Ribéry "n'a plus 23 ans"

Cinq mois et demi après son retour hautement médiatisé et la mise en scène qui l'avait accompagné, Franck Ribéry est (presque) redevenu un footballeur comme les autres. Lundi, à Clairefontaine, le milieu de terrain offensif du Bayern Munich est apparu plutôt serein, à des années-lumière de l'homme qui était venu s'expliquer en mars dernier, la voix chevrotante et les yeux embués, alors qu'il laissait ses habits de banni de Knysna derrière lui. Aujourd'hui, Ribéry se veut différent. Plus mûr, endurci par l'épreuve. Mais empreint d'une certaine mélancolie.

Les deux dernières années de la vie de Franck Ribéry (52 sélections) ont changé l'homme. Knysna, Zahia, van Gaal, les pépins physiques à répétition sont passés par là. "Ça m'a rendu encore plus fort mentalement, j'ai beaucoup mûri aussi. Dans le foot, ça va vite. On peut être tout en haut et se retrouver tout en bas. Mais durant cette période, j'ai toujours gardé l'envie, j'ai travaillé. Et je n'ai jamais baissé les bras, même si à des moments, ça a été difficile", a-t-il reconnu devant la presse.

Aujourd'hui, ce travail est peut-être en passe de payer. Franck Ribéry a réussi un bon début de saison avec le Bayern Munich, malgré une petite alerte physique qui n'a pas eu trop de conséquence. De quoi repartir dans le droit chemin et, surtout, redevenir le Ribéry qu'il fut. Et que Laurent Blanc rêve de revoir. "En tout cas, je viens pour ça", assure-t-il. Mais y croit-il vraiment ? Difficile à dire. "Je ne sais pas. Mais j'ai toujours envie d'être bon et de faire le maximum. D'être à 100%. J'aime le foot, c'est extraordinaire."

Une chose est sûre, les conditions actuelles sont plus propices que celles de l'après-2008. Sur le terrain, où Laurent Blanc l'a réinstallé à gauche, mais aussi en dehors du rectangle, où la vie d'un international est moins pesante. "A un moment donné, on venait en équipe de France pour avoir des problèmes. On se sentait mal à l'aise. Là, le groupe revit. L'atmosphère est meilleure. (...) Venir ici, c'était stressant", avoue-t-il. Aujourd'hui, "Francky" a laissé le stress derrière lui. Pour autant, Ribéry des années folles, celui des facéties à gogo, semble loin. "Je n'ai plus 23 ou 24 ans, même si je ne suis pas si vieux que ça... J'aime toujours rigoler et mettre de l'ambiance. On peut penser que je suis moins déconneur mais il y a des choses qui font évoluer dans la vie."

A 28 ans, l'ancien joueur de l'Olympique de Marseille n'en est certes pas encore à raconter ses exploits passés aux enfants. Mais Ribéry semble avoir découvert la nostalgie. Ce moment où le temps qui passe n'est plus un allié. Mais un ennemi insidieux qu'on essaie - au mieux - de ralentir. "J'ai failli gagner la Coupe du monde en 2006, c'était extraordinaire. J'ai envie de gagner avec l'équipe de France. J'aimerais gagner un Euro. Une Coupe du monde, je ne sais pas. Je vais prendre de l'âge...", lance-t-il sans rire. "Je suis heureux", se reprend-il quelques instants plus tard. C'est l'essentiel. Pour lui. Et pour les Bleus.