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Thierry Gouvenou : "Je regarde la carte de France et j'imagine plein de choses pour le parcours"

Benoît Vittek

Mis à jour 28/06/2016 à 00:26 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Thierry Gouvenou, numéro 2 de la Grande Boucle, passe son année le nez plongé dans les cartes et la tête dans le guidon pour obtenir le meilleur tracé possible. Une mission quasi-impossible à laquelle l'ancien coureur prend un plaisir sincère depuis trois ans.

Thierry Gouvenou, directeur de course du Tour de France

Crédit: Panoramic

Thierry Gouvenou est le premier à l'admettre : ses efforts au moment de tracer le Tour de France en font un Sysiphe de la Grande Boucle. "Il n'y a pas de formule parfaite," admet l'ancien coureur de Big-Mat, aujourd'hui numéro 2 du Tour. Ça ne l'empêche pas de rouler sa bosse avec plaisir et expertise dans les rangs d'ASO. Mais les routes sillonnées depuis 1903 par la plus grande des épreuves cyclistes offrent tant de possibilités, recèlent tant de secrets… Et il y a tant de critères à respecter : sportifs, politiques, économiques, historiques… Heureusement, à défaut d'un cahier des charges précis et définitif, il existe bien quelques points cardinaux pour guider le dessinateur de grands tours.

Conjuguer mémoire et science de la course

Les premières clefs du parcours, c'est le directeur du Tour Christian Prudhomme qui les détient. "Il connaît toutes les villes candidates, il est en contact permanent avec les élus et il a une très bonne mémoire pour les anniversaires, ces moments où on peut commémorer ou mettre en avant certains lieux et événements, explique Gouvenou. Ça permet de définir un certain nombre de départs et d'arrivées. Et là je rentre en ligne de compte."
Le directeur de la course cherche à relier les différents éléments de parcours qui déterminent un premier canevas un an et demi avant le Tour. Il trace les grandes lignes jusqu'au mois de juin. Recalibre le parcours au mois d'août, en fonction de ce qui aura été observé en juillet. Puis rend sa copie au mois d'octobre, lors d'une grande conférence de presse de présentation du Tour. Son objectif : offrir des terrains variés et piégeurs pour déverrouiller les stratégies de course.

Devenir maître-géographe

Un avion en retard, et voilà Thierry Gouvenou qui dégaine GPS et carnet de notes. Même en vacances, il ne décroche pas. "Ma compagne m'a fait la remarque : 'Mais qu'est-ce que tu fais, on part à l'étranger et tu prends la carte de France ?' Moi, je regarde la carte, avec les reliefs, et ça me fait un bouquin, j'imagine plein de choses", explique-t-il, sincèrement stimulé par la perspective de dénicher la route la plus adaptée pour relier deux villages de l'Aude.
Mais c'est bien sur le terrain que s'acquiert le teint halé caractéristique des hommes qui accompagnent ou anticipent la course sur les routes. "On est sollicité en permanence par des gens qui nous disent : 'Il faut que vous veniez voir cette route !' Sur un Tour de l'Avenir, on avait fait une arrivée aux Saisies. Et là quelqu'un m'a amené voir le Signal de Bisanne, qui n'a jamais été grimpé sur le Tour. C'est dur, avec les mêmes pourcentages et le même kilométrage que l'Alpe d'Huez, ça va être une belle surprise sur ce Tour."

Faire des tests grandeur nature pour mieux innover

Que donnera, en course, une route qui semblait si séduisante loin du fracas du Tour de France ? Rien de mieux que de lancer des coureurs dessus pour se faire une idée. "On peut faire des tests sur le Dauphiné ou le Tour de l'Avenir avant d'aller sur le Tour", explique Gouvenou. L'arrivée au Parc des oiseaux de Villars-les-Dombes (étape 14) était au programme du Dauphiné l'an dernier (victoire de Bouhanni). Les expériences menées sur d'autres épreuves peuvent également inspirer les organisateurs du Tour, qui sont allés chercher l'an dernier les Lacets de Montvernier bien connus des suiveurs du Tour des Pays de Savoie.
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Lacets de Montvernier

Crédit: Imago

Croiser les doigts

"Quand les coureurs exploitent au maximum le parcours que tu proposes… tu dors bien le soir, t'es heureux." Thierry Gouvenou a connu pareil bonheur dès le premier Tour qu'il a tracé, en 2014, avec un grand spectacle sur les pavés d'Arenberg ou dans les Vosges. Et puis, il y a les fois où ça fait plouf. "L'année dernière, vers Le Havre, on espérait des bordures et on se retrouve avec un vent de face, ça se finit en sprint alors que dans nos têtes le peloton devait se scinder." Dieux du vent, saints de la course, patrons du peloton : Thierry Gouvenou compte désormais sur vous.
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