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Egypte : 73 morts au stade

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 02/02/2012 à 00:53 GMT+1

Au moins 77 personnes sont décédées en Egypte suite à un envahissement de terrain à Port-Said, après une rencontre entre Al-Masry et Al-Ahly (3-1) en championnat. La thèse de l'action politique planifiée dominait après les premiers éléments recueillis.

Port Said

Crédit: AFP

Les autorités égyptiennes ont porté le bilan des victimes des émeutes de Port-Saïd à 77 morts et 178 blessés, mercredi en fin de soirée, quelques heures après la fin d'un match de la 17e journée du Championnat marqué par un envahissement de terrain puis un déchaînement de violences sur la pelouse et dans les tribunes. Ce bilan est confirmé par tous les grands médias ayant des correspondants sur place, même si certains évoquent un nombre de blessés cinq fois supérieur. Le directeur de l'hôpital El-Amiry, Medhat El-Esnawy, a annoncé 11 décès dans son établissement, 50 décès répartis à patrs égales dans deux autres hôpitaux de la ville, et trois morts dans l'enceinte du stade, certains par suffocation. Le député de Port-Saïd Al-Badry Farghaly s'est ému : "C'est un massacre. Je n'ai jamais vu autant de morts et de corps inanimés en un seul endroit que ce soir."
D'après les premiers éléments recueillis, les violences ont commencé après le coup de sifflet final quand des joueurs d'Al-Ahly ont été poursuivis par des supporters du club local d'Al-Masry, qui venait de l'emporter 3-1. Des témoins ont assisté à de jets de pierres, de bouteilles et de fusées éclairantes. Une polémique a très vite éclaté en Egypte sur la passivité de la police locale face aux réglements de compte qui couvaient sur fond de tension politique. Avant la rencontre, des menaces avaient été proférées par les supporters locaux à leurs rivaux d'Al-Ahly, du Caire, club le plus titré d'Egypte (36 championnats, 6 Ligues des champions), qui a essuyé mercredi la première défaite de sa saison. Le niveau de rivalité et de violence entre groupes ultras égyptiens est connu pour être très élevé. La tension semble s'être accrue après les événements politiques qui ont chassé Hosni Moubarak du pouvoir il y a quasiment un an. Des armes blanches ont été introduites dans le stade et ont été utilisées dans des rixes selon plusieurs témoignages.
"Un de nos supporters est mort juste sous mes yeux"
"Ce n'est pas du football, c'est une guerre, les gens meurent sous nos yeux", a témoigné le joueur Mohamed Abo Treika. Pendu à son téléphone portable pour un direct sur la chaîne de son club, le joueur Mohamed Abou-Treik hurlait : "Les forces de sécurité nous ont abandonnés Elles ne nous ont pas protégés. Un de nos supporters est mort juste sous mes yeux." "J’ai pris des coups de poing et des coups de pied mais je vais bien, a détaillé de son côté l’entraîneur portugais d’Al-Ahly, Manuel José au journal A Bola. (...) Quand la rencontre s’est terminée, il y a eu une grande confusion. Plusieurs spectateurs ont pénétré sur la pelouse. J’ai vu plusieurs spectateurs blessés et beaucoup de personnes sont mortes déjà. Beaucoup sont morts dans notre vestiaire où ils s’étaient réfugiés mais ils ont succombé à leurs blessures.Les supporters étaient déjà très agités et ils avaient déjà envahi la pelouse au début du match et pendant la mi-temps. A la fin du match, c’était la folie totale. Quand ils ont tous envahi la pelouse, il n’était plus possible de contrôler quoi que ce soit. Il y avait des policiers pendant le match mais il ont tous disparu. Ils n’ont rien fait." Aucun joueur d'Al-Ahly n'est blessé selon Manuel José, alors qu'ils étaient visés que l'armée est venu assurer leur départ de l'enceinte.
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Port Said

Crédit: Eurosport

Dans la foulée, un autre match de Championnat entre Al-Ismailiya et Zamalek a été annulé au Caire, provoquant des émeutes et des incendies dans la stade. Ces chiffres placent déjà les événements de Port-Saïd parmi les dix événements les plus meurtiers de l'histoire du football. C'est le bilan le plus lourd depuis 1996 et une panique au Guatemala au stade Mateo Flores (84 morts). Le championnat égyptien est suspendu jusqu'à une date inconnue et le parlement égyptien fraîchement élu suivra jeudi une session extraordinaire. Al Ahly et Al Zamalek, les deux grands clubs du pays, ont annoncé qu'ils gelaient toutes leurs activités sportives pour protester contre le manque de sécurité dans le pays. La dimension politique du drame ne faisait plus de doute pour personne mercredi en fin de soirée. Les partisans du président déchu Hosni Moubarak sont accusés d'être responsables des violences par les Frères musulmans, vainqueurs des dernières élections. "Les événements de Port-Saïd ont été planifiés et sont un message des partisans de l'ancien régime", a affirmé le député Essam al-Erian dans un communiqué. Majoritairement loyales envers l'ancien chef de l'Etat, les forces de police sont soupçonnées de saboter l'émergence d'un nouveau régime qui se dessine au Caire.
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