Pastore, version 9 et demi

Dimanche dernier, le PSG a terminé sa rencontre face à Nancy (0-1) dans une configuration inédite. Après les entrées de Mevlüt Erding et Jean-Christophe Bahebeck, Paris a fini le match dans un 4-4-2 avec Javier Pastore dans un rôle de meneur, en soutien du Turc et de Kevin Gameiro. Cela n'a pas empêché l'équipe d'Antoine Kombouaré de s'incliner face aux Lorrains. Mais ce changement de tactique, destiné à jeter toutes les forces offensives parisiennes dans la bataille, pourrait donner des idées à l'entraîneur du PSG pour la suite.

Jusqu'ici, le Kanak n'est jamais allé contre sa propre volonté de conserver coûte que coûte le même schéma tactique. Dire qu'il est passé de son traditionnel 4-4-2 à un 4-2-3-1 depuis que Pastore a débuté en équipe première à la mi-août à Differdange (0-4) ressemble à un leurre. Sur le terrain, "El Flaco" joue comme un deuxième attaquant, en soutien de Gameiro. Il a montré des qualités de finisseur, notamment face à Brest (1-0), Montpellier (0-3) ou Lyon (2-0) et prouvé qu'il était capable de faire des différences énormes quand sa zone de jeu se situe dans les 30 derniers mètres adverses. Avec l'Argentin dans ce rôle là, Paris n'évolue pas dans une configuration bien différente de celle de la saison passée, quand Guillaume Hoarau ou Mathieu Bodmer jouait en soutien de Mevlüt Erding. Ce qui a changé, c'est le profil du joueur aligné aux côtés de la pointe parisienne.

Dans ce schéma tactique, Pastore ne peut pas prendre un autre poste que celui de deuxième attaquant. L'aligner au milieu, dans l'axe ou sur un côté, réduirait considérablement son influence sur les mouvements offensifs du PSG. Cela l'obligerait à concentrer une grande partie de son énergie aux tâches défensives, et cela l'éloignerait de la zone axiale dans les trente derniers mètres adverses, celle où le jeune milieu offensif de 22 ans est réellement décisif. Kombouaré mise clairement sur la faculté de son joueur à faire la différence à l'approche du but adverse, sur la foi de sa qualité individuelle. Ce n'est pas illogique pour un entraîneur condamné à obtenir des résultats avec un effectif remanié, et donc un collectif qui manque encore de consistance. Mais c'est contraignant.

Pour sortir l'Argentin de l'équipe tout en conservant son dispositif habituel, Kombouaré ne possède que trois solutions. Guillaume Hoarau, encore indisponible après avoir été blessé à une épaule en début de saison. Mathieu Bodmer, que l'entraîneur parisien a dû aligner dans l'entrejeu depuis le coup d'envoi du championnat pour faire face aux diverses défections des milieux de terrain de son effectif. Et Mevlüt Erding. Paris avait bloqué le transfert du Turc à Rennes en fin de mercato en clamant qu'il comptait sur son attaquant, mais celui-ci doit se contenter d'un temps de jeu très réduit. Et quand il est aligné d'entrée, c'est exclusivement à la place de Gameiro. Ce qui indique que Kombouaré ne compte pas sur l'ancien Sochalien autant qu'il veut bien le dire, ou qu'il ne croit pas en une association Gameiro-Erding.

L'entraineur parisien a d'autres possibilités, notamment celle de faire jouer Pastore à un poste de meneur de jeu derrière deux attaquants. Cette position que l'Argentin a occupée durant les dix dernières minutes du match face à Nancy, et qu'il affectionne particulièrement. "J'aime bien évoluer dans l'axe derrière deux attaquants, mais je peux aussi tourner autour d'une pointe", avait-il annoncé au moment de son arrivée dans la capitale. C'est dans cette configuration qu'il s'était révélé à Palerme, obtenant notamment le titre de meilleur jeune joueur de la Serie A en 2010. Avec son stratège dans un rôle plus axé sur l'organisation que sur la finition, le collectif parisien aurait peut-être plus de consistance en attaque. Cela obligerait Kombouaré à repenser son immuable milieu de terrain à deux récupérateurs et deux ailiers. Mais l'expérience vaut peut-être le coup d'être tentée sur une période de plus de dix minutes.