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Sept ans après, la main d'Henry est "plus un sujet de plaisanterie qu'une vraie colère"

Maxime Dupuis

Mis à jour 24/06/2016 à 08:44 GMT+2

Pour la première fois depuis le fameux épisode de la main de Thierry Henry, l'Irlande revient défier la France sur ses terres, dimanche à Lyon (15 heures). Avec une forte envie de revanche. Mais sans animosité. Le temps a fait son oeuvre.

Thierry Henry

Crédit: Panoramic

11 juin 2010. Midi pétantes. Le Cap. Quartier de Green Point. A quelques heures de l'entrée en lice des Bleus face à l'Uruguay et du début du désastre, trois bonshommes verts se promènent autour de la magnifique enceinte bâtie pour la première Coupe du monde africaine de l'histoire. Vêtus de leur maillot de l'équipe nationale d'Irlande, ils croisent quelques supporters tricolores. Retrouvailles avec le sourire de l'amertume. Eux sont là. Pas leur équipe nationale. Et ils le vivent comme une injustice.
Sept mois plus tôt, l'Irlande a été victime d'une erreur arbitrale qui a constitué le premier buzz footballistique interplanétaire de l'histoire. Ere des réseaux sociaux oblige, la main de Thierry Henry lors de ce barrage retour (1-1) a engendré un déferlement médiatique inimaginable dont Diego Maradona, vingt-trois ans plus tôt, avait été épargné. Parce que si l'événement était d'une autre ampleur, un quart de Coupe du monde, la tribune médiatique et populaire n'était pas aussi étendue et même surdimensionnée qu'elle l'est devenue au XXIe siècle.

Une cicatrice pour l'Irlande... et Henry

Dans cette histoire, Thierry Henry fut aussi responsable que victime. Parce que le déferlement qui s'est abattu sur ses épaules après ce mauvais réflexe fut exceptionnel, au sens premier du terme. Tel que le principal intéressé proposa deux jours plus tard de faire rejouer le match par une lettre restée sans suite parce que la FIFA avait déjà décidé qu'il en serait autrement. Cette histoire et sa résonnance sont mêmes allés jusqu'au tirage au sort du Mondial où Charlize Theron, hôte de cérémonie, y était allée de sa petite pique lors des répétitions en lâchant un petit "Irlande" au moment où elle avait tiré la boule de la France.
Cette passe décisive de la main, à destination de William Gallas, reste une cicatrice pour le meilleur buteur de l'histoire des Bleus, qui s'est senti lâché par sa fédération, voire par son pays et certaines têtes pensantes de celui-ci. Le 18 novembre 2009, c'est lui qui a fait face aux journalistes après la partie, s'en remettant à la décision de l'arbitre. Ou à sa non-décision. Reste une image : Henry consolant le malheureux Richard Dunne au milieu de la pelouse du Stade de France. Et une sensation de malaise qui a accompagné toute la fin du match. Dans les tribunes, c'était palpable même si les supporters irlandais ont continué à faire ce qu'ils font le mieux : supporter les leurs.
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Henry et Dunne après France - Irlande

Crédit: AFP

En Irlande, il reste une cicatrice. Evidemment. Mais pas de colère. Dans les rangs des joueurs, cinq étaient sur la feuille de match le 18 novembre 2009. Robbie Keane est de ceux-ci. Il avait raté la balle de match face à Hugo Lloris et assure qu'il est passé à autre chose. Il l'a confié mercredi soir… un peu énervé de devoir ressasser cette histoire. "J’étais là en 2009, mais je n’y penserai pas une seule seconde. C’était il y a longtemps. Allez, passe à autre chose, p... !" Voilà pour les joueurs. Le sélectionneur Martin O'Neill ? C'est une motivation, "absolument".
Quid du public ? Pas besoin de fureter très longtemps sur les réseaux sociaux pour remarquer que la cicatrice n'est pas complètement refermée. Ce France - Irlande 2009, ce n'est pas leur Séville 1982. Il n'en reste pas moins que c'est une immense désillusion.
On pourrait sortir des tonnes de messages, souvent humoristiques il faut le reconnaitre, sur la revanche qui s'annonce.
Un Irlandais aurait sans doute fait la même chose
"Cette main reste un peu en travers de la gorge, c'est vrai, nous confirme Frank McNally, journaliste au Irish Times. Mais c'est délibérément exagéré. Au fond, les gens savent que le football n'est pas toujours moral. Et un Irlandais aurait sans doute fait la même chose. Mais ça nous est arrivé à nous… Du coup, nous profitons de ce droit d'être perpétuellement lésés. Quoi qu'il en soit, sept ans après, c'est plus un sujet de plaisanterie qu'une vraie colère. Après, on fera en sorte de ne jamais laisser la France, et Henry en particulier, oublier."
"C'est un des moments les plus célèbres de l'histoire du football irlandais. Mais ce n'est pas aussi traumatisant que l'épisode de Saipon quand Roy Keane avait été renvoyé de la sélection durant la Coupe du monde 2002. Le pays était littéralement divisé, se souvient Miguel Delaney, journaliste pour the Sunday Independent et ESPN. Vu la performance des Irlandais, c'était une injustice. Mais je ne pense pas que les supporters en veulent à la France. Ils souhaitent une revanche, sûr. Mais ce n'est pas une revanche teintée de colère. C'est plus un compte à régler avec Henry qu'avec la France."
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