L'UEFA en tremble

La Fédération internationale de football (Fifa) estime qu'au printemps 2008, le FC Sion "a incité le gardien de but Essam El-Hadary à rompre son contrat avec Al Ahly (Egypte)". Conséquence : par décision du 16 avril 2009, elle a interdit au club suisse de recruter pendant deux périodes de transfert consécutives. Après une première série de recours de Sion rejetés, cette décision devient "ferme et définitive" à partir de janvier 2011. Sion était donc interdit de recrutement lors des mercatos hivernal et estival 2011. Pourtant, le 5 juillet 2011, Sion demande à la Ligue de football suisse (SFL) d’enregistrer six recrues, entamant un nouveau bras de fer devant plusieurs juridictions, sportive et civile (cour cantonale ou fédérale suisse). Fraîchement arrivé de Monaco, Pascal Feindouno nous confie alors son désarroi. "Ça m'emmerde, lâche l'attaquant guinéen. Si je ne joue pas, ça veut dire que je suis libre. Dans ce cas-là, je partirai."

En multipliant les procédures, le bouillant et médiatique président de Sion, Christian Constantin, trouve une faille. Ses recrues estivales profitent d'une possibilité de jouer accordée "à titre superprovisoire" par un tribunal cantonal suisse. Les joueurs incriminés évoluent alors, entre autre, en Europa League, compétition sous l'égide de l'UEFA. Le FC Sion élimine alors le Celtic Glasgow en barrages de l'Europa League. Le Celtic proteste. Au lendemain des barrages, M. Platini lance devant la presse: "Ce qui se passe là n'est pas correct, Sion n'a pas respecté l'interdiction de recruter, ils vont au devant des problèmes." Le Celtic, qui avait déposé une réserve pour non-éligibilité de joueurs devant l'UEFA, est alors repêché en septembre. Glasgow intègre le groupe I (avec Rennes, l'Atletico Madrid et Udinese). Sion, exclu, multiplie encore les recours. Mais la compétition commence sans lui.,

L'UEFA est basée à Nyon, commune qui dépend du canton de Vaud et donc de sa justice cantonale. Or, le tribunal cantonal vaudois a été saisi par Sion. L'UEFA ne s'est pas pliée aux mesures provisoires ou superprovisoires de la justice civile suisse, attendant une décision finale, notamment du Tribunal arbitral du sport (TAS)... juridiction que ne veut plus saisir Sion ! Dans la mécanique judiciaire civile suisse, le président de l'UEFA, Michel Platini, et le secrétaire général de l'instance, Gianni Infantino, sont désormais tenus de répondre en personne (à partir de 9h00 mercredi matin) aux questions de la justice cantonale suisse, à Renens. Que va dire le président de l'UEFA ? "Il n'y a pas de charge retenue contre lui, c'est juste une demande d'information, M. Platini va expliquer comment est organisée cette compétition et l'importance du respect de la règle sportive", a indiqué mardi, à l'AFP, une source proche du dossier.

Si le FC Sion obtient gain de cause, les conséquences à long terme pourraient être dévastatrices pour le monde du football. "C'est le chaos ! Si tout le monde consultait les tribunaux locaux, aucune compétition internationale ne pourrait avoir lieu", a déclaré récemment sans détour Marco Villiger, directeur des services juridiques de la Fifa sur le site internet de la Fédération internationale. A brève échéance, une réintégration du FC Sion serait un casse-tête pour l'UEFA. L'instance européenne a déjà pris les devants en organisant une réunion d'information sur le sujet. Réunion à laquelle des représentants de Rennes, de l'Udinese, de l'Atletico Madrid et du Celtic Glasgow sont conviés.