Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Romain Bardet, l'ambitieux réaliste

Laurent Vergne

Mis à jour 03/07/2017 à 11:36 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2017 – Dauphin de Chris Froome l'an dernier, Romain Bardet peut nourrir de légitimes ambitions à l'aube de cette 104e édition de la Grande Boucle. Le Français n'a cessé de monter en puissance ces dernières années. Mais peut-il gravir la dernière marche ? Il ne promet rien. Sauf de tout donner, et de tout tenter.

Romain Bardet (AG2R)

Crédit: Getty Images

C'est un drôle de sentiment. Eminemment paradoxal. Romain Bardet peut gagner le Tour de France. Quand on totalise trois Top 10, qu'on a fini deuxième à seulement 25 ans, comment pourrait-il en être autrement ? Pourtant, dans le même temps, l'accès au paradis semble toujours posséder un petit parfum d'inaccessible. Comme si imaginer un Français en jaune à Paris relevait de la pure utopie.
Ce n'est pas une marque de défiance. Simplement une réelle difficulté à matérialiser cette image. Plus que sa propre histoire, Bardet paie là les trois décennies (et un peu plus) de disette du cyclisme français sur la Grande Boucle. Après tout, malgré la récente embellie collective, aucun Français n'a vraiment été en mesure de gagner le Tour de France depuis les fameuses huit secondes de Laurent Fignon en 1989. Ni Richard Virenque, en dépit de ses deux podiums des années 1990, ni Thomas Voeckler pourtant en jaune à 72 heures de l'arrivée en 2011, ni même Jean-Christophe Péraud, Thibaut Pinot et Romain Bardet, tous trois sur le podium entre 2014 et 2016, n'ont réellement pu approcher le Graal.
picture

Bardet : "Comme beaucoup, je redoute la première semaine"

Porte, celui qui l'impressionne le plus

Mais Bardet suscite l'espoir, c'est indéniable. Après nous avoir expliqué que le successeur de Bernard Hinault n'était peut-être même pas né, il serait donc sous nos yeux. L'intéressé lui-même refuse pourtant d'entrer dans ce jeu-là. "Je ne vends pas du rêve, je ne promets pas un résultat", a lancé le jeune leader de l'équipe AG2R La Mondiale vendredi lors de sa conférence de presse d'avant Tour. "Je sais que tout le monde veut me faire dire que je veux gagner le Tour, et c'est de plus en plus le cas, poursuit-il, mais je suis d'abord là pour faire le mieux possible." Sa seule promesse ? "Comptez sur moi pour me battre jusqu'à Paris au maximum et donner le meilleur de moi-même."
Au regard de son CV de juillet, le voir en dehors du Top 5 constituerait une déception. Un deuxième podium de rang marquerait un bel ancrage sur les cimes de la hiérarchie mondiale. La plus haute marche ? A voir. "Au niveau des favoris, il y a une densité assez rare, juge le Brivadois. Beaucoup de coureurs peuvent prétendre à une place dans les dix premiers." Il en cible deux en particulier : Chris Froome, bien sûr, et son ancien porteur d'eau, Richie Porte. "Physiquement, c'est lui qui me fait la plus grosse impression, avoue-t-il. Il n'a jamais gagné un grand tour ou même monté sur le podium mais il a une équipe forte autour de lui et il a pris ses marques l'an dernier. Pour moi, il est le coureur à battre avec Froome."
picture

Romain Bardet (AG2R La Mondiale)

Crédit: AFP

Je n'ai jamais adopté de posture défensive
Et lui dans tout ça ? Il se sent plus fort qu'il y a un an. Les certitudes nées de son Tour 2016 fonctionnent comme un acquis de confiance. "En 2016, explique-t-il, j'avais annoncé que l'objectif à moyen terme serait un podium dans un grand tour. C'est venu dès l'an dernier et c'est tant mieux car ça validait toute une démarche d'entraînement, de progression, de structuration d'une équipe. Maintenant, on est arrivé à notre rythme de croisière." Son véritable objectif, plus qu'une place, plus qu'un chiffre, c'est d'afficher ce niveau de compétitivité année après année, été après été. Et voir ensuite jusqu'où cela le guidera.
Une chose est sûre, Romain Bardet ne fera pas l'épicier. Il se dit prêt à prendre les risques nécessaires pour renverser la table. Sans faire n'importe quoi, mais l'audace sera clairement son credo. "Je n'ai jamais adopté de posture défensive, rappelle-t-il. A fortiori après avoir terminé deuxième du Tour, je vais m'autoriser à prendre encore plus de risques pour le meilleur, quitte à le payer un peu plus tard. Je préfère me mettre en danger pour essayer de continuer à tutoyer les sommets. La réussite passe par l'attaque. La prise de risques doit aussi être calculée, je sais qu'il faut être patient, puisque l'année dernière j'ai construit mon podium sur les derniers jours de course." Une prudente audace, une réaliste ambition : en attendant les actes, le discours est déjà séduisant.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité