Rigoberto Uran remporte la 9e étape à Chambéry

Une journée de dingues. Entre douleur, sueur et bonheur. L'étape reine de ce Tour de France, avec ses trois hors catégorie dans les montagnes du Jura, a accouché d'un scénario entre beauté et cruauté, comme seul le cyclisme sait en produire quand il est à son meilleur. Si le Tour ne s'est pas joué dimanche, ce 9e acte a révélé les forts et les faibles. Il laisse Chris Froome leader et plus que jamais favori du Tour, après l'abandon de celui qu'il considérait comme son principal adversaire, Richie Porte.

Dans un dénouement épique, cette étape a aussi consacré Rigoberto Uran, vainqueur d'un souffle devant le malheureux Warren Barguil. Il a fallu une photo-finish, oui, une photo-finish, comme pour un sprint massif, afin de départager les deux hommes. Cruel pour Barguil, échappé toute la journée, tout le week-end, même, et qui aurait amplement mérité de s'imposer. Il y a tellement cru qu'il a levé le bras après la ligne, et versé des larmes de joie. Mais c'est bien Uran, malgré un problème de dérailleur dans les dix derniers kilomètres, qui a raflé la mise devant le Français de Sunweb, Chris Froome, Romain Bardet et les duettistes de chez Astana, Fabio Aru et Jakob Fuglsang, ces six hommes ayant formé le groupe amené à se disputer la victoire.

C'est terrible pour Warren Barguil, qui se consolera quand même avec le maillot à pois. La juste récompense de sa journée passée à l'avant. Troisième en haut du col de la Biche, puis en tête au sommet du Grand Colombier et du Mont du Chat, il a pris ses aises au classement de la montagne. Pas sûr que cela suffise à le consoler, quand même. C'est dur aussi pour Romain Bardet. L'enfant de Brioude a fait bosser son équipe toute la journée. Les AG2R, à domicile sur la route de Chambéry, se sont mis dans l'échappée et ont même tenté de secouer le maillot jaune dans la descente de la Biche.

Puis Romain Bardet a sorti un numéro dont il a le secret. Dans la descente du Mont du Chat, il a filé à l'anglaise, pour prendre jusqu'à une trentaine de secondes d'avance sur ses principaux rivaux. Il a ensuite rejoint puis déposé Warren Barguil et semblait filer vers la victoire d'étape et la bonif' qui va avec. Malheureusement, les 10 kilomètres de plat séparant le bas de la descente de la ligne d'arrivée ont condamné Bardet, repris à un peu plus de deux bornes du terme de cette étape. Pas de victoire d'étape ni de temps repris donc pour le leader d'AG2R, qui voit même Chris Froome lui chaparder quatre secondes grâce à sa troisième place...

Mais si Bardet peut avoir des regrets, il sait qu'il compte parmi les hommes forts à deux semaines de l'arrivée. D'autres ne peuvent en dire autant. D'autres ont perdu gros. Nairo Quintana, par exemple, dont la faiblesse du moment est apparue au grand jour dans le dernier hors catégorie du jour. Le Colombien a cédé 1'15" au final, tout comme le maillot blanc Simon Yates. Alberto Contador, pas loin d'être à la dérive, a lâché de son côté plus de quatre minutes. Le Castillan a fait ses 34 ans dimanche...

Puis il y a Geraint Thomas et Richie Porte. Le Gallois, principal lieutenant de Chris Froome chez Sky, premier maillot jaune de ce Tour 2017 et deuxième du général au départ de Nantua, a chuté dans la descente du col de la Biche. Abandon. Et Porte... L'Australien était fort. On l'a vu secouer le cocotier dans le Mont du Chat. Puis dans la descente, il est parti à la faute, entrainant Dan, Martin avec lui. Le leader de la BMC a heurté la roche de plein fouet. Une image violente, effrayante. Evacué conscient, Porte a pris de plein fouet la cruauté du Tour. Les regrets de Bardet ou ceux de Barguil, à côté, ne sont évidemment rien. C'était donc beau et terrible à la fois, cette étape. Il faudra bien la journée de repos pour s'en remettre. Nous, et surtout eux.