Silvestre revient de loin

C'était l'une des "surprises" dont Raymond Domenech a le secret. En rappelant Silvestre pour ce match amical face à l'Uruguay mercredi, le sélectionneur a effectivement renouvelé son art du contre-pied. Le joueur lui-même ne s'y attendait pas. "Je pensais que ça allait prendre plus de temps. C'est en ce sens une surprise. Parce qu'il y avait déjà un groupe en place et j'imaginais qu'en milieu de campagne (de qualifications à la Coupe du monde, ndlr) ce serait plus dur", a-t-il avoué mardi à Clairefontaine (près de Paris).

Et c'est peu dire que le défenseur des Bleus revient de loin. En septembre 2007, quelques semaines après avoir été appelé à la dernière minute pour jouer en A' face à la Slovaquie, la seule fois où il avait retrouvé les Bleus depuis la Coupe du monde 2006, il s'était grièvement blessé à un genou avec Manchester United. Absent des terrains durant près de 7 mois, il semblait, à 31 ans, destiné à regarder de loin l'équipe de France. Une nouvelle génération de défenseurs, plus jeune (Sagna, Evra, Clichy), avait a priori pris le dessus.

Mais Silvestre, passé cet été de Manchester United (où il a joué 9 saisons) à Arsenal -le premier transfert entre ces deux clubs depuis 1974-, n'avait pas abandonné l'idée de retrouver les Bleus. "Je n'ai jamais tiré un trait. Cela a toujours été une de mes motivations pour revenir à la compétition, après une année 2007 où j'ai galéré pendant 9 mois", a-t-il expliqué. Il y a un an, j'étais à Saint-Raphaël en train de guérir mon genou. J'ai beaucoup de chance d'être là".

Silvestre sait cependant bien que ce retour prématuré est autant d à son retour en forme qu'à la difficulté qu'éprouve Raymond Domenech à trouver sa défense, qui a surtout brillé par sa perméabilité depuis 2006 et a souvent été montrée du doigt pour ses carences. "Le fait qu'il n'y ait pas de défense en place depuis 6 mois, un an, c'est un peu pour cela que j'ai été appelé", a-t-il reconnu. Pour autant, son retour lui offre une belle opportunité de se réinstaller chez les Bleus. "Lorsque l'on vous donne une opportunité, il faut la saisir", a-t-il expliqué. Lui qui évolue à gauche à Arsenal ne sait pas vraiment où compte éventuellement le faire jouer Domenech. "L'axe a priori... (rires) Mais on ne sait jamais. Je n'ai pas encore parlé avec le sélectionneur", a-t-il dit. Silvestre a en effet déjà évolué dans l'axe avec les Bleus, un axe qui a du mal à trouver son équilibre.

Les difficultés du défenseur de l'AS Rome Philipe Mexès, désigné par Lilian Thuram comme son successeur naturel, mais qui avait raté son match face à l'Autriche, lors de la première journée des qualifications au Mondial-2010, ajoutées à l'absence de défenseur axial d'expérience plaident pour lui. Comme sa complémentarité avec William Gallas, avec qui il joue désormais à Arsenal. "Il revient, il rejoue à Arsenal, ça peut nous permettre de refaire la défense d'Arsenal, et au moins, là, personne ne nous critiquera", avait ironisé Raymond Domenech le jour de l'annonce de la liste. "Je ne sais pas à quoi m'attendre. Ca bouge beaucoup derrière", a admis Silvestre, qui devait débuter sur le banc. Mais cela pourrait bouger dans le bon sens pour lui.