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De tactique du pauvre à arme fatale des riches : le retour en grâce de la contre-attaque

Cyril Morin

Mis à jour 22/10/2017 à 18:39 GMT+2

A la faveur des victoires d’un Real redoutable en attaque rapide et d’une victoire probante du PSG face au Bayern en s’appuyant sur la méthode (3-0), la contre-attaque est revenue sous les projecteurs. Longtemps décriée pour être l’arme des faibles, cette tactique a, semble-t-il, retrouvé une certaine dignité. Tentative d’explications.

PSG Neymar Mbappé

Crédit: Getty Images

A croire que le PSG avait découvert le feu. Au lendemain de sa brillante victoire face au Bayern Munich, tout le monde (nous y compris) ne parlait plus que de ça : la puissance des contre-attaques parisiennes. Une tactique qui, mine de rien, avait déjà connu le succès face au Barça la saison passée (4-0) mais avait été éclipsée par la fessée du Camp Nou.
Il n’empêche, la virtuosité, la rapidité et l’efficacité des attaques éclaires parisiennes avait surpris. En zone mixte, Marco Verratti avait pourtant expliqué très simplement pourquoi Paris avait succombé à cette tactique. Et, vu comme ça, ça coule de source : "La contre-attaque ? Ce n’était pas un choix mais quand tu prends l’avantage après 2 minutes de jeu, c’est normal de ne pas jouer l’attaque à tout va. […] On savait que le Bayern attaquait à beaucoup de joueurs donc quand on récupérait le ballon, on pouvait aller très vite devant".

Le Real comme modèle

Alors, la contre-attaque a-t-elle retrouvé des lettres de noblesse ? Après l’ère du tiki-taka où la possession était l’alpha et l’oméga de nombreuses équipes, les succès madrilènes des dernières années en C1, construits sur de nombreuses attaques rapides et une finition clinique, ont quelque peu changé la donne. Verratti toujours : "Cette manière de jouer, avec l’équipe adverse qui a le ballon et nous qui défendons bien, le Real l’utilise depuis deux ans et a gagné beaucoup de matches comme ça". La projection rapide, un peu laissée de côté par certains, était de retour sur le devant de la scène.
C’est le choc qu’a connu Unai Emery lors de son arrivée à Paris, comme il l’expliquait encore récemment dans So Foot. "Les premiers mois au PSG, je me suis rendu compte que les joueurs ne voulaient pas dévorer les espaces alors qu’ils en avaient l’opportunité. […] Après la récupération, on avait tendance à trop faire tourner. J’ai dû convaincre le groupe qu’il fallait qu’on puisse maîtriser les phases de contre-attaque, qui nous seraient précieuses à des moments-clés de la saison". Le tout avec une conclusion lapidaire : "Il faut que l’on maîtrise toutes les facettes du jeu". Difficile de ne pas lui donner raison quelque mois plus tard.
Raynald Denoueix ne dit pas autre chose. Pour lui, il n’y a pas de mode ou de déclaration d’amour sur le tard. Juste une question de joueurs et de qualité d’effectif. "Les contres existaient bien avant le tiki-taka. Il y a des équipes qui sont presque contraintes qu’à ne faire que ça. Quand vous êtes moins forts, il vous reste à espérer sur des erreurs adverses à contre-attaquer parce que vous n’êtes pas capable de remonter le ballon dans la moitié adverse", détaille l’ancien entraîneur nantais.
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Kylian Mbappé et Neymar

Crédit: Eurosport

Tactique du pauvre ?

La réponse est peut-être là : la contre-attaque, à tort ou à raison, a toujours été l’apanage des "petites" équipes, celles qui défendent bien et ne cherchent qu’à protéger au mieux leur buts plutôt que d’aller en marquer un de plus que l’adversaire. D’où cette perception "négative" du jeu en contre-attaque comme l’attestent encore aujourd’hui certaines plaintes sur les réseaux sociaux qui critiquent les adversaires de Paris en L1 garant le bus et tentant leurs coups lors de rares incursions. Mais, après tout, ce sont leurs seules armes.
Denoueix encore : "Dans un match, il y a un rapport de force. Donc l’équipe qui va être la moins forte, c’est celle qui aura le plus de mal à maîtriser le ballon. Plus que technique, la supériorité est tactique. Les grandes équipes se retrouvent souvent à faire des passes 'faciles'. Si elles sont faciles, c’est que tous les déplacements et les bons choix ont été faits avant". Vous l’aurez compris, le jeu de possession n’est pas mort, loin de là (en attestent les performances City ou Naples cette saison), mais la maîtrise de la contre-attaque doit être dans les armes à disposition d’une grande équipe.
Alors, peut-être que c’est le fait de voir des étoiles en contre-attaque qui attire l’œil. Ronaldo, Bale, Mbappé, Neymar : quand les stars déboulent à toute vitesse dans leurs couloirs alors qu’on a davantage l’habitude de les voir manquer d’espace et encerclé de défenseurs adverses. En réalité, opposer contre-attaque et jeu de possession n’a que peu de sens.
Si certains entraîneurs ont été mis dans des cases après des duels mémorables, comme les Clasico opposant un Barça de Guardiola à la possession exacerbée à un Real de Mourinho misant tout sur ses flèches, la signature des grands est de savoir tout utiliser. Le grand Barça de 2009 ou celui estampillé MSN ne se sont jamais fait prier pour punir des adversaires en contre. Le Paris d’Emery l’a bien compris, s’appuyant sur la force de ses deux ailiers, rapides et toujours orienté vers le jeu, pour appuyer sur l’accélérateurs. Plus que la tactique, les joueurs font à eux seuls la différence. Et, avec de tels phénomènes, ça change tout.
Des écharpes à l'effigie de Pep Guardiola et José Mourinho.
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