Kombouaré, "pas normal"

Rarement le limogeage d'un entraîneur aura suscité autant de réactions. Celui d'Antoine Kombouaré, lui, a secoué le monde du football. Et même au-delà. Après l'annonce de son éviction, jeudi, les témoignages se sont multipliés, la plupart décontenancés. Parmi eux, on retrouve de nombreux anciens du PSG. "Ce n'est pas logique, estime ainsi Luis Fernandez, licencié en 2003. Peut-être qu'à la tête du PSG, on a envie de passer un cap supérieur, en faisant venir David Beckham et un entraîneur de renom. Ce n'était peut-être pas le cas d'Antoine". Ancien joueur du PSG, Vincent Guérin a également exprimé sur LCI son "incompréhension" face à "une décision insensée". Comme lui, Daniel Bravo s'interroge d'ailleurs sur le "timing discutable" de cette décision. "S'il ne voulait vraiment pas d'Antoine Kombouaré, Leonardo aurait pu convaincre les Qatariens dés le début de saison, dénonce-t-il sur Infosport+. Le foot, ce n'est pas une formule 1. Les entraîneurs sont des êtres humains. La gestion des hommes, c'est quelque chose de fragile".

Laurent Fournier, démis en décembre 2005 alors que son équipe était 6e à un point de la 2e place, est bien placé pour évoquer cette situation. Et lui aussi se dit écoeuré. "Je trouve que c'est pas logique, parce que quand l'équipe a 40 points et qu'elle est championne d'automne, c'est une équipe en restructuration…, s'étonne l'actuel entraîneur d'Auxerre. Je pense que Antoine a fait un boulot exceptionnel depuis deux ans et c'est dégoutant, ce n'est pas normal, son travail n'est pas récompensé, tout ce qu'il a fait depuis le début… On voyait que ça se passait bien avec les joueurs". "Très déçu" pour Kombouaré, Francis Graille, président entre 2003 et 2005, met également en avant le fait que "Leonardo se met une énorme pression, c'est très risqué de casser la machine comme ça. Paris vient d'être sacré champion d'automne, les joueurs adhéraient au projet, étaient derrière leur coach... On a l'impression que les dirigeants ont attendu que quelqu'un dise 'oui', la gestion du dossier paraît légère. Ils auraient pu le faire à un autre moment".

Certains se montrent plus pragmatiques. Comme Charles Villeneuve, président entre mai 2008 et février 2009. "C'était attendu depuis le début quand les actionnaires qataris ont repris le club, a-t-il réagi. Ils ont une stratégie de faire du PSG l'un des dix clubs les plus huppés d'Europe d'ici trois ou quatre ans. Comme ils ont des moyens exorbitants, ils veulent faire venir un entraîneur de renom capable d'attirer de grands joueurs au PSG. C'est une culture très différente de la nôtre. On n'en a pas encore pris l'habitude en France. Ce sont des méthodes brutales qui existent dans tous les championnats européens". Grégory Coupet a lui aussi rompu avec le discours convenu en affirmant qu'"on ne peut pas parler d’injustice". "Ce n’est pas une question de compétence mais d’image, a lâché l'ancien gardien du PSG sur RMC. Le PSG est parti dans une autre dimension.. Savoir qui entraînera fait peut-être partie des revendications de David Beckham ou d’autres grands joueurs. Antoine Kombouaré parle moins que Carlo Ancelotti à ces joueurs-là. Cela me paraît logique. C’est une question de notoriété. Antoine a accompli sa mission de fort belle manière. Il part par la grande porte."

Pourtant, au-delà même du cercle des anciens du PSG, c'est bien la stupeur qui prédomine, notamment dans le milieu des entraineurs. Par la voix de Joël Muller, leur syndicat s'est ainsi "indign(é) du sort réservé à l'un des leurs, mis sous pression depuis plusieurs mois par la nouvelle direction du club et qui avait néanmoins réussi par son travail à faire du PSG le champion d'automne". "Que lui reproche-t-on ?, s'interroge encore l'UNECATEF. De ne pas être assez glamour, pas assez people, pas assez performant?". Entraîneur à Valenciennes, Daniel Sanchez s'est lui aussi ému de la situation de son confrère. "Si on remercie le coach qui est premier, on peut s'attendre à tout, ironise-t-il. C'est un manque de respect par rapport à son travail depuis le début de saison. Là, le coach qui va venir va être obligé de réussir. Qu'est-ce qu'il va pouvoir faire de mieux ?". Kombouaré a même reçu des soutiens plus inattendus, comme celui de José Anigo, qui juge que "cela va faire du bruit dans le monde du football", ou encore de Bernard Tapie. "C'est un risque énorme, incommensurable, analyse celui qui s'était séparé de Gérard Gili en 1990 alors que l'OM trônait en tête du championnat. Bonjour s'ils se sont trompés parce que dans les gradins, ça va gueuler".

Et ça "gueule" déjà. Pas dans les tribunes mais sur les réseaux sociaux. La mise à l'écart d'Antoine Kombouaré a rapidement enflammé Twitter. Avec un sens de l'humour souvent décapant. A commencer par le compte parodique du principal concerné qui "remercie (son) ami Leonardo de s'être dépêché afin de ne pas me virer le jour de Noël" et demande des conseils à Peguy Luyindula en matière de licenciement. "Champion d'automne pour la première fois depuis 15 ans. Il fallait faire quelque chose : ils ont viré l'entraîneur", ironise aussi jpmu. La toile se demande d'ailleurs ce qu'aurait pu faire Kombouaré pour sauver sa place. "Il fallait être 0.5ème", propose pour sa part Robin Laub. De son côté, Philippe Vernaux décrypte la méthode des nouveaux propriétaires du PSG : "Kombouaré n'est pas dans le Who's who. Beckham y est, Tevez aussi, et Leonardo, et Ancelotti et... Cherchez la méthode du Qatar-PSG". L'arrivée annoncée de l'entraîneur italien ne manque pas de susciter des premières réactions. "Ancelotti va devoir finir champion de ligue 1, de handball et de Pro A s'il veut être maintenu", le met ainsi en garde l'humoriste Dedodante. D'autres croient savoir que "les investisseurs qataris prévoient de dissoudre l'équipe (...) si le PSG gagne le championnat".  Une chose est sûre, le cas Kombouaré n'a pas fini de faire couler de l'encre...