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Les débats du Tour : Quel scénario pour l’étape de vendredi ?

Laurent Vergne

Mis à jour 14/07/2017 à 08:18 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à deux membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Jeudi, retour sur l'étape de Peyragudes et notamment sur la perte du maillot jaune par Chris Froome. Et si, paradoxalement, le Britannique s'en était bien sorti ?

Fabio Aru et son équipe Astana dans le peloton du Tour 2017

Crédit: Getty Images

Froome a-t-il joué à qui perd gagne ?

Par Laurent Vergne
Je ne suis pas loin de penser que, dans l'optique de la victoire finale, Chris Froome a signé la meilleure opération du jour. Un Tour de France, comme un match de foot ou de rugby, se gagne sur ses temps forts, mais aussi sur ses temps faibles. C'en était manifestement un mercredi pour le Britannique. Mais il a su minimiser les pertes. Oui, il a cédé son maillot jaune, mais si c'est mauvais pour l'ego, ce n'est pas forcément un souci du point de vue tactique. Etre 6 secondes derrière ou 14 secondes devant, ça ne change pas grand-chose, surtout avec le chrono de Marseille la veille de l'arrivée.
La force de l'équipe Sky a masqué la faiblesse de Froome jeudi. Sans ses hommes, peut-être aurait-il été attaqué un peu plus tôt dans la montée finale de l'altiport et s'il lui avait fallu produire un premier effort, voire un deuxième, sous la flamme rouge par exemple, il l'aurait peut-être payé davantage encore dans la dernière rampe. Son affaissement a-t-il tenu à la nature du terrain, très abrupt, ou à un problème plus grave ? On le saura dans les jours à venir. Mais sur le Tour, j'ai le souvenir d'avoir déjà vu un Froome très à l'aise sur des pentes très fortes, à Huy ou à la Planche des Belles Filles…
Par François-Xavier Rallet
Il y a une morale dans cette 12e étape : Chris Froome est un très bon acteur. Toute l’étape durant, le triple vainqueur a fait rouler son équipe. Mikel Landa, principal lieutenant du Britannique depuis le retrait de Geraint Thomas, a accompagné son leader quasiment jusqu’au bout. Michal Kwiatkowski et Mikel Nieve, qui a mis le clignotant à 1,8km seulement de l’arrivée, n’ont pas ménagé leurs efforts non plus. Pour quel résultat ? Une 7e place à l’arrivée et la perte du maillot jaune de leur leader.
Pour beaucoup, le Britannique voulait s’imposer à Peyragudes. Je le pense aussi. L’an dernier, il avait fait le show dans la descente pour s’imposer. Cette fois-ci, il a coincé. Quoi qu’on en dise. Et ne me faites pas croire que Froomey a fait exprès de céder sa tunique de leader à Fabio Aru pour mettre la pression sur les épaules de l’Italien. Je n’y crois pas une seconde. Ce n’est pas dans son habitude. Quand Froome prend le maillot sur la Grande Boucle, il le garde jusqu’aux Champs-Elysées.
En revanche, il a dû rapidement s’apercevoir que ça allait être plus compliqué que prévu. Et le rythme imprimé par ses hommes avait pour but d’empêcher toutes velléités offensives mais également de cacher sa faiblesse supposée. Froome n’était pas aussi fort que ce que ses adversaires imaginaient. Dommage qu’ils n’aient pas osé l’attaquer avant les 350 mètres finaux. Il y avait peut-être moyen de le déstabiliser un peu plus. Mais ça, on ne le saura jamais.
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Froome : "C'était très dur pour moi dans le final, je n'avais pas les jambes"

Aru et Astana peuvent-ils assumer le maillot jaune ?

Par Laurent Vergne
Recevoir le maillot jaune, surtout pour la première fois, est un cadeau magnifique dans une carrière. Mais c'est un cadeau empoisonné. Un des prédécesseurs italiens de Fabio Aru, Claudio Chiappucci, garde un souvenir douloureux du poids du maillot jaune. Lors du Tour 1990, l'Italien s'était retrouvé prisonnier de ce statut, et son équipe, la Carrera, n'avait pas eu les épaules pour le porter jusqu'à la victoire finale.
Sans Cataldo, avec un Fuglsang diminué, Astana me fait un peu penser à la Carrera de Chiappucci. Même si le maillot jaune donne des ailes, les hommes de Vinokourov risquent d'avoir beaucoup de mal à supporter les responsabilités qui incombent à l'équipe du leader, alors que nous avons tout juste passé la mi-Tour. Aru va sans doute devoir trouver des alliés de circonstances. Mais par définition, cela ne se décrète pas.
Par François-Xavier Rallet
Non. Deux fois non. Fabio Aru a dû vivre un moment très fort en endossant le premier maillot jaune de sa carrière. Bravo à lui. Il ne l’a pas volé. Mais qu’il ne s’y attache pas trop car il pourrait rapidement le rendre. Une chose est sûre : Astana ne semble pas assez fournie qualitativement parlant pour l’aider à le conserver.
En tout cas, pour y parvenir, il devra se débrouiller tout seul. Mercredi, Dario Cataldo a été contraint à l’abandon. Il était important dans le dispositif de l’équipe d’Alexandre Vinokourov. Encore 5e du général avant le départ de la 12e étape mais diminué par deux (petites) fractures au poignet gauche, Jakob Fuglsang a pris une grosse claque (131e à 27’42") et a rapidement abandonné son chef de file. Malheureusement, je ne vois pas qui d’autres va pouvoir aider le nouveau leader du général.
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Fabio Aru en jaune

Crédit: Getty Images

Quel scénario pour l’étape de vendredi ?

Par Laurent Vergne
Deux éléments permettent d'espérer une étape mémorable vendredi. D'abord la nature du terrain. 101 kilomètres, c'est une audace certaine pour une étape de haute montagne. La prudence des favoris jeudi a, qui sait, peut-être aussi tenu au profil de l'étape de vendredi, où beaucoup s'attendent à une énorme partie de manivelle dès le départ, ou presque. C'est un terrain propice aux stratégies audacieuses.
L'autre point, c'est la situation au général. L'extrême faiblesse des écarts avec quatre coureurs en moins d'une minute au classement et plus encore la passation de pouvoir entre Froome et Aru fait planer un climat d'incertitude. Si l'étape devient folle de manière précoce, qui contrôlera ? Les Astana ? Les Sky ? Les AG2R ? Tout ceci pourrait fleurer bon le grand bluff. A défaut d'être vraiment spectaculaire, ce Tour, pour l'instant, a offert une grande part d'incertitude. Un contexte idéal avant la dernière étape des Pyrénées. Pour tout cela, un scénario aussi figé que jeudi serait franchement décevant.
Par François-Xavier Rallet
Je l’avoue sans honte. J’ai un rêve pour ce 14 juillet et cette 13e étape entre Saint-Girons et Foix : que ça "pète" très vite… dans le groupe des favoris au général. Le profil s’y prête : une étape compacte, avec trois cols de 1re catégorie. Bardet a d’ailleurs estimé que c’était le genre d’opus qui "écrème" encore plus. Puisse-t-il dire vrai.
Mais là où le bât blesse, c’est que la dernière difficulté du jour, le Mur de Péguère, est située loin de l’arrivée. Précisément, le sommet est à 27km de Foix. Cela devrait en calmer plus d’un. Et puis il y a le Team Sky. La machine qui contrôlera toute la journée et qui devrait tuer dans l’œuf bon nombre d’attaques des adversaires de l’ancien leader du général.
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