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Le paradoxe paraguayen

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 09/07/2011 à 18:18 GMT+2

Le Paraguay, adversaire du Brésil (21h), n’a pas de moyens. Et pourtant, la sélection reste l'une plus régulières du continent sud-américain. Malgré un manque flagrant d'argent ou d'infrastructures, l'équipe nationale réussit de belles choses.

FOOTBALL 2011 Paraguay - Roque Santa Cruz

Crédit: Reuters

Le stade Defensores del Chaco à Asuncion est une image désolante de la situation du football Paraguayen. C’est un bloc de béton qui se fissure de toutes parts et qui, fatigué par le temps, a fini par craquer. En janvier 2009, une petite tribune s’est effondrée lors d’un modeste tournoi interrégional. Bilan : 2 morts et cinq blessés graves. L’affaire a fait grand bruit au pays, scandalisé une bonne part de l’opinion publique, mais au final, la justice est restée muette. Aucun coupable ni responsable n’a été trouvé, ni jugé. Ce stade, qui accueille tous les matchs de la sélection Albirroja appartient à la Fédération Nationale (APF). C’est un cas presque unique au monde. C’est comme si le Stade de France appartenait à la 3F. Et lorsqu’on connaît la puissance de frappe des instances dirigeantes du football au Paraguay et la place qu’elle occupe dans les cercles du pouvoir, on peut se dire que cette décision est tout, sauf étonnante.
Le Paraguay est, en effet, l’un des pays les plus corrompus de la planète. En 2004, Transparency International, une organisation de la société civile de lutte contre la corruption, a classé le petit pays sud-américain au 6e rang mondial des pays les plus corrompus du monde. Et le football, bien entendu, n’est pas épargné. La APF, présidée par Juan Angel Napout, est en crise permanente. Certains membres de l’opposition se sont offusqués, il y a un an, de l’opacité des comptes de cette entité. A cette époque-là, le Paraguay, qui avait atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde, pour la toute première fois de son histoire, avait reçu pour son parcours, quelques 10 millions d’euros de gains. Et selon ce groupe d’opposants, cette somme, énorme, pour l’un des pays les plus pauvres du continent, n’a pas été entièrement reversée dans le football paraguayen. Et pourtant, il en aurait bien besoin. Car, le football local, qui a eu ses heures de gloire, est en pleine crise. Ses meilleurs clubs, Olimpia, Libertad, Cerro Porteño ou Nacional ne sont que l’ombre d’eux-mêmes.
Corruption et centralisation
Cette année pourtant, une petite éclaircie a mis du baume au coeur des “hinchas” paraguayens, puisque le Cerro Porteño du jeune Iturbe (qui a signé au FC Porto), s’est hissé jusqu’en demi-finales de la Copa Libertadores. Ce n’était plus arrivé à un club Paraguayen depuis cinq ans. Ces clubs aux infrastructures qui tombent en ruines ont beaucoup de mal à trouver des sponsors généreux et à remplir leurs caisses. Alors ils vendent au plus offrant et le problème c’est que le réservoir de joueurs n’est pas infini non plus, car, sur plus d’un million de footballeurs (sur 6 millions d’habitants) recensés par la FIFA, seuls 90 000 d’entre eux sont licenciés. La plupart d’entre eux vivent à Asuncion, capitale du pays et du football local (9 des 12 clubs de première division sont à Asuncion). Ce déséquilibre notoire est un frein au développement d’un football local qui n’arrive à suivre la dynamique impulsée par sa sélection.
Alors, les joueurs partent, de plus en plus jeunes, chercher fortune à l’étranger. Sur les 23 sélectionnés à cette Copa America, seuls cinq footballeurs évoluent au pays. En 2010, lors du parcours héroïque des Guaranis à la Coupe du Monde, ils n’étaient que 4 dans le même cas. Aujourd’hui, pour intégrer la sélection, mieux vaut aller voir ailleurs. Mais lorsqu’ils partent, c’est pour mieux revenir, car enfiler le maillot de l'Albirroja est encore un honneur et un véritable motif de fierté. En sélection, les internationaux sont tous sur la même longueur d’onde. Ce sont d’exceptionnels guerriers qui ne s’avouent jamais vaincus. Et sous la houlette de Gerardo Martino, les Santa Cruz, Barrios, Baretto and co sont entrés dans l’histoire.
Un outsider ?
Car, c’est là tout le paradoxe, si la crise couve au Paraguay, la sélection, elle, n’a jamais été aussi stable. Le “Tata” Martino, qui est un disciple de Marcelo “el loco” Bielsa, est en poste depuis 2007. C’est exceptionnel au Paraguay, un pays qui a connu sept sélectionneurs en 15 ans. Le travail de Martino porte donc ses fruits depuis plus d’un an. Le Paraguay est toujours un bloc très difficile à manoeuvrer, avec des défenseurs expérimentés et durs sur l’homme, des milieux travailleurs et techniques et des attaquants de classe mondiale, comme Lucas Barrios, Roque Santa Cruz et Nelson Haedo Valdez. Cette équipe, très solide, a envie de prouver, en Argentine, que son quart de finale au Mondial n’était pas le fruit du hasard. Et que les Guaranis, qualifiés quatre fois de suite à la Coupe du Monde, pouvaient être une menace sérieuse, un candidat potentiel au titre qui aimerait mettre un terme à l’hégémonie argentino-brésilienne…
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