Le turnover espagnol

Vicente Del Bosque a changé son fusil d'épaule. Après avoir emmené la Roja vers son premier titre de championne du monde avec un onze de départ quasi inamovible, le sélectionneur espagnol a décidé d'ouvrir son effectif afin de construire la suite de l'histoire de cette génération dorée. Mis en garde contre l'usure de son équipe après les deux lourdes défaites concédées en amical en Argentine en septembre (4-1) et au Portugal en novembre (4-0), l'ancien entraîneur du Real Madrid a ainsi procédé à cinq changements dans sa composition d'équipe entre les deux matchs de la semaine, pour un total de 19 joueurs utilisés. Une option victorieuse: l'Espagne a remporté ses deux rencontres contre la République Tchèque (2-1) et en Lituanie (1-3) et s'est envolé en tête du groupe I des éliminatoires de l'Euro 2012 avec six points d'avance sur les Tchèques, même si les Ibères n'ont pas encore retrouvé le jeu flamboyant qui a fait leur réputation.

L'opération turnover lancée par Del Bosque a envoyé Andres Iniesta, Sergio Ramos ou encore Sergio Busquets sur le banc à Kaunas, permettant à de nouveaux visages de s'illustrer, comme Andoni Iraola, Javi Martinez et Fernando Llorente, la connexion basque venue de l'Athletic Bilbao. Ce dernier a apporté son double mètre sur les bords de la mer baltique et offert une solution intéressante à son équipe dans le jeu aérien, d'autant que l'état déplorable de la pelouse lituanienne était loin d'être propice aux redoublements de passes courtes. Efficace dos au but et inspiré techniquement, il a été décisif sur le deuxième but espagnol, mettant la pression sur l'infortuné Tadas Kijanskas, contraint de pousser le cuir au fond de son propre but. Ses deux équipiers de club ont été bien moins en vue. Iraola n'a pris que très peu de risques offensifs sur le flanc droit de la défense et a affiché la même fébrilité que l'ensemble de ses équipiers de l'arrière-garde. Javi Martinez a lui raté quasiment tout ce qu'il a tenté, même s'il a eu le mérite d'essayer.

Autre bénéficiaire de la revue d'effectif initiée par son sélectionneur, Santi Cazorla ne s'est pas montré à son avantage, d'autant que le décalage avec celui qu'il l'a remplacé en Lituanie a été flagrant. Entré à la 67e minute de jeu, Juan Manuel Mata a sorti sa formation d'un bien mauvais pas, étant à l'origine du deuxième but de son équipe avant d'inscrire le troisième à la conclusion d'un des seuls mouvements estampillés Espana observés cette semaine. Del Bosque peut néanmoins être satisfait de son choix. Il a donné du temps de jeu à un maximum de joueurs tout en consolidant la première place de son groupe de qualification pour le prochain championnat d'Europe. Une vue à long terme qui pourrait bien porter ses fruits dans les prochaines années.