Nice ne digère pas

Perdre à Gerland n'a rien d'infamant. Cela arrive à la grande majorité des équipes de Ligue 1 chaque saison. La plupart du temps, il n'y a rien à redire. Parfois, c'est rageant. Mais cela peut également être injuste. Battus 3-2 après avoir mené 2-0, les Niçois se rangent volontiers dans la troisième catégorie. Reparti sans le moindre point alors qu'il pouvait en récolter trois, voire un au minimum, le Gym se sent lésé par le scénario du match de samedi. La faute à trois hommes : monsieur Cailleux et ses deux assesseurs, qui, selon les Aiglons et particulièrement Maurice Cohen, ont été "catastrophiques". L'objet du délit ? Les trois buts lyonnais.

Acteur de la rencontre, David Hellebuyck a décrit, sur le site de l'OGCN, les mésaventures azuréennes. "Nous nous sommes fait voler sur les trois buts, s'est-il emporté. Sur le premier, Juninho se jette comme il sait si bien le faire pour avoir son coup franc. Sur le deuxième, l'arbitre de touche lève le drapeau et le rebaisse au dernier moment, Lionel est gêné en plus par Piquionne, et sur le troisième, il n'y a jamais main. C'est abusé de siffler un penalty là-dessus et donc de perdre le match. Il est temps que des choses changent au niveau de l'arbitrage." L'ancien Parisien est en colère. Mais difficile de lui donner tort tant les trois réalisations lyonnaises prêtent à caution.

Mis en cause, Jean-Charles Cailleux est sorti de son silence dimanche, estimant sur RTL qu'il avait eu tort de siffler penalty en toute fin de match. "L'arbitre assistant dans son âme et conscience estime que la main est volontaire, et comme il est mieux placé que moi, je le suis dans sa décision et par conséquent j'accorde le penalty. (...) Quand on voit les images, il y a bel et bien un contact de la main, certes, mais involontaire, par conséquent nous n'aurions pas dû siffler cette faute et le penalty ne s'imposait pas." En ce qui concerne les deux autres buts, l'homme en noir a justifié ses décisions.

Pas certain que Maurice Cohen soit exactement sur la même longueur d'onde que monsieur Cailleux. Samedi en tout cas, il ne l'était pas et parlait déjà de ne pas laisser l'affaire en l'état. "Le football professionnel a fait énormément d'efforts pour aider l'arbitrage ces dernières années. Ce n'est pas pour voir une parodie comme celle-là. Perdre à Lyon, ce n'est pas grave. Mais de cette façon, c'est inacceptable. Nous allons étudier tous les recours, devant les tribunaux civils s'il le faut. On ne peut pas se laisser faire sans rien dire."

Espérons que les Niçois n'auront pas à aller jusque-là. Outrepasser les juridictions sportives n'est pas la bonne solution et a souvent un intérêt tout relatif. Surtout dans un tel cas. Un cas loin d'être isolé puisque ce week-end Marseille, du côté de Bordeaux, et Saint-Etienne, à Caen, ont eu quelques désagréments avec les hommes en noir. Preuve que cela ne touche pas que les "petits". Le problème de l'arbitrage est très profond et, malheureusement, structurel. Nice n'est pas le premier lésé. Il ne sera pas le dernier.

Resté étonnement silencieux samedi soir, Frédéric Antonetti est sorti de sa réserve dimanche. Et a tenté, à froid, de faire avancer le débat. Même s'il se veut fataliste. "Je ne crois plus en grand-chose. Les arbitres doivent être aidés par la vidéo. J'y suis favorable, vous le savez. On y arrivera un jour ou l'autre. Après tout, pendant très longtemps, le foot n'autorisait que onze joueurs sur la feuille de match, sans possibilité de remplacement. Cela a fini par changer..." Il n'est pas interdit de rêver.