Vincenzo Nibali, parti à l'offensive dès la Croix-de-Fer, s'est imposé en solitaire au sommet de la Toussuire. Une victoire à l'orgueil du tenant du titre, qui se bonifie au fil des jours. Il se rapproche du podium. Nairo Quintana, lui, se rapproche de Chris Froome. Les deux hommes forts de ce Tour ont complété le podium du jour dans cet ordre, le Colombien reprenant une bonne trentaine de secondes au maillot jaune. De quoi entretenir un soupçon de suspense avant le bouquet final de l'Alpe d'Huez, samedi.

On saura d'ici 24 heures si ce Tour 2015 peut encore basculer. Avant cette dernière grande étape de montagne, Quintana est revenu à 2'38" de Chris Froome. Cela laisse tout de même une marge confortable au Britannique, qui a néanmoins affiché ses premiers signes de faiblesse. Vite isolé, privé d'un Geraint Thomas qui a explosé et quitté le Top 10 du classement général, le leader de la Sky a dû se résoudre à laisser filer son principal adversaire lorsque celui-ci a attaqué à 5 kilomètres de l'arrivée. On ne saura jamais combien Froome aurait perdu si Quintana avait attaqué plus tôt...

Vincenzo Nibali, lui, ne se pose pas ce genre de questions. Le Requin de Messine, distancé au général depuis ses déboires de la première semaine et des Pyrénées, n'a plus rien à perdre. Il a pris la poudre d'escampette dès la partie finale de la Croix-de-Fer, au moment même où Chris Froome connaissait un souci mécanique. Les autres favoris n'allaient jamais le revoir. Un peu plus loin, après le Mollard, Nibali a rejoint le dernier rescapé de l'échappée du jour, Pierre Rolland.

Deuxième la veille derrière Romain Bardet, le grimpeur d'Europcar a pu rêver à une deuxième victoire à la Toussuire, après celle de 2012. Mais Nibali était trop fort. Dès les premiers lacets de la montée finale, sur la portion la plus dure, Rolland a dû se résoudre à laisser partir le Requin de Messine. Ce dernier était fort, mais il peut, comme Froome, se réjouir de l'attaque tardive de Quintana. Sans quoi son succès d'étape aurait pu être menacé.

C'était en tout cas la journée des hommes forts. Nibali, Quintana et Froome étaient une jambe au-dessus de la mêlée. Romain Bardet et Thibaut Pinot, juste derrière ce trio de feu à la Toussuire, n'étaient pas mal non plus. En revanche, certains ont bu la tasse. Geraint Thomas, on l'a dit. Mais aussi Warren Barguil, relégué à un quart d'heure à l'arrivée. Le Français sort lui aussi d'un Top 10 où s'ancrent Rolland (10e) et Bardet (9e) avec en prime, pour ce dernier, un maillot à pois sur les épaules qu'il devra défendre samedi. Décidément, l'Alpe d'Huez promet peut-être plus encore qu'on ne pouvait l'espérer.