Rouen-OM: Morgan Amalfitano se rebiffe

A l'OM, Morgan Amalfitano fait partie des taiseux. Ce n'est pas un joueur qui apprécie beaucoup la lumière des médias. Mardi, le milieu de terrain marseillais a pourtant décidé de rompre le silence. Face à la presse, il a voulu mettre les choses au point. "Je n'ai rien dit et on a parlé à ma place, a-t-il expliqué pour justifier sa sortie médiatique. Je veux rétablir certaines choses". Placé sur la liste des transferts par certains observateurs de la vie du club marseillais, Amalfitano a tenu à préciser qu'il ne souhaitait pas quitter l'OM. "Je suis Marseillais, a affirmé l'ancien joueur de Lorient. La vérité, c'est que je ne possède pas de bon de sortie comme l'a très clairement indiqué José Anigo. Après, je suis comme tous joueurs du championnat pendant le mercato. Il y a toujours des possibilités concernant un éventuel départ. J'en fais partie, c'est normal. On ne peut jamais savoir dans le football..."

Amalfitano n'a donc pas envie d'aller voir ailleurs. Et il ne se sent pas non plus poussé vers la sortie. Reste néanmoins que son statut s'est fragilisé au fil des mois à l'OM. Il est passé d'international tricolore en février dernier à remplaçant de luxe ces dernières semaines. Pour expliquer ce trou noir, le milieu de terrain marseillais brandit la carte de la blessure. "Durant les deux mois qui ont précédé Noël, j'ai été embêté avec mon genou, détaille-t-il. J'avais du mal sur les appuis alors que c'est ma force habituellement. Mon genou avait gonflé et me faisait mal. C'était gênant pour défendre et percuter devant". Elie Baup valide les propose de son joueur. "Il n'est pas du tout remplaçant, tonne l'entraîneur marseillais. Il a joué avec un problème au genou mais personne n'en parle. Il est dur au mal et il a lutté contre la douleur. C'est pour ça qu'il n'a pas débuté certains matchs. Mais on l'a quand même poussé à jouer..."

Conscient qu'il a tiré sur la corde, Amalfitano regrette de ne pas avoir pris plus de temps pour soigner sa blessure. "Mon genou ne gonfle plus, poursuit-il. Mais si j'ai joué blessé et que j'ai été moins performant, c'est ma propre faute. J'ai serré les dents. Je ne lâche pas. Peut-être que j'aurais dû m'arrêter. Comme ça, on n'aurait rien dit..." Car la mise en retrait d'un des cadres de l'équipe coïncide avec l'arrivée de plusieurs joueurs au mercato. Foued Kadir et Modou Sougou ont posé leur valise à Marseille cet hiver. Et ils possèdent des profils similaires à celui d'Amalfitano. "Là aussi j'ai vu des déclarations à propos de ces transferts, reprend-il. Mais ça n'était pas les miennes. C'est gênant. Parce que dire que je crains cette concurrence, c'est quand même marrant... Quand je suis arrivé à l'OM, il y avait Lucho, les frères Ayew, Rémy, Valbuena. Depuis, je pense que j'ai démontré mes qualités. Ça me booste car je n'ai peur de rien. Depuis que je suis arrivé à Marseille, je n'ai pas l'habitude de lâcher. J'affronte tout le monde." Droit dans les yeux, Amalfitano s'apprête à regarder ses concurrents et peut-être aussi son coach...

Derrière cette prise de parole se cache également la volonté de reprendre la main. Amalfitano ne se sent pas bien dans le schéma tactique actuel (4-2-3-1). Et il l'a fait savoir. "J'ai toujours prôné le 4-3-3, reprend-il quand on lui demande son système de jeu favori. Lorsque j'étais à Lorient avec Christian Gourcuff, c'est là que j'ai été le plus performant, notamment dans la passe. Maintenant, je me suis adapté à de nouveaux systèmes. Mais on a toujours envie de retrouver son vrai poste. J'aimerais bien me poser à ce poste-là. Après, il y a un coach. Il faut respecter ses choix. C'est ce que j'ai toujours fait. Peut-être trop jusqu'à présent..." D'où un coup de gueule qui devrait retentir jusqu'aux oreilles du principal intéressé... Pour faire retomber la pression, Baup remet l'affectif au centre du jeu. "On l'aime bien, on l'apprécie Morgan, confie-t-il. C'est un joueur qui compte beaucoup dans notre groupe. Il y a de la sincérité dans ce qu'il dit." Trop ? L'abcès est en tout cas crevé pour Amalfitano. Il a exprimé ce qu'il avait sur le cœur.

Débarrassé de ses états d'âmes, le milieu de terrain de l'OM va pouvoir maintenant se reconcentrer sur le terrain. C'est là que Baup l'attend. "A l'entrainement, je vois qu'il est dans une très bonne dynamique, affirme l'entraîneur marseillais. On a un bon joueur." Pour le relancer, le coach à la casquette pourrait lui donner du temps de jeu en Coupe de France mercredi face à Rouen. Baup a en tout cas déjà fait un pas dans le sens de son joueur puisqu'il a changé de système en fin de rencontre face à Montpellier (3-2) puis Rennes (2-2). Deux expériences réussies pour Amalfitano. "Si un changement doit se faire, ça se fera naturellement, affirme le milieu de terrain de l'OM. Je ne suis pas quelqu'un qui pleurniche. Je m'adapte." Passeur décisif à Rennes, Amalfitano retrouve petit à petit ses sensations. "Ça fait toujours plaisir de prendre sa revanche, jubile-t-il. C'est une passe de plus, tant mieux. J'espère que ça va en amener d'autres." Finalement, Amalfitano n'est jamais aussi bon que lorsqu'il se rebelle...