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Julen Lopetegui n'est pas le sélectionneur rêvé mais c'est le successeur légitime de Del Bosque

François-Miguel Boudet

Publié 25/07/2016 à 17:00 GMT+2

EUROVISIONS - Il n'a pas le CV le plus séduisant, il sort d'une expérience terne à Porto, il n'est pas bankable. Et pourtant Julen Lopetegui est bien le nouveau sélectionneur de la Roja. Son passé avec la génération montante espagnole et ses bonnes relations avec le président de la Fédération ont primé. C'est donc lui qui sera chargé de redonner de la vigueur à une équipe en perte de vitesse.

Julen Lopetegui (FC Porto)

Crédit: AFP

Le mercato des entraîneurs a été prolifique comme jamais cette année en Liga. A un mois du début de la saison, l'attente a rarement été aussi forte tant les oppositions de style promettent d'être dantesques. Alors forcément, au regard ce cette lutte qui promet d'être épique, la nomination de Julen Lopetegui à la tête de la Roja est un peu décevante. Mais dans le contexte, le Basque est peut-être le choix le plus évident pour succéder à Vicente Del Bosque. Avec un jeu axé sur le mouvement et la possession, Lopetegui a permis à la génération 1990-1991 de soulever son premier trophée majeur, l'Euro U21, en 2013 (il a également remporté l'Euro U19 2012 avec le trio Jesé-Deulofeu-Alcacer).
Parmi les joueurs sous ses ordres avec la Rojita, onze d'entre eux sont ensuite devenus internationaux A : David De Gea, Marc Bartra, Nacho Fernandez, Iñigo Martinez, Alberto Moreno, Koke, Thiago Alcantara, Iker Muniain, Isco et Alvaro Morata. Chargé d'apporter du sang neuf et de renouveler la Roja, Lopetegui était le candidat naturel. Son demi-échec à Porto - aucun titre remporté mais un quart de Ligue des champions en 2015 - lui colle encore à la peau six mois après son licenciement. Mais entraîneur de club et sélectionneur sont deux métiers différents. En l'occurrence, Julen Lopetegui a le palmarès pour apparaître comme étant le successeur logique et légitime d' "El Marqués" .

Une première dans l'Histoire du football espagnol

Depuis l'élimination de l'Euro, un nom revenait principalement pour succéder à Vicente Del Bosque : Joaquin Caparros. Technicien réputé, il avait fait un peu de lobby dans les media locaux et refusé des offres d'équipes de Liga, convaincu que le poste lui était destiné. Il faut dire que l'Espagne choisit principalement des sélectionneurs avec une solide réputation d'entraîneur de club. Jusqu'à présent, seuls Luis Suarez (1980-1982 puis 1988-1991) et Iñaki Saez (1996-2002 puis 2002-2004) avaient eu en main la Rojita puis la Roja [par la suite Saez a même récupéré les U21 jusqu'en 2008, NDLR], mais ils s'étaient également forgés une solide expérience en club.
Julen Lopetegui a commencé sa carrière de coach en 2003 au Rayo Vallecano, tout juste relégué en 2e division. Ce fut de courte durée puisqu'il a été licencié après dix matches (2 victoires, 2 nuls et 6 défaites) et les Rayistas ont enchaîné avec une nouvelle relégation. Il a également effectué un passage à la tête du Real Madrid Castilla (2008-2009), saison achevée à la 6e place de Segunda B. Enfin, ces 18 mois mitigés à Porto (2014-2016). C'est maigre. C'est même la première fois que le CV du sélectionneur de la Seleccion absoluta est aussi léger, surtout en comparaison de ceux de Luis Aragonés et Vicente Del Bosque qui ont guidé la Roja vers les sommets du football mondial. A son crédit, ses statistiques de sélectionneur sont impressionnantes : invaincu avec les U21, une défaite avec les U20, deux avec les U19.
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Porto's Spanish coach Julen Lopetegui gestures from the sideline during the Portuguese League football match Sporting CP vs FC Porto at Alvalade stadium in Lisbon on January 2, 2016

Crédit: AFP

Le putsch du président de la fédération

Pep Guardiola (Manchester City), Luis Enrique (FC Barcelone), Unai Emery (PSG), Quique Sanchez Flores (Espanyol), Ernesto Valverde (Athletic Bilbao), Paco Jémez (Grenade), Marcelino (Villarreal), Quique Sétien (Las Palmas), Abelardo (Gijon), Juande Ramos (Malaga) : l'Espagne ne manque pas d'entraîneurs talentueux et ambitieux. Certains d'entre eux étaient susceptibles de devenir sélectionneur dès à présent. Mais le président de la fédération, Angel Maria Villar, a surtout longtemps espéré une nouvelle prolongation de Del Bosque. Sauf qu'après avoir cédé une première fois pour continuer jusqu'à l'Euro, le plus beau palmarès du football espagnol a dit basta, comme il l'avait annoncé à plusieurs reprises.
Les bonnes relations de Lopetegui avec Villar, candidat depuis peu à la présidence de l'UEFA, ont été primordiales. On peut même parler d'un putsch : Villar l'a littéralement imposé alors que les fédérations régionales et quelques cadres du vestiaire, le capitaine Sergio Ramos en tête, voulaient Caparros. Difficile d'aller à l'encontre d'un homme puissant en place depuis 28 ans... Sur le point de signer à Wolverhampton (!), le Basque a immédiatement quitté la froidure du Nord de l'Angleterre pour rallier Las Rozas, le Clairefontaine ibérique. Bref, c'est une nomination réalisée dans la précipitation, quelque part entre l'amateurisme et l'autoritarisme. Mais cela ne signifie pas pour autant que Lopetegui n'est pas la bonne personne pour le poste.

Fils de Cruijff, frère de Guardiola

Si on osait une analogie avec la France, on pourrait dire que la fédération espagnole a des Didier Deschamps à profusion... mais qu'elle a préféré prendre Raymond Domenech. Bon, c'est volontairement exagéré car il existe deux différences notoires : Julen Lopetegui a gagné des trophées dans les catégories inférieures et le style qu'il prône est le même que celui d'Aragonés et Del Bosque. Une évolution plus qu'une révolution donc, pour reprendre les propres mots du nouvel élu. Ancien du Real Madrid et du Barça (profil parfait pour ménager les susceptibilités d'un groupe divisé), Lopetegui a côtoyé de près la Quinta del Buitre et le football total de Johan Cruijff.
C'est lors de son passage en Catalogne qu'il a découvert sa vocation d'entraîneur, au côté d'un certain Pep Guardiola. Ce qui lui assure d'ores et déjà le soutien de Piqué, Busquets et surtout d'Iniesta dont on ne sait pas encore s'il poursuivra sa carrière internationale. Réputé pour sa modestie, le Basque sait le jeu qu'il veut mettre en place et il connaît la nouvelle génération montante. Sa discrétion médiatique entre l'élimination de la Roja contre l'Italie et sa nomination lui a été bénéfique. Tout à la fois choix de la maison et choix de la raison : et si Lopetegui était en fait le meilleur successeur possible de Vicente del Bosque ?
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Pep Guardiola & Julen Lopetegui

Crédit: Other Agency

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