La question qui fâche : et si ce Barça n'était pas si fantastique ?

Souvenez-vous, il y a encore quelques semaines. Le FC Barcelone était promis à une nouvelle saison grandiose. A l'époque, la grande question était de savoir ce qui pouvait empêcher le Barça de tout rafler sur son passage, aussi bien en Espagne qu'en Europe. Encore une fois. Et là, patatras. En quelques semaines, les Barcelonais sont redevenus humains. La MSN, le fameux trio Messi-Suarez-Neymar, n'affole plus les compteurs. Et les Blaugrana montrent leurs limites match après match.

L'idée n'est pas de s'arrêter juste aux résultats. Bien sûr, le Barça a perdu pour la troisième fois de rang en Liga, n'a gagné qu'un seul de ses six derniers matches officiels et s'est fait sortir dès les quarts de finale de la Ligue des champions. Mais cette période illustre aussi les failles catalanes. Oui, cette formation a bien des lacunes. On ne les voyait pas vraiment il y a quelques semaines ou cela ne servait à rien de les souligner, les performances notamment de la MSN permettant de tout gommer. Elles sautent aujourd'hui aux yeux. Plus que les joueurs dont les défaillances individuelles tombent au mauvais moment (Messi est moins affûté, Suarez est moins réaliste et Neymar tombe dans l'excès d'individualisme), c'est le management qui est à pointer du doigt.

En attaque et au milieu, les Barcelonais manquent de jus actuellement, de ce petit plus qui permet de faire les différences sur un coup de rein, de changer de rythme sur une accélération, de faire le bon geste dans les derniers mètres. Luis Enrique, l'entraîneur catalan, paye certes les voyages de ses internationaux sud-américains pour rejoindre leur sélection. Mais ce n'est pas la seule raison et ce n'est pas forcément une excuse. Il n'est pas le seul dans ce cas. Ses stars ont aussi et surtout énormément joué durant cet exercice avec le Barça et sont moins fringants. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Or, c'est normalement à ce moment de la saison que les formations connaissent leur pic de forme.

On ne demande pas à une équipe comme Barcelone de briller en octobre. Mais bien de faire la différence durant ces derniers mois de la saison quand l'oxygène se raréfie avec les sommets européens qui s'enchaînent. Contrairement à la saison dernière et aux deux formations madrilènes actuellement, les Blaugrana manquent eux de souffle. De souffle et de solutions. La faible profondeur de l'effectif barcelonais est flagrante. Derrière la MSN, les solutions n'existent pas. En défense, la donne est identique. Dimanche lors de la défaite contre Valence (1-2), Luis Enrique n'a ainsi pas effectué un seul changement… Ça en dit long sur la confiance qu'il accorde à son banc.

Le FC Barcelone paye sûrement son interdiction de recrutement, qui a pris fin en début d'année. Mais aussi ses mauvais choix comme son immobilisme cet hiver, alors qu'Arda Turan et Aleix Vidal ne sont pas à la hauteur des attentes. En janvier, Luis Enrique rêvait de Nolito (Celta). Il ne l'a pas eu. Et doit le regretter amèrement aujourd'hui. La direction barcelonaise n'est cependant pas la seule responsable. L'entraîneur blaugrana (par excès de confiance ?) n'a pas vu le besoin d'étoffer son groupe ou n'a pas su le faire comprendre à ses dirigeants. Or aujourd'hui, il s'essouffle.

Cela démontre l'exigence du football moderne. Invincible pendant 39 rencontres toutes compétitions confondues jusqu’à sa défaite lors du Clasico (1-2) début avril, le FC Barcelone a su être fantastique pendant des mois. Mais pour cela, il faut que ses joueurs cadres soient au top ou parviennent à le rester. Quand c'est moins le cas, il redevient vulnérable. A tel point que la formation barcelonaise a dilapidé une grande partie de ce qu’il avait engrangé pendant de nombreux mois. Et après avoir vu l'Atlético Madrid et le Real revenir dans son sillage en Liga, il pourrait bien tout perdre à ce rythme.