Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Les débats du Tour : Dan Martin, l'adversaire le plus sérieux pour le maillot jaune ?

François-Xavier Rallet

Mis à jour 17/07/2017 à 19:48 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à deux membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Ce dimanche, on évoque les tentatives de déstabilisation de Chris Froome, on s’interroge sur l’adversaire principal du Britannique et on évoque le rôle de Landa.

Dan Martin (Quick-Step) - Tour de France 2017

Crédit: Getty Images

La 15e étape était-elle la meilleure opportunité pour décramponner Froome ?

François-Xavier Rallet
Je ne le pense pas. Et ma réponse va être courte. Sur les terres de Romain Bardet, on savait que son équipe allait tenter des choses. C'était une évidence et Froome n'a pas été surpris non plus. AG2R-La Mondiale a essayé de le décramponner. Sans réussite. Les manœuvres Terre et Ciel ont eu au moins le mérite d'exister. Mais celles-ci étaient trop esseulées pour faire chuter le maillot jaune.
A mes yeux, cette 15e étape n'était pas non plus le terrain le plus propice pour y parvenir. J'attends beaucoup plus des journées de mercredi et jeudi. Dans les Alpes, ça devrait batailler sévère. Si ses adversaires veulent renverser la face de cette 104e Grande Boucle, ils devront se liguer contre le triple vainqueur de l'épreuve. Sans ça…
Jean-Baptiste Duluc
A l’exception de l’étape de Peyragudes (où il perd 22" sur Bardet) et dans une moindre mesure celle de la Planche des Belles Filles (où il concède 20" à Aru malgré sa 3e place), a-t-on déjà vu Christopher Froome réellement en difficulté dans une étape de montagne ? Non ? Que ce soit à Chambéry, à Foix ou lors des arrivées "punchy " à Longwy, Rodez ou la Station des Rousses, le Britannique n’a jamais été mis en difficulté. Il n’y a jamais vraiment pris de temps non plus mais en a-t-il seulement besoin ? Le chrono lui est favorable et il le sait. Son équipe est de loin la plus forte en montagne, surtout lorsqu’elle est sur la défensive. Alors où le décramponner ?
Déjà, sur le papier, je pensais que cette étape du Puy-en-Velay avait tout du traquenard pour la Sky avec des routes étroites, sinueuses et possiblement exposées au vent. Un peu à l’image de celle de Reus qui l’avait vu exploser sur le Tour de Catalogne (26 minutes de perdues et un podium envolé). Elle l’était d’autant plus lorsque le maillot jaune a été distancé à deux reprises, sur l’accélération des AG2R La Mondiale puis à la suite d’un problème mécanique. Froome l’a dit lui-même. Il a pensé un temps que c’en était fini, qu’il ne reviendrait pas. Preuve qu’il y avait la place de décrocher le Britannique. Mais la formation de Bardet a été la seule à bouger et n’a pas su faire la différence. Elle pourrait bien le regretter dans une semaine.

Mikel Landa peut-t-il jouer sa carte personnelle ?

François-Xavier Rallet
Dans un précédent papier, j'ai utilisé l'expression "taper du pied dans la Froomilière" au sujet de Mikel Landa et de ses possibilités actuelles. Je n'en suis pas peu fier, je l'avoue... Plus sérieusement, l'Espagnol me paraît un ton au-dessus de pas mal d'adversaires de Chris Froome, c'est un fait. A Peyragudes, on avait entraperçu la forme du moment de l'ancien équipier de Fabio Aru sur le Giro 2014 et 2015 et la Vuelta 2015. Son directeur sportif, Nicolas Portal, l'avait même tancé à ce propos, lui reprochant probablement de ne pas avoir attendu un Chris Froome en perdition.
Ce dimanche, quand il a fallu sortir le Britannique d'une mauvaise passe, Landa a de nouveau montré qu'il avait les moyens de secouer le cocotier s'il le désirait. Mais son principal problème réside dans le fait qu'il court dans la même équipe que l'actuel maillot jaune. Et qu'il n'a pas l'autorisation de contrarier l'omnipotence de son leader. Ce n'est pas dans l'habitude de la formation de Dave Brailsford. Malheureusement, sauf accident de "Froomey", Landa devra se contenter des accessits. Frustrant. En attendant de pouvoir jouer sa carte personnelle (et de changer d'équipe ?), il est en train de changer de statut. Et de conquérir l'Espagne en quête de nouvelles têtes d'affiches.
Jean-Baptiste Duluc
C’est presque une fâcheuse habitude. Sur le Tour de France, la Sky nous offre régulièrement des lieutenants tellement forts qu’ils en délogeraient presque leur leader. Froome avait déjà laissé cette impression en 2012, Porte en 2013 et Poels ces deux dernières années. Cette fois, c’est Mikel Landa qui brille aux côtés du maillot jaune. L’Espagnol, 5e du classement général et 3e du Giro 2015, est impressionnant depuis quelques étapes. De quoi inquiéter Christopher Froome ? Possible.
Après tout, l’ancien lieutenant de Fabio Aru chez Astana ne serait qu’un récidiviste. Lui qui tient une forme grandiose et, comme il le dit lui-même, a "les jambes pour gagner le Tour" ne se sent visiblement pas la même loyauté envers Froome que Porte ou Poels à l’époque. Déjà, chez Astana, en 2015, le Basque avait fait un peu course à part sur le Giro, n’attendant pas Aru dans le Mortirolo, et sur la Vuelta, où il avait préféré la victoire d’étape à Cortals d’Encamp que d’aider Aru à creuser l’écart. Bien sûr, Froome n’est pas Aru. Et l’Italien avait quand même gagné le Tour d’Espagne en 2015. Mais voir Landa jouer sa carte, même contre l’intérêt de Froome, n’a rien d’une utopie.

Dan Martin n'est-il pas l'adversaire le plus sérieux pour le maillot jaune ?

François-Xavier Rallet
Vous avez sûrement tous vu cette photo : celle du casque de Dan Martin le 9 juillet dernier, lors de la 9e étape. Vous savez celle qui a vu Richie Porte abandonner… et fait perdre 1'15" à l'Irlandais après l'avoir embarqué dans sa chute. Un temps précieux qui change beaucoup de choses pour le leader au général de Quick Step – Floors. Sans cette cabriole malheureuse, Martin serait… maillot jaune provisoire de ce Tour 2017. Pour trois secondes.
Néanmoins, je ne pense pas qu'il serait l'adversaire numéro 1 de Chris Froome. Je persiste à placer Rigoberto Uran comme principal opposant au Britannique. Très fort en montagne depuis quinze jours, il doit rester en embuscade avant le chrono de samedi prochain. Dans un bon jour, le Colombien, très irrégulier dans cet exercice depuis deux ans, peut se régaler à Marseille et tutoyer les premières places.
Jean-Baptiste Duluc
On évoque beaucoup à juste titre Romain Bardet et Fabio Aru, respectivement 3e et 2e du général. Sauf qu’on n’oublie un peu vite qu’ils sont actuellement six à moins de 1'30'' de Froome. Parmi eux, Rigoberto Uran reste tranquillement dans l’ombre, à tel point qu’on oublierait presque son succès sur le chrono de Barolo sur le Giro 2014. Mais celui qui me laisse la plus forte impression depuis le départ, c’est Dan Martin. A la deuxième journée de repos, l’Irlandais de la Quick-Step Floors ne pointe "qu’à" la 5e place du classement général, à 1’12’’ de Froome.
Sauf que la totalité de son retard, il la doit à sa chute dans la descente du Mont du Chat. Sans celle-ci, il serait maillot jaune du Tour ! Ce jour-là, il a déboursé 1’15’’ sur le quatuor Aru-Bardet-Froome-Uran. C’est la seule fois où Martin a été distancé par ses adversaires, Je vois venir ceux qui diront que le chrono le reléguera loin. C’est son point faible, c’est sûr. Mais, sur le Dauphiné, il n'a perdu que 40’’ sur Froome. Je ne le vois pas perdre plus sur celui de Marseille, pas si favorable aux gros rouleurs. Alors, bien sûr, Martin devra reprendre deux minutes au Britannique pour espérer se parer de jaune à Paris. Mais s’il y en a bien un qui est capable, c’est l’Irlandais, qui bénéficiera également d’un peu plus de liberté que les trois autres.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité