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Coupe du monde 2014 - France-Honduras : Le Brésil n'aurait pas imaginé son Mondial sans les Bleus

Laurent Vergne

Mis à jour 15/06/2014 à 13:45 GMT+2

L'équipe de France débute son Mondial dimanche. Elle a pourtant bien failli passer à la trappe et ne pas voir le Mondial. La terre ne se serait pas arrêtée de tourner, la Coupe du monde non plus. Mais les Brésiliens auraient regretté de ne pas accueillir les Bleus.

Patrice Evra signe des autographes à Porto Alegre (Mondial 2014)

Crédit: AFP

C'était le 17 novembre dernier. Deux jours après la défaite 2-0 de l'équipe de France en Ukraine en barrage aller, le spectre d'une Coupe du monde 2014 sans les Bleus était plus que jamais menaçant. Sortant alors de sa réserve, Ricardo Trade, président du comité local d'organisation du Mondial, s'était ému d'une telle éventualité. "Franchement, pour nous, Brésiliens, une Coupe du monde sans la France, ce serait une très mauvaise nouvelle, avait-il estimé. Nous n'avons évidemment rien contre l'Ukraine et nous l'accueillerons à bras ouverts, mais ne pas avoir la France chez nous, ce serait une mauvaise nouvelle, oui." Tout s'est bien terminé pour les Bleus. Et pour le Brésil, donc, qui, même s'il n'aurait pas annulé son Mondial pour cause de défection tricolore, l'aurait abordé avec un petit pincement au cœur.
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Laurent Koscielny, Paul Pogba et Olivier Giroud lors de leur sortie de conférence de presse à Ribeirao Prato

Crédit: AFP

Ce n'est pas la stature internationale du football français qui explique ce désir. Certes, l'absence d'un ancien champion aurait fait tâche, d'autant que la France aurait été le seul ancien premier de la classe affublé du bonnet d'âne, tous les autres (Uruguay, Italie, Allemagne, Angleterre, Argentine et Espagne) ayant assuré leur qualification. Mais il y a autre chose. Un supplément d'âme qui tisse un lien, étroit, entre les deux pays. Footballistique, mais pas seulement. Ici, quand vous dites en pleine Coupe du monde à quelqu'un que vous venez de France, l'accueil est presque toujours bienveillant et la réponse, souvent la réponse : "Ah, la France. Après le Brésil, je suis pour eux." Formule de politesse? Pas seulement. Plus un élan de sincérité. Ils vous parlent alors de Zidane, vous disant qu'il aurait "mérité" de jouer pour le Brésil. Compliment ultime.

France, Brésil, ces amis de 30 ans

A tort ou à raison, les Brésiliens considèrent qu'en Europe, le jeu français est celui qui se rapproche le plus du leur. Cette image d'Epinal remonte pour l'essentiel aux années 80. A l'époque, le Brésil, c'est celui de Tele Santana sur le banc, de Zico et Socrates (entre autres) sur le terrain. Un jeu flamboyant. Au même moment, la France, c'est celle de Platini. Les Bleus sont "les Brésiliens de l'Europe". Filiation toute trouvée. L'idée d'une équipe de France fille ainée et héritière de la Seleçao nait à ce moment-là, les deux convergeant lors du monumental sommet de Guadalajara, à l'occasion du quart de finale du Mondial 1986.
"Depuis les Coupes du monde 1982 et 1986, il y a une forme d'affection, parfois même d'admiration de la part des Brésiliens pour les Bleus", confirme le journaliste Rodrigo Barros, longtemps correspondant en Europe pour divers journaux brésilien. "Il y avait la même approche du jeu et cela a donné le plus grand match de la décennie à l'époque, poursuit-il. Le côté perdant magnifique, aussi. Le Brésil et la France, c'est probablement ce qui se faisait de mieux à l'époque. Pourtant, aucun des deux n'a été champion du monde." Depuis, les deux équipes ont compensé, remportant trois des cinq derniers titres mondiaux, et trustant cinq des dix places en finale. Le Brésil a porté son total de titres à cinq et la France a inauguré son palmarès planétaire, jouant ses deux premières finales. Mais la relation footballistique franco-brésilienne, elle, s'ancre d'abord dans les années 80.

Le non-négligeable aspect culturel

Depuis, énormément de joueurs brésiliens ont d'ailleurs évolué dans le championnat de France. Il y avait bien eu quelques expériences par le passé, comme celle de Jairzinho et Paulo Cesar à l'OM dans les années 70. Mais le phénomène s'est largement intensifié depuis. De Raï à Juninho, de Valdo à Thiago Silva, de Leonardo à Maicon, de Mozer à Anderson, de Julio Cesar à Ronaldinho, de Ricardo à, bientôt, David Luiz, on ne compte plus les grands joueurs brésiliens venus dans l'Hexagone du milieu des années 80 au milieu des années 2010.
Une vraie tradition, qui se perpétue. "Parfois, quand des jeunes joueurs ici me demandent conseil pour la suite de leur carrière et un éventuel départ vers l'Europe, je leur dis toujours de penser à la France", explique Raï, devenu en décembre dernier "ambassadeur informel" de la France au Brésil. "Que ce soit par le sport ou la culture, a-t-il dit à cette occasion, je veux continuer à tisser ce lien entre nos deux pays." L'aspect culturel joue lui aussi un rôle non négligeable dans cette affaire. "La France, chez nous, ça représente un certain niveau d'excellence, explique un supporter brésilien venu voir les Bleus s'entrainer à Ribeirao Preto. Au niveau culturel, de l'histoire, c'est un modèle. Vos monuments nous font rêver. La Tour Eiffel...""Comme le Brésil, la France est un pays très métissé, c'est un élément qui nous rapproche", ajoute une autre. Pour toutes ces raisons, les Bleus auraient manqué ici. A eux de se montrer dignes de cet hôte qui les accueille à bras ouverts.
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Premier entrainement de l'équipe de France à Ribeirao Preto.

Crédit: AFP

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