Le CS Meaux, une belle histoire à écrire face aux Verts en Coupe de France

Pour un club qui n’a jamais évolué chez les professionnels, Meaux a vu passer dans ses rangs quelques joueurs d’élite. Avant de devenir champion du monde en 1998, l’ancien défenseur Frank Leboeuf avait fait un crochet par la Seine-et-Marne. Son coéquipier chez les Bleus, Robert Pires, a réservé une surprise de taille la semaine dernière à l’entraîneur Samir Salah et à ses joueurs en passant une journée à leurs côtés afin de réaliser un spot pour un sponsor de la Coupe de France (à voir sur Eurosport). En ce début d’année, le club meldois est en effet l’une des belles surprises de la compétition après un 32e de finale victorieux face au Portel (1-0), autre pensionnaire de Division d’honneur. Meaux a laissé le costume de petit poucet à Mende (DHR) mais il aura la chance d’affronter une Ligue 1, Saint-Etienne, mercredi en 16es. "Les 12.000 places du stade Dominique-Duvauchelle de Créteil partent très bien." "Si on continue comme cela, on jouera à guichets fermés", se réjouissait avant le match le président Eric Danty, fier d’être l’un des deux derniers représentants de sa région aux côtés du Paris-Saint-Germain.

Malgré les conditions météorologiques difficiles de ces derniers jours, la rencontre n’est pas en danger. La pelouse de Duvauchelle sera bâchée pour permettre aux Meldois de vivre pleinement ce jour historique face aux Stéphanois. Le club, qui n’a connu que la Division 3 dans les années 1980 comme plus haut échelon national, a déjà atteint à deux reprises les 16es de finale de la Coupe de France. Avec deux éliminations à la clé : face à Sète (D2) en 1976 et Strasbourg (D1) dix ans plus tard. Autant dire que les coéquipiers du capitaine Raphaël Lacaille, qui ont débuté l’épreuve en juin et disputé neuf matches jusqu’à présent, peuvent devenir de véritables héros et les nouvelles coqueluches de la Vieille Dame. "On peut marquer l’histoire du club et c’est une vraie motivation pour les jeunes. C’est un rêve exceptionnel. Les Verts, ils sont mythiques sur le plan national. On ressent un peu de pression. Les médias nous suivent et pour préparer le match, on ira à Disney où les joueurs auront le droit aux massages et au repas d’avant match comme de vrais pros. La ville nous accompagne et tout le monde nous suit." Les Meldois ont reçu la visite du maire, Jean-François Copé, qui a promis d’être présent lors du match face aux Foréziens.

"Je suis un vieux philosophe. J’ai beaucoup voyagé et je prends tout ça avec beaucoup de recul. Il faut positiver. Le reste, c’est de la littérature", assure Eric Danty, qui remercie au passage tous les bénévoles de son club, la Ligue de Paris et la Fédération française de football. Le président, ancien goleador professionnel passé par Reims et Sedan notamment, espère avant tout que cette exposition médiatique et la manne financière de la Coupe de France permettront à son club de grandir. L’arrivée d’un directeur technique serait la bienvenue comme celles d’éducateurs plus aguerris. Une convention avec Disneyland a permis à cinq joueurs du club de se faire embaucher dans le célèbre parc d’attractions de Marne-la-Vallée. Six autres pourraient suivre dans les trois ans à venir. L’effectif de Samir Salah est composé de jeunes de la région dont un ancien pensionnaire du centre de formation de Lorient et un ancien défenseur de Villemomble en National. Eric Danty, à la tête du club depuis quatre ans, se remémore son passé de joueur pour entrevoir le futur : "On a gagné le championnat de France de D4 en 1979-1980 face à Clermont-Ferrand. Ce club a su prendre la bonne trajectoire car ils sont en Ligue 2 (14e) aujourd’hui contrairement à nous. On veut être un club formateur et on mérite d’être au moins en CFA. On se donne le temps pour avancer et on espère être en CFA 2 d’ici trois ans."

Pour le moment, ses joueurs occupent la dernière place de leur championnat en Division d’honneur Paris-Ile de France. A leur décharge, ils comptent quatre matches en moins à cause de leur parcours en Coupe. Leur retard pourrait s’accentuer en cas de nouveau succès face à Saint-Etienne mercredi. Le président Danty ne s’avoue pas vaincu avant le coup d’envoi : "Le ballon est rond pour tout le monde. C’est une grosse artillerie en face et les pros vont venir pour jouer même si leur qualification pour la finale de la Coupe de la Ligue est un soulagement pour eux. Au départ, c’est du 50/50 mais il faut marquer un but de plus que l’équipe adverse comme me le disait Robert Jonquet (ancien défenseur international et 3e de la Coupe du monde 1958 avec les Bleus)." Une qualification pour les huitièmes de finale serait une première depuis 2002 pour un club de DH (l’US Montagnarde éliminée par l’AS Monaco) et assurément l’un des plus grands exploits de la Coupe de France qui raffole de ce genre de contes de fées.