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National, zone sensible

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 11/04/2012 à 11:39 GMT+2

Pour la première fois dans l'histoire de la Coupe de France, deux clubs de National (3e échelon) sont dans le dernier carré. Mais si les épopées du Gazelec d'Ajaccio et de Quevilly sont belles, le quotidien du championnat est moins rose pour les 20 clubs, coincés entre foot pro et amateur. Enquête.

Quevilly

Crédit: AFP

"Une grenouille vit un boeuf; Qui lui sembla de belle taille; Elle, qui n'était pas grosse [...] s'étend, et s'enfle et se travaille; Pour égaler l'animal en grosseur [...] S'enfla si bien qu'elle creva." Cette fable de La Fontaine, c'est un peu l'histoire des clubs de National à qui l'on demande de ressembler à des pros sans en avoir les moyens. Coincés entre la Ligue 1 et L2, et le monde amateur pur jus, les pensionnaires de la troisième division française survivent plutôt qu'ils ne vivent. Ils sont tiraillés entre des charges qui s'apparentent à du semi-pro, notamment sur les contrats, et une organisation amateur pour le reste. Avec l'obligation de "pratiquer le système D" comme nous l'a confié le président de Quevilly, Michel Mallet, pour faire "des économies partout".
Vivre en équilibre sur un fil entraîne chaque saison son lot de chutes. L'an dernier, quatre rétrogradations administratives ont été prononcées pour difficultés financières. Cette saison ce sont donc huit promus de CFA dont Epinal, quatrième actuellement (Epinal, le National au quotidien), qui ont découvert l'antichambre du monde professionnel ou plutôt, son purgatoire. Parmi eux, le club normand de Quevilly et les Corses du Gazelec d'Ajaccio, sensations de la Coupe de France qui disputeront les demi-finales mardi et mercredi, face à Rennes et Lyon. De belles aventures comme seule la Vieille Dame sait en créer. Mais c'est surtout l'occasion d'attirer enfin un peu la lumière et de sortir d'un quotidien morose, où l'absence de caméras se le dispute à des stades clairsemés.
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FOOTBALL 2012 Quevilly-Marseille (Valero)

Crédit: AFP

Des budgets pas en relation avec les dépenses
Le problème de ce championnat, c'est qu'il est amateur dans les textes. Seuls les clubs qui descendent de Ligue 2 peuvent conserver leur statut pro. Deux ans, parfois plus, ce qui limite leur nombre à six sur une saison. Evidemment, pas de droits télé car pas de diffusion. Ses ressources? L'aide des collectivités, les sponsors et la billetterie. La première tend à décroitre, la seconde n'est pas légion du fait du manque de visibilité et de certains bassins économiques peu soutenus. Quant à la troisième, elle n'est pas au rendez-vous, contrairement à nos voisins anglais ou espagnols dont les affluences ressemblent parfois à celles de la Ligue 1 (Les D3 du Big Four). "C'est le principal handicap du National, note Michel Mallet pour qui les clubs doivent donc "se démener pour joindre les deux bouts".
La raison de ces difficultés, de ce "déséquilibre dans l'organisation économique" comme le souligne le président du Red Star, Patrice Haddad (Lire l'interview), c'est que les clubs de National ont un train de vie de professionnels ou presque. Ils doivent couvrir toute la France mais "les budgets ne sont pas en relation avec les dépenses que procurent ces déplacements là", avoue par ailleurs Mallet. Et comme le niveau sportif s'élève avec la venue régulière d'anciens pros, les clubs sont obligés de compléter leurs effectifs d'amateurs avec des contrats fédéraux (entre 1600 et 1700 bruts par mois, parfois jusqu'à 3000). "Les règlements, la qualité des joueurs font qu'il est difficile d’être purement amateur car il y a des matches en semaine, le vendredi soir...", ajoute-t-il.
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Red Star Haddad

Crédit: Eurosport

Une diffusion sur internet?
Cette distorsion fait dire à Patrice Haddad que le National est déjà "professionnel de fait mais pas dans sa pratique." Faut-il, comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Angleterre qu'il le soit pour de bon et officiellement? "Pour intéresser des télés et avoir des retombées, il faut d’abord qu’il y ait un public", explique Mallet qui reprend sa casquette de membre du comité exécutif à la FFF chargé des compétitions nationales. "Il y a une ambiguïté car ce championnat se porte bien sur la partie sportive". Au Red Star, on propose une autre solution. "Je suis un fervent défenseur de la médiatisation de cette division, explique Haddad. Internet serait un support essentiel dans ce cadre-là. On ne peut pas avoir accès aux recettes équivalentes à un club professionnel sans une médiatisation."
Pour cela, il faudrait que la Ligue et surtout les clubs déjà professionnels acceptent de céder une partie de leurs droits à au moins 18 clubs supplémentaires, ce qui n'est pas gagné. Le National est-il condamné à rester le c... entre deux chaises? Pour Patrice Haddad, qui cite en exemple Cannes descendu après huit années de National, c'est impossible, notamment sur le long terme. "C'est un mouroir économique. Ce championnat doit être un passage rapide." Un chiffre illustre son propos et l'impossibilité des clubs à résister dans cette configuration: 13 sur 20 sont là depuis 2010 seulement. Beauvais et le Paris FC, les plus anciens, depuis 2006.
GAZELEC-LYON EST A SUIVRE DES 20h45 EN DIRECT SUR EUROSPORT ET EUROSPORT PLAYER
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