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Tour de France 2015 - Vidal : "Petit à petit, la Toussuire veut s’inscrire dans la légende du Tour"

François-Xavier Rallet

Mis à jour 24/07/2015 à 08:56 GMT+2

Pour la troisième fois de son histoire, la Toussuire accueille vendredi l’arrivée d’une étape du Tour. Jean-Pierre Vidal, le président du comité de Savoie, nous explique l’importance d’un tel évènement pour un domaine qui ne compte que 2500 habitants à l’année.

Pierre Rolland lors de sa victoire à la Toussuire en 2012

Crédit: AFP

Après 2006 et 2012, la Toussuire accueille pour la troisième fois une arrivée du Tour de France. Comment expliquez-vous une telle récurrence ?
JEAN-PIERRE VIDAL : On entretient d’excellentes relations avec A.S.O et Christian Prudhomme. La proximité des cols fait aussi qu’on a des étapes spectaculaires. L’enchaînement des difficultés apporte du spectacle et ça permet de faire de très belles étapes. En 2006, on s’est positionné pour la première fois. Avant 2002, sur le plan sportif, la Toussuire n’était pas forcément connue, même s’il y avait eu Jean-Noël Augert avant (champion de ski et oncle de Vidal). Aujourd’hui, on mise sur le sportif pour notre communication. Tous nos budgets sont axés là-dessus. C’est un choix qui a été fait il y a quelques années et c’est un choix payant, car ça nous offre une vitrine médiatique mondiale.
La Maurienne est une terre de champions de ski, mais c’est aussi une terre de cyclisme donc…
J-P.V. : C’est vrai qu’avec Saint-Jean-de-Maurienne, on a la capitale mondiale des cyclogrimpeurs. On revendique ça. La station mise beaucoup sur le vélo l’été car on pense que c’est un bel axe de développement. C’est à la proximité de nombreux cols. Il y a beaucoup de cyclos qui viennent pratiquer ici. Et puis, on sent qu’il y a un véritable engouement pour la pratique du vélo en loisir. On l’a vu notamment sur l’Etape du Tour (qui a eu lieu le 19 juillet dernier). Il y avait 15 000 participants. C’était du jamais-vu. En un mois, les inscriptions étaient complètes. Cela nous fait dire que le site de la Maurienne plaît aux cyclistes. Il y avait plus de 120 nations représentées. Ça permet de faire une belle communication pour l’hiver. C’est une clientèle qui peut aussi revenir nous voir et découvrir notre région.
Vous avez participé à cette Etape du Tour. Comment ça s’est passé ?
J-P.V. : Moi, j’ai mis 7h15’ (pour faire les 138km). Le vainqueur a mis 4h50’. J’étais dans mon jardin (rires), donc ç’a été. Ça m’avait permis de bien me préparer. Je connaissais toutes les difficultés. J’ai réussi à bien les enchaîner sans avoir de gros coups de barre. Car ça sera la difficulté de cette 19e étape, vendredi. On a vu des participants mettre plus de 12h pour finir l’étape. Ça reste un véritable exploit sportif. Et puis, il y a eu ce jour-là, 30 000 personnes à la Toussuire (NDLR : le domaine des Sybelles compte 2500 habitants). C’est énorme.
En tant que président du comité de Savoie, quel rôle jouez-vous dans la sélection de la Toussuire comme ville-étape ?
J-P.V. : Grâce au comité, on met à disposition d’A.S.O de nombreux bénévoles. On a beaucoup de représentants des 80 clubs savoyards qui donnent un coup de main sur l’Etape du Tour et sur celle des pros. Ces évènements, sans l’aide de ces bénévoles, seraient difficiles à organiser. Sur l’attribution, on se positionne, on essaye d’être récurrent, comme l’a été l’Alpe d’Huez pendant plusieurs années. Petit à petit, on commence à s’inscrire dans la légende du Tour. C’est en tout cas ce qu’on veut. On espère encore un scénario fou vendredi.
Et quels sont les atouts de votre station ?
J-P.V. : La montée finale n’est pas forcément très compliquée, mais ce qui est difficile, c’est l’enchaînement des difficultés. Et puis on a la chance d’avoir des routes de desserte pour pouvoir monter à la Toussuire. Cela nous permet d’avoir un maximum de public et de vite désenclaver quand l’ensemble des professionnels veulent vite changer d’étape et redescendre de la Toussuire. Ce sont des atouts importants.
En termes de retombées économiques, ça représente quoi pour la station ?
J-P.V. : C’est l’évènement de l’année. On se retrouve avec des taux de remplissage équivalents aux vacances de février. C’est exceptionnel pour l’été. Ça repositionne la montagne l’été. On était en perte de vitesse ces dernières années. On perdait de la fréquentation. Et depuis qu’on a misé sur le vélo, ça redonne de l’activité. Ça re-dynamise le secteur. La montagne a un second souffle. Les retombées sont vraiment importantes. Elles sont quasiment multipliées par dix avec un passage du Tour.
On sait que ça coûte cher d’accueillir une étape du Tour. Beaucoup de villes organisent à perte. Est-ce le cas de la Toussuire ?
J-P.V. : C’est vrai qu’il y a un investissement à faire au niveau de la collectivité publique. En revanche, ce qu’on ne peut pas évaluer, ce sont les retombées financières par professionnels présents sur la station, des hébergeurs. Si on fait le total de tout ça, c’est une organisation qui s’équilibre. Ce qui est un peu immatériel, ce sont les retombées en termes d’images. En notoriété, c’est un succès. Sur le plan touristique, on attend encore 30 000 personnes. Rien qu’à la Toussuire.
Concernant le parcours de cette 19e étape, le col du Chaussy, le premier du jour, est un nouveau-venu. Vous pouvez nous le décrire ?
J-P.V. : C’est un inédit. On a dû faire des travaux sur le haut de la route et sur la descente, qui est très étroite. On a connu quelques inondations dernièrement. On a dû remettre la route en état mais là, elle est de nouveau parfaitement goudronnée. Après, ce ne sont pas des pourcentages énormes mais ce qui est difficile, c’est qu’entre Saint-Jean-de-Maurienne et le début de Chaussy, il n’y a que deux kilomètres. Les choses sérieuses vont commencer quasiment dès le kilomètre zéro. C’est un col moins difficile que le Glandon mais il va forcément user les organismes.
Le profilde la 19e étape
Le col du Glandon est situé au km 80. Vous imaginez une explication des favoris aussi loin de l’arrivée ?
J-P.V. : C’est un col qui propose de gros pourcentages. Après, il n’y a plus de portions de plat jusqu’à l’arrivée, pour s’abriter. Celui qui passe en tête avec un peu d’avance sera difficile à rattraper, sur le Mollard puis sur la montée de la Toussuire.
Froome possède près de trois minutes d’avance au général sur Quintana. Ce Tour est-il joué ?
J-P.V. : Je pense. Vu l’avance de Froome, on le voit mal ne pas finir en jaune à Paris. Mais rien n’est impossible. Un coup de fringale peut vite arriver. On l’avait vu en 2006 avec Floyd Landis. Là, on est sur un Tour assez hors-normes par rapport aux dernières éditions. Les leaders peuvent subir des défaillances. Regardez Van Garderen, mercredi. On arrive sur des enchaînements qu’on n’a pas connus en fin de Tour. Les pros ont des organismes très marqués. Attention aux défaillances.
En 2012, Pierre Rolland s’était imposé à la Toussuire. Une victoire française, c’est un scénario qui peut se reproduire selon vous ?
J-P.V. : On aimerait beaucoup. La Toussuire est partenaire de l’équipe AG2R-La Mondiale donc on souhaite une victoire de Romain Bardet. Il connait très bien le secteur car il s’entraîne ici depuis le printemps. J’espère que ça lui donnera encore des idées. Après, il y a Thibaut Pinot. Il est de retour en forme, malgré sa chute de mercredi. On y croit à fond en tout cas.
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Pierre Rolland en 2012

Crédit: AFP

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